Euria, le ChatGPT suisse d'Infomaniak qui n'exploite pas vos données

Euria, le ChatGPT suisse d'Infomaniak qui n'exploite pas vos données

Infomaniak, le spécialiste suisse des services en ligne, lance Euria, son IA génératrice gratuite soucieuse de la vie privée des utilisateurs. Pas de suivi, pas d'entraînement sur les données, et même pas de compte obligatoire, mais quelques problèmes d'hallucination.

Tous ceux qui restent vigilants quant à la confidentialité en ligne connaissent bien Infomaniak. Cette société suisse propose depuis longtemps des services en ligne aux professionnels pour concevoir et héberger des sites Web, mais aussi un écosystème kSuite pour les particuliers, avec sa messagerie Mail, son outil de visioconférence kMeet ou encore son service de stockage kDrive. Des outils totalement gratuits équivalents à ceux que proposent Google, Microsoft ou encore Apple, mais recouverts du sceau de la confidentialité. Et l'entreprise ne compte pas s'arrêter là !

Dans un billet de blog, elle annonce le lancement d'Euria, un assistant grand public accessible sur le Web et sur mobile. Il s'adresse aux particuliers et aux professionnels, et se veut respectueux de la vie privée, de l'environnement et des normes européennes (RGPD, LPD suisse). Car oui, contrairement à ses grands frères, cette IA ne s'entraîne pas sur les données de ses utilisateurs.

Euria : une IA souveraine et respectueuse de la vie privée

Euria se présente comme un assistant conversationnel assez proche de ce que propose ChatGPT : l'utilisateur indique sa requête dans la barre de recherche, et l'IA s'exécute, que ce soit pour répondre à des questions, rédiger, corriger ou traduire des textes, analyser des documents ou des images, transcrire des fichiers audio, résumer des documents longs ou des fils de discussion, ou encore interroger des documents stockés sur le drive d'Infomaniak. Euria peut également effectuer des recherches sur le Web, mais uniquement si ses connaissances natives ne suffisent pas à répondre à la requête, et ce dans l'optique d'économiser de l'énergie – inutile de faire tourner les serveurs si l'IA connaît déjà la réponse.

Infomaniak n'a pas développé son propre modèle de langage (LLM) de A à Z comme l'a fait OpenAI, car cela aurait coûté beaucoup trop cher. L'entreprise a préféré miser sur l'open source, par exemple avec Mixtral 8x7B de Mistral AI, qu'elle héberge sur ses propres serveurs. Elle a également recourt à Llama 3 (Meta) et Whisper (OpenAI) pour la transcription. Tous ces modèles sont hébergés dans les data centers d'Infomaniak, situés en Suisse. Aucun traitement externe ni transfert de données à l'étranger n'est prévu.

Justement, en parlant de données, celles de l'utilisateur ne sont absolument pas exploitées pour entraîner l'IA, elles servent uniquement à répondre à la requête en cours. Infomaniak promet un chiffrement des échanges à chaque étape. Pour les plus soucieux, un "mode éphémère" garantit qu'aucune trace n'est conservée.

© Infomaniak

Euria : une démarche écologique mais des problèmes d'hallucination

Un des aspects qui distingue Euria de nombreux concurrents, c'est son engagement écologique et son ambition d'économie circulaire. Sans entrer dans les détails techniques, l'électricité utilisée par les serveurs de l'entreprise provient de sources renouvelables, et la chaleur dégagée par le fonctionnement de ces serveurs est récupérée pour alimenter le réseau de chauffage urbain. À pleine charge, le data center est censé fournir assez d'énergie pour chauffer 6 000 logements de type Minergie-A et permettre à 20 000 personnes de prendre une douche quotidienne de cinq minutes, avec à la clé 3 600 tonnes de CO₂ évitées par an. 

C'est bien beau tout ça, mais que vaut Euria exactement ? Bien sûr, l'IA n'a nullement la prétention de rivaliser avec GPT-4.5 ou Gemini 3 Pro, mais elle reste très intéressante pour des usages plus modestes de la vie quotidienne. Attention toutefois à bien rester vigilant car, comme tous ses compères, elle souffre d'hallucinations. Nous avons pu nous en rendre compte en interrogeant l'IA sur Comment ça marche. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle s'est complètement trompée sur son propriétaire, malgré notre demande explicite de bien vérifier l'information – non, CCM n'appartient pas au groupe américain Red Ventures. De même, lorsque nous l'avons interrogé sur l'autrice de ces lignes – un peu de narcissisme ne fait jamais de mal –, l'IA a tout simplement inventé des articles qui n'avaient jamais été écrits.

Plus sérieusement, nous avons également testé sur d'autres sujets, culturels et historiques, en relevant là encore des erreurs et des approximations. En revanche, Euria s'est montrée beaucoup plus pertinente dans des domaines scientifiques et techniques. Et elle a résolu un petit problème de maths en un clin d'œil, de façon claire et élégante.

Tout ne semble pas encore au point donc, sans doute à cause d'un accès limité à certaines données, mais on salue l'initiative en espérant qu'Infomaniak corrigera rapidement ces problèmes d'hallucinations !

Euria est disponible gratuitement depuis un navigateur Web et via une application mobile Android et iOS, sans obligation de créer un compte – mais il y a une limite de quelques prompts seulement dans ce cas. L'IA est également incluse dans my kSuite, la formule personnelle qui donne droit à une adresse e-mail et à 35 Go de stockage – des offres payantes permettent d'étendre la capacité de stockage –, et dans la kSuite Pro.