IPTV illégal : après les pirates, la justice condamne maintenant les clients… jusqu'à la prison !
Suites aux plaintes des ayants droit, la justice mène une lutte sans merci contre les fournisseurs d'IPTV pirate. Mais elles s'attaque aussi désormais aux clients de ces services illégaux de streaming.
Depuis quelques années, l'IPTV (Internet Protocol Television) est devenue une solution prisée par de nombreux utilisateurs souhaitant accéder à une large gamme de contenus télévisuels via Internet. Cette technologie permet de regarder des films, des séries et toutes sortes de vidéos via une connexion Internet, sans passer par les réseaux hertziens (TNT), le câble ou le satellite.
En soi, cette technologie est tout à fait légale. Elle est d'ailleurs utilisée depuis des années par les fournisseurs d'accès à Internet pour proposer des services de télévision, de replay et de vidéo à la demande à leurs abonnés, mais aussi par toutes les plateformes de streaming comme Netflix, Disney+, Molotov et Amazon Prime Video.
Mais, à côté des services parfaitement légaux, l'IPTV est utilisée pour diffuser des contenus sans autorisation des ayants droit. Souvent vendue à un prix attractif, elle offre une alternative beaucoup moins chère que les abonnements légaux en permettant d'accéder à des milliers de chaînes de télévision, de films, de séries et de retransmissions sportives sans payer les licences correspondantes. Il est possible de profiter de véritables bouquets avec de nombreuses chaînes payantes (Canal+, RMC Sport, beIN Sport, DAZN, etc.) en haute qualité pour moins de 100 euros par an !
Et c'est précisément ce qui séduit de nombreux téléspectateurs, et en particulier des amateurs de sport, qui ne veulent pas payer des fortunes pour regarder des matchs. D'ailleurs, le nombre d'utilisateurs d'IPTV en France a récemment augmenté de manière significative, notamment à cause de la formule d'abonnement initialement proposée à 40 euros par mois par DAZN pour visionner tous les matchs de Ligue 1.
Cependant, derrière cette technologie se cache une réalité juridique complexe qui peut entraîner de lourdes conséquences pour les utilisateurs. Depuis un peu plus d'un an maintenant, les autorités du monde entier mènent une guerre sévère contre les fournisseurs d'IPTV illégales. Par exemple, cette année, le gérant du célèbre Flawless TV a été condamné à 11 ans de prison au Royaume-Uni. En Grèce, un tribunal a condamné un revendeur d'IPTV à 8 ans de prison et 17 000 euros d'amende, tandis qu'une opération européenne baptisée Taken Down a permis de démanteler un réseau mondial d'IPTV comptant 22 millions d'usagers. Bref, la lutte s'intensifie.
Mais depuis peu de temps, la justice commence à s'intéresser également aux clients. Il y a quelques mois, un Britannique a ainsi été condamné à plusieurs amendes, dont le montant total s'élève à environ 8 900 euros, pour avoir retransmis illégalement des matchs de football dans son bar. Mais cela peut aller jusqu'à des peines de prison !
La Cour d'appel d'Athènes a condamné un utilisateur d'une offre de streaming illégale à cinq mois de prison, un jugement, qualifié d'"historique" par plusieurs médias locaux. C'est la première fois qu'un usager d'IPTV pirate est condamné à de la prison ferme sur le continent européen. Les juges justifient ce verdict par les conséquences économiques et sociales du piratage.
En France, l'utilisation de tels services est théoriquement passible de trois ans de prison et d'une amende pouvant atteindre 300 000 euros pour "recel de contrefaçon". Cependant, aucune poursuite de grande ampleur n'a encore été lancée contre les abonnés. Mais ces initiatives européennes pourraient changer la donne, car la Grèce n'est pas seule. En Italie, la police a annoncé la mise en place d'un système d'amendes automatiques pour dissuader les abonnés IPTV, avec des sanctions allant de 150 à 5 000 euros. Il y a donc fort à parier que la justice française suive cette tendance là...