Google veut prendre la main sur votre navigation Internet avec Gemini
Google veut absolument que l'intelligence artificielle vous assiste sur Internet. Avec son nouveau mode de recherche IA qui arrive en Europe, mais pas en France. Et avec Gemini 2.5 Computer Use, un outil capable de surfer sur le Web à votre place !
Le lancement de ChatGPT fin 2022 a profondément secoué le monde de la tech. Toutes les entreprises s'engouffrent dans l'intelligence artificielle pour gagner en visibilité, l'intégrant à leurs produits et services. Google, longtemps pionnier incontesté en la matière, a rapidement réagi avec Gemini. Petit à petit, l'IA de l'entreprise s'est intégrée dans la vie numérique des internautes, au point de bouleverser toujours un peu plus leur manière de naviguer sur la Toile. Cette fois, Google vient d'annoncer, dans un billet de blog, le lancement du mode IA, capable de répondre aux requêtes complexes en langage naturel et de synthétiser les résultats, en Europe... à l'exception de la France. En parallèle, elle lance Gemini 2.5 Computer Use, son propre agent IA capable de contrôler un navigateur à la place de l'utilisateur.
Recherche sur le Web : pas de mode IA pour la France
Le mode IA (AI Mode), que Google a lancé officiellement en Outre-Atlantique en mai 2025 (voir notre article), prend la forme d'un nouvel onglet – aux côtés de "Images", "Vidéos", "Actualités", etc. – dans la version Web de Search et dans la barre de recherche de l'application mobile. Il permet d'obtenir des résumés générés par l'intelligence artificielle en tête des résultats de recherche. Pour faire simple, l'IA effectue plusieurs recherches simultanées sur différents sous-thèmes, compile les informations et les présente sous la forme d'un article détaillé. Elle affiche ensuite ses sources dans une colonne à droite, en listant les sites Web consultés. La réponse donnée peut être enrichie de graphiques, de liens ou encore de tableaux afin de faciliter la visualisation des données. L'utilisateur peut ensuite poser des questions sur les résultats pour approfondir, comme dans une discussion.
Le mode IA va cependant plus loin, car il prend en compte les préférences de l'utilisateur et son historique de recherche. Il peut même, si on lui en donne l'autorisation, se connecter aux applications de l'écosystème de Google, comme Gmail et Google Maps, pour adapter au mieux ses réponses. Enfin, il intègre une fonction de recherche approfondie (deep search) pour répondre aux questions plus complexes. Google annonce que ce mode de recherche est désormais disponible dans plus de 200 pays et prend en charge 35 nouvelles langues. Il sera déployé progressivement en Europe à partir de ce 8 octobre 2025, sauf en France, en raison de problèmes entre les grands éditeurs de presse et le géant du numérique.
We hope to resolve regulatory uncertainty in France that has made it much harder to launch features like AI Overviews and AI Mode. We love France and want to bring our AI features there but it's not yet clear when that will be possible stay tuned!
— Nick Fox (@thefox) October 8, 2025
Plus exactement, la firme de Mountain View évoque des "incertitudes réglementaires", qui retardent le déploiement complet de ses outils d'IA et qu'elle espère régler d'ici à "quelques semaines ou mois". Une décision qui peut être due aux sanctions de 500 millions et 250 millions d'euros adressées par l'Autorité de la Concurrence en 2021 et 2024 contre Google à la suite d'une plainte des éditeurs de presse sur le non-respect de la loi sur le versement de droits voisins, qui prévoit notamment la rémunération des éditeurs et agences de presse quand une plateforme ou un service en ligne (moteurs de recherche, agrégateurs, etc.) reproduit, affiche, ou utilise des extraits d'articles, des photos, des vidéos de presse ou d'agences, tout en faisant preuve de transparence à ce sujet. De quoi rendre l'entreprise un peu frileuse sur le sujet.
Ken Walker, le responsable des affaires publiques du groupe américain, a profité de l'occasion pour se plaindre des lois françaises auprès du Figaro, estimant qu'il n'est "pas bon pour la France" de rater les dernières nouveautés en matière d'IA et que le pays se retrouve par conséquent "bloqué avec des services d'intelligence artificielle datant de l'année dernière". Il a également critiqué le Digital Markets Act (DMA) et l'IA Act qui auraient retardé "d'environ six mois" le déploiement de nombreuses fonctions sur le Vieux Continent. Il appelle donc à "rationaliser et alléger" les réglementations européennes pour laisser les GAFAM donner libre cours à leur inventivité... et tant pis pour le reste. Un reproche qui fait écho à celui d'Apple quelques semaines.
Gemini 2.5 Computer Use : une IA qui navigue seule sur Internet
Quelques semaines après qu'OpenAI a levé le voile sur le mode Agent de ChatGPT, Google présente, dans un billet de blog, une nouvelle version de Gemini capable de surfer sur Internet à la place des internautes. Baptisée Gemini 2.5 Computer Use, elle est capable d'interagir avec des commandes, de remplir des formulaires et de parcourir des pages Web. Contrairement à une version classique de Gemini, elle interagit avec les interfaces conçues pour les humains plutôt que via des API.
Pour parvenir à cet exploit, Gemini 2.5 Computer Use exploite la compréhension du langage naturel et la vision par ordinateur pour analyser une requête utilisateur et accomplir la tâche correspondante. Il fonctionne sur la base d'une boucle, dans laquelle il reçoit une requête écrite, réalise une capture d'écran de ce qui est affiché sur le navigateur, analyse l'image puis décide de sa prochaine action. Il l'exécute ensuite, reprend une capture d'écran et l'analyse pour vérifier le résultat. Et la boucle recommence jusqu'à ce que la demande de l'internaute soit réalisée.
Par exemple, l'IA pourra extraire des données personnelles depuis un site et les ajouter dans un autre système, prendre un rendez-vous au nom de l'utilisateur, interagir avec des plateformes collaboratives en ligne à sa place, ajouter des articles dans son panier sur un site d'e-commerce ou réserver une chambre d'hôtel. Google assure que tout sera fait avec une faible latence. Notons toutefois que le champ d'action de Gemini 2.5 Computer Use est limité à Chrome, ce qui l'empêche d'interagir ou de contrôler le système d'exploitation d'un ordinateur ou d'un mobile. Sur ce point, l'IA de Google est donc plus limitée que ses concurrents, comme Claude 3.5 Sonnet ou l'Agent de ChatGPT.
Gemini 2.5 Computer Use est déjà intégré à certains outils de Google, comme le Mode AI et le Projet Mariner. L'entreprise propose également un programme d'accès anticipé pour les développeurs externes qui créent des assistants ou des outils d'automatisation. Enfin, il est possible de profiter d'un aperçu public par le biais de Google AI Studio et de Vertex AI.
