IPTV pirate : voici ce que vous que risquez en utilisant des services illégaux

IPTV pirate : voici ce que vous que risquez en utilisant des services illégaux

L'IPTV connaît un succès grandissant depuis un moment, notamment auprès des amateurs de sport. Mais attention, vous risquez gros en utilisant des services pirates qui diffusent des illégalement des contenus protégés !

Depuis quelques années, l'IPTV (Internet Protocol Television) est devenue une solution prisée par de nombreux utilisateurs souhaitant accéder à une large gamme de contenus télévisuels via Internet. Cependant, derrière cette technologie se cache une réalité juridique complexe qui peut entraîner de lourdes conséquences pour les utilisateurs. Alors que l'Arcom intensifie ses actions de blocage contre les plateformes illégales de diffusion de contenu, il est essentiel de comprendre ce qu'est l'IPTV, les risques encourus et les sanctions potentielles pour les utilisateurs de services illégaux.

IPTV : une technologie parfaitement légale

Avant d'en venir à son utilisation illégale et aux dangers et sanctions qui en découlent, il convient de rappeler quelques points importants sur cette technologie.

Comme son nom complet l'indique l'IPTV (pour Internet Protocol Television) désigne une technologie de diffusion de contenus audiovisuels via Internet. C'est cette technique de streaming (flux continu) qui permet de regarder des films, des séries et toutes sortes de vidéos via une connexion Internet, sans passer par les réseaux hertziens (TNT), le câble ou le satellite. En soi, cette technologie est tout à fait légale. Elle est d'ailleurs utilisée depuis des années par les fournisseurs d'accès à Internet (les FAI comme SFR, Free, Orange ou Bouygues Telecom) pour proposer des services de télévision, de replay et de vidéo à la demande à leurs abonnés à travers leurs box, mais aussi par toutes les plateformes de streaming comme Netflix, Disney+, Molotov, et Amazon Prime Video.

On peut profiter de l'IPTV de diverses manières, à condition évidemment d'être connecté à Internet, avec ou sans fil : avec un navigateur Web ou une application dédiée sur ordinateur ou sur mobile (tablette ou smartphone), avec un décodeur ou un lecteur multimédia associé à une box Internet (box Android TV, boîtier Apple TV, clé Google Chromecast, stick Fire TV, etc.) ou même directement sur un téléviseur connecté (smart TV). 

Certains services IPTV sont gratuits (Pluto TV, Rakuten TV, FranceTV, Arte, TF1+, M6+, etc.), d'autres inclus dans les offres des box Internet et des forfaits mobile (Oqee chez Free, par exemple), et d'autres payants via des abonnements (Netflix, Disney+, Canal+, etc.). Et ce sont évidemment ces derniers qui posent problème, en générant un véritable marché parallèle exploité par de nombreux services pirates.

© CCM

IPTV pirate : une offre pléthorique avec des prix imbattables

En effet, à côté des services parfaitement légaux, l'IPTV est utilisée pour diffuser des contenus sans autorisation des ayants droit. Les IPTV illégales permettent en effet d'accéder à des milliers de chaînes de télévision, de films, de séries et de retransmissions sportives sans payer les licences correspondantes. Ces services sont souvent vendus à des prix attractifs, souvent de quelques euros par mois, offrant ainsi une alternative beaucoup moins chère que les abonnements légaux. Et c'est précisément ce qui séduit de nombreux téléspectateurs, et en particulier des amateurs de sport (surtout de foot !) qui ne veulent pas payer des fortunes pour regarder des matchs. Songez que l'on peut profiter de véritables bouquets avec de nombreuses chaînes payantes (Canal+, RMC Sport, Bein Sport, DAZN, etc.), en haute qualité (Full HD et même 4K) pour moins de 100 euros par an !

Et l'offre illégale est pléthorique ! Une simple recherche dans Google permet de trouver des dizaines de services pirates comme PremierIptv, Abopremium, BestIPTVStable, Avis IPTV , TVsmarters, IPTV Pro Infinity,  Majestic IPTV, VikingIPTV, M-IPTV ou encore TV Supreme qui propose des abonnements à toutes sortes de contenus à des tarifs imbattables, à partir de 5 euros par mois ou de 40 euros pour un an. Le tout très facilement accessible, en français, avec des sites pimpants d'allure professionnelle et des promotions régulières, une assistance 24/7 et des paiements par carte bancaire ou par PayPal. Tout est tellement "propre" et "public", que des non initiés peuvent y souscrire sans réaliser qu'il s'agit d'offres parfaitement illégales. D'autant que l'on trouve sur de grandes boutiques en ligne comme Amazon, Cdiscount ou AliExpress, des boîtiers estampillés IPTV pour quelques dizaines d'euros…

IPTV pirate : l'Arcom en guerre contre les services illégaux

D'ailleurs, le nombre d'utilisateurs d'IPTV en France a récemment augmenté de manière significative, notamment à cause de la formule d'abonnement à 40 euros par mois proposée par DAZN pour visionner tous les matchs de Ligue 1 (Championnat de football de France). Certains passionnés de sport, qui ont estimé que le montant de l'abonnement était trop cher, ont en effet préféré acheter une IPTV illégale pour visionner les matchs. Selon un sondage réalisé par Odoxa, 65 % des Français interrogés ont indiqué que le prix de l'abonnement DAZN les a incités à se tourner vers l'IPTV ou le streaming. Dans un article récemment paru dans Le Parisien, on apprend également que près de 800 000 fans auraient suivi la rencontre Le Havre-PSG, diffusée le 16 août dernier sur DAZN, sur l'IPTV. Un record pour un match de championnat.

On s'en doute, cette nouvelle mode n'a pas échappé aux autorités et aux ayants droit qui sont partis en guerre contre les service IPTV pirates. Ainsi, le week-end dernier, l'Arcom, l'autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, a frappé fort en ordonnant la fermeture d'une centaine de sites illégaux qui diffusaient des matchs de Ligue 1 sans autorisation. Depuis le début de la saison de football 2024-2025, ce sont déjà 174 noms de domaine qui ont été bloqués par l'Arcom. Cette action s'inscrit dans une stratégie plus large visant à lutter contre le piratage des contenus sportifs, un phénomène en pleine expansion avec l'arrivée de nouveaux diffuseurs comme DAZN, dont les abonnements sont jugés onéreux par une partie des fans de football.

Les mesures de l'Arcom sont loin d'être anecdotiques. Vendredi 30 août 2024, à quelques minutes du coup d'envoi du match Lyon-Strasbourg, de nombreux utilisateurs de services IPTV pirates ont constaté que leur accès était subitement interrompu. Ce blocage a suscité la panique chez ces utilisateurs, qui avaient opté pour des abonnements illégaux afin d'éviter de payer les quelque 40 euros mensuels demandés par DAZN pour regarder  les matchs de Ligue 1 

IPTV illégale : des sanctions judiciaires et des arnaques

Aussi pratiques et attractifs qu'ils soient,  tous ces services illégaux exposent leurs utilisateurs à de nombreux risques et à des sanctions assez lourdes.

Tout d'abord, il est important de préciser que la législation française est en mesure de sanctionner les fournisseurs, mais aussi les clients. Comme le rappelle l'ALPA (Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle), les utilisateurs peuvent être accusés de complicité de violation de droits d'auteur. En ce sens, ils encourent les mêmes sanctions que les fournisseurs, soit une peine allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement ainsi qu'une amende de 300 000 euros. L'article L335-2 du Code de la propriété intellectuelle prévoit même jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 500 000 euros si le délit est commis en bande organisée. Malgré tout, la justice préfère concentrer ses recherches sur le blocage des sites et le démantèlement de réseaux de vente des fournisseurs.

Au cours des dernières années, plusieurs descentes de police ont eu lieu en Europe, notamment en Espagne et en Italie, permettant de démanteler des réseaux utilisés par 500 000 et 900 000 clients chacun. Les forces de l'ordre avaient ainsi découvert pas moins d'une trentaine de serveurs hébergés un peu partout en Europe, dont en France. De leur côté, les usagers d'une IPTV, qui représentent environ 5 % de la population française, sont très rarement sanctionnés. Les autorités misent donc sur des campagnes de prévention afin de sensibiliser le public.

Il existe malheureusement d'autres risques qui pourraient dissuader les téléspectateurs d'avoir recours à une IPTV pirate. Certains fournisseurs vont encore plus loin dans l'illégalité et revendent les données personnelles de leurs clients. En souscrivant à une offre IPTV, les clients fournissent en effet plusieurs informations sensibles telles que leur identité, leur adresse, mais aussi leurs données bancaires. Car, oui, l'IPTV fonctionne bien souvent avec des formules d'abonnement, et donc des paiements réguliers par prélèvements bancaires. Les fournisseurs pirates peuvent donc récolter ces données afin de les utiliser de manière illégale ou les revendre à d'autres personnes malveillantes.

Les clients s'exposent donc à des risques importants puisque les fournisseurs pirates ou des individus malveillants ayant acheté ces informations peuvent s'en servir pour de l'usurpation d'identité, des tentatives de phishing ou tout simplement du vol. "Les données personnelles se revendent sur internet (dark web, NDLR), mais surtout, avec les données bancaires, recoupées avec d'autres données personnelles piratées (copie carte d'identité, justificatif de domicile, relevés de comptes…), des gens peuvent avoir des crédits en ligne souscrits à leur nom", a expliqué Jérémy Oustric, avocat au barreau de Montpellier, à Actu.fr.

Aussi, si vous êtes tenté par les offres mirobolantes des services d'IPTV pirates, réfléchissez bien aux conséquences avant de souscrire un abonnement : même à un tarif très attractif, il pourrait vous coûter très cher !