Le permis de conduire numérique européen arrive : tout ce qui va changer en France

Le permis de conduire numérique européen arrive : tout ce qui va changer en France

D'ici à la fin 2030, le permis de conduire sera décliné en version numérique, stockée sur une application mobile et commun à tous les pays de l'UE. Voici ce que cela va changer concrètement pour les automobilistes français.

En 2024, les routes de l'Union européenne ont coûté la vie à 19 800 personnes, principalement des piétons, des cyclistes ainsi que des usagers de trottinettes et de motos. Un chiffre en léger recul par rapport à 2023, mais encore bien trop élevé. Le problème, c'est que près de 40 % des automobilistes frappés d'un retrait ou suspension de permis dans un autre pays que celui où il a été émis restent impunis. 

Face à ce constat, la Commission européenne a annoncé son intention de créer un permis de conduire numérique commun aux 27 États membres. Ce permis, dématérialisé, serait stocké directement sur le smartphone des conducteurs, remplaçant ainsi la carte physique habituellement glissée dans le portefeuille (voir notre article).

Le permis de conduire est déjà dématérialisé en France, via l'application France Identité, mais ce n'est pas le cas de tous nos voisins. L'idée est également d'harmoniser le règlement et de renforcer la coopération entre les pays. Un projet qui avance lentement, mais qui avance quand même. Et justement, les députés européens ont définitivement adopté la réforme le mardi 21 octobre 2025. Elle instaure des règles plus strictes pour le renouvellement des permis, des exigences accrues pour leur obtention et favorise le partage d'informations entre États.

Permis de conduire numérique : un document européen commun

La principale mesure décidée concerne l'introduction d'un permis de conduire dématérialisé accessible sur téléphone portable, avec une mise en circulation prévue d'ici à 2030. Toutefois, il sera toujours possible d'en posséder une version physique, à condition d'en faire la demande. Sa validité sera de quinze ans maximum pour les motos et les voitures, avec la possibilité pour les États membres de réduire la durée de validité à 10 ans si le permis de conduire est utilisé comme pièce d'identité nationale. Enfin, la durée de validité pourra être réduite pour les conducteurs de plus de 65 ans. Notons que les permis de conduire pour les camions et les autobus auront une durée de validité de cinq ans.

Le permis de conduire numérique en France © ANTS

Ce permis numérique va permettre de fluidifier les déplacements transfrontaliers. Par exemple, un conducteur qui voyage souvent entre la France et l'Allemagne n'aura plus à s'inquiéter des différences de reconnaissance. En plus, cela va représenter un gain de temps considérable pour les autorités. Mais, surtout, cela va faciliter les contrôles et les sanctions entre les différents pays européens, en palliant à l'actuel manque de coordination entre les permis nationaux.

Ainsi, les permis expirés ou suspendus pourront être désactivés instantanément grâce au système numérique commun à l'ensemble des États membres. Aujourd'hui, une personne dont le permis est invalidé doit encore se présenter physiquement au tribunal pour le restituer, une démarche souvent repoussée. Dans le futur, ce processus sera automatisé et valable au-delà des frontières : si un Français voit son permis suspendu pour une infraction en Espagne, l'information sera immédiatement transmise, empêchant toute conduite illégale ailleurs en Europe.

"Avec les nouvelles règles, (un automobiliste) qui perdra son permis dans un pays européen pour une infraction grave ne pourra plus conduire dans aucun autre État membre", s'est réjoui le socialiste italien Matteo Ricci dans l'hémicycle.

Permis de conduire numérique : des règles modifiées

Avec l'instauration de ce nouveau permis de conduire européen, plusieurs règles vont également changer. L'un des points où les membres de l'UE ont eu beaucoup de mal à se mettre d'accord concerne l'obligation d'effectuer une visite médicale pour obtenir le précieux sésame. Finalement, ils ont opté pour un compromis : les nouveaux conducteurs seront soumis soit à un examen médical (oculaire et cardiovasculaire), soit à un dépistage basé sur une autoévaluation, soit, en cas de renouvellement du permis de conduire, à d'autres mesures alternatives.

C'est aussi l'occasion d'unifier les périodes probatoires des jeunes conducteurs à l'échelle européenne. En France, elle dure actuellement trois ans ou deux ans en cas de conduite accompagnée, durant lesquels le conducteur doit arborer le célèbre "A" sur son véhicule. À partir de 2030, cette période devra être d'au moins deux ans dans toute l'Union européenne, pendant laquelle les jeunes conducteurs seront soumis à des règles et des sanctions plus strictes, notamment en cas de conduite sous l'emprise de l'alcool ou de drogues.

Enfin, l'examen du permis de conduire devra intégrer davantage des points touchant à la sécurité des usagers vulnérables (piétons, cyclistes, etc.), comme les angles morts des camions ou l'ouverture des portières en toute sécurité. Les risques liés à l'usage du téléphone au volant et la maîtrise des aides à la conduite, comme les régulateurs de vitesse, devront également être abordés. Sans oublier les surfaces glissantes, qui causent tant d'accidents en hiver.

Ces nouvelles règles entreront en vigueur le vingtième jour suivant leur publication dans le Journal officiel de l'Union européenne. Les pays de l'UE disposeront de trois ans pour transposer ces nouvelles dispositions dans le droit national et d'une année supplémentaire pour préparer leur application.

Permis de conduire numérique : ce que cela change en France

Cette réforme européenne s'intègre plutôt bien au système français existant. Dans l'Hexagone, le permis numérique existe déjà, puisque, depuis février 2024, l'application France Identité permet d'intégrer son permis dans son smartphone. Même si l'application comporte encore quelques bugs, les différentes mises à jour viennent progressivement améliorer l'application tout en incluant d'autres types de documents. La grande nouveauté tient surtout au fait que les suspensions pour infractions graves s'appliqueront partout, même entre les différents pays de l'UE.

La validité étendue à 15 ans soulage aussi les agendas, puisque cela diminuera les démarches administratives à réaliser. Pour les conducteurs seniors ou ceux avec des problèmes de santé, les critères sont désormais clairs et harmonisés, sans variations d'un pays à l'autre. Concernant l'alcool, la France va pour l'instant maintenir son seuil de 0,5 g/l pour les conducteurs confirmés, mais la poussée européenne vers des règles plus strictes pourrait influencer les débats nationaux.