Bonus réparation : le montant de la prime va doubler

Bonne nouvelle ! Le Gouvernement va doubler le montant du bonus à la réparation, ce petit coup de pouce financier destiné à prolonger la durée de vie des appareils électriques et électroniques et à lutter contre la surconsommation.
Un peu plus de quatre mois après son lancement officiel, un peu plus de 20 000 appareils ont pu profiter du "bonus à la réparation". Pour rappel, cette prime a pour but d'inciter les consommateurs à faire réparer leurs appareils électriques ou électroniques en panne plutôt qu'à en acheter de nouveaux pour les remplacer, comme c'est trop souvent le cas. Son montant est prélevé directement sur la facture, sans nécessiter la moindre formalité. Pour en profiter, il faut s'adresser à un réparateur agréé, reconnaissable par le label QualiRépar.
L'initiative a été plutôt bien accueillie par les consommateurs, mais pas autant que ce qu'aurait voulu le Gouvernement. En effet, pour la période 2022-2023, 63 millions d'euros avaient été budgétés pour financer ce dispositif. Or, seuls 500 000 euros ont été dépensés depuis le début de l'opération. Pour encourager les consommateurs à se tourner vers cette pratique plus responsable, il décide donc de doubler le bonus de réparation à partir du 1er juillet 2023, d'élargir les catégories d'appareils couverts par ce dispositif – le remplacement d'un écran de smartphone cassé, l'une des réparations les plus répandues, sera notamment pris en charge – et d'augmenter le nombre de réparateurs agréés. Une bonne nouvelle qui devrait soulager un peu nos porte-monnaie et la planète !
À quoi sert le bonus à la réparation ?
Une des causes qui incitent à acheter à un nouvel appareil électrique ou électronique, c'est la panne : soit elle est irréparable, soit le coût de la pièce à changer est exorbitant. C'est d'ailleurs pour limiter ce phénomène – lié à l'obsolescence, parfois programmée, certains constructeurs s'arrangeant pour limiter la durée de vie d'un appareil afin que le consommateur soit contraint d'en racheter un nouveau assez rapidement… – qu'a été mis en place le fameux indice de réparabilité, désormais obligatoire sur bon nombre de produits. Car le renouvellement perpétuel a un coût non négligeable, à la fois en matière de ressources utilisées et en déchets. Et il est responsable d'une partie des émissions de gaz à effet de serre mondiales – la production d'un appareil étant la phase la plus polluante de son existence, à cause de l'extraction des matières premières. C'est pourquoi un équipement doit être utilisé longtemps afin que son impact environnemental soit le plus faible possible. Pour lutter contre cette obsolescence, le gouvernement français entend encourager les consommateurs à réparer leurs appareils plutôt que d'en racheter immédiatement un autre en cas de panne via la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC).
La loi prévoit la mise en place d'un certain nombre de mesures pour lutter contre l'obsolescence programmée. Elle impose notamment aux constructeurs et aux vendeurs d'afficher un indice de réparabilité pour certains produits afin d'encourager une production et une consommation plus écoresponsables. Ce changement passe par les constructeurs, qui doivent mettre à disposition de leurs clients des pièces de rechange facilement accessibles et à un prix intéressant – personne ne va réparer son smartphone si en racheter un neuf coûte moins cher – mais aussi par les consommateurs. Et c'est là qu'intervient la prime de réparation qui, moyennant la carotte que représente une réduction financière, va les amener à modifier leurs habitudes.
Quels sont les appareils concernés par la prime à la réparation ?
La prime à la réparation est arrivée avec un an de retard. Depuis le 15 décembre 2022, elle s'applique pour 31 types d'équipements, à condition qu'ils ne soient plus sous garantie : les appareils photo numériques, les aspirateurs, les consoles de jeux, les drones, les lave-linge, les lave-vaisselle, les machines à café, les ordinateurs fixes et portables, les robots culinaires, les sèche-linge, les téléphones fixes et portables, les tablettes, les téléviseurs, les perceuses, les cuisinières, les hottes, les fours, les plaques de cuisson, les vélos à assistance électrique, les bouilloires, les grille-pain, les presse-agrumes, centrifugeuses et extracteurs, les réfrigérateurs et congélateurs, les fers à repasser, les centrales vapeur, les trottinettes électriques, les tondeuses à gazon et les taille-haies électriques, les appareils de sport, les vidéoprojecteurs, les lecteurs DVD et divers appareils audio. Attention, cependant, certains des produits cités ici ne seront éligibles qu'à partir de 2023 ou 2024, et la liste doit s'étendre par la suite. notamment en compte le remplacement d'un écran de smartphone cassé, l'une des réparations les plus répandues.
Quel est le montant du bonus à la réparation ?
Le montant du "bonus réparation" varie selon les produits. Initialement, il devait représenter 20 à 25 % de la facture totale, avec une somme comprise entre 15 à 45 euros. Le Gouvernement a toutefois décidé de doubler les montants à partir du 1er juillet 2023. Ainsi, pour la réparation d'un lave-linge, la prime passera de 25 à 50 euros. Pour un ordinateur portable, le consommateur aura le droit à 90 euros au lieu de 45, et à une aide de 50 euros au lieu de 25 pour des produits comme les réfrigérateurs, les congélateurs, les téléphones portables ou encore les tablettes. Au final, la somme remboursée varie entre 20 et 90 euros selon le produit. Le montant est déduit du prix final et le réparateur se fait ensuite rembourser par les organismes Ecosystem et Ecologic, spécialisées dans le recyclage. Le client n'a donc aucune formalité à effectuer, que ce soit avant ou après : tout est automatique.
Comment profiter du bonus à la réparation ?
Pour bénéficier de la prime à la réparation, il faut obligatoirement passer par un professionnel labellisé QualiRépar, qu'il s'agisse d'un réparateur industriel ou indépendant, d'un artisan, ou même du SAV du distributeur ou du fabricant. Pour en trouver un, il suffit de se rendre sur les sites de Ecosystem ou de Label Qualirepar. Petit problème toutefois : sur l'objectif des 1 500 services de réparation agréés d'ici avril, seuls 500 ont obtenu le label, ce qui limite l'accessibilité du bonus aux utilisateurs et diminue l'impact de la mesure. Ce nombre est toutefois amené à augmenter dans les prochaines années, et le Gouvernement vise le nombre de 4 000 d'ici à la fin de l'année. Là encore, les réparateurs doivent passer par les sites de Label Qualirepar ou de Ecosystem pour obtenir le fameux label, reconduit tous les trois ans. Pour augmenter rapidement le nombre de services agréés, le Gouvernement a décidé de réduire de 500 à 250 euros le coût de l'adhésion pour les petits réparateurs indépendants.
Le Gouvernement cherche également à pousser les grandes enseignes d'électroménager à rejoindre QualiRépar. Si Boulanger et Leclerc ont rallié l'aventure dès le mois de décembre 2022, certains acteurs rechignent à en faire de même car elles disposent déjà d'un programme de garantie proposé à leurs clients – qui entrerait donc en concurrence avec le bonus de réparation. C'est le cas de Fnac-Darty et d'Apple. Le premier indique au Parisien que "pour intégrer nos clients responsables qui ont souscrit à notre abonnement Darty Max ou à une extension de garantie, nous avons demandé une révision du champ d'application du fond de réparation." Une option qui n'est pas exclue par le Gouvernement. Quant à Apple, l'entreprise est connue pour l'herméticité de son écosystème. Enfin, Auchan soutient avoir entamé les démarches, et les audits devraient commencer en mai. Si les enseignes ne "jouent pas le jeu" dans les prochaines semaines, un arrêté les y contraindra au 1er juillet 2023.
Au total, ce ne sont pas moins de 410 millions d'euros qui doivent être investis dans la prime à la réparation sur cinq ans, jusqu'en 2027, comme le rapportait France Info. Ce fond est et sera alimenté par les fabricants – et donc par extension les consommateurs… –, qui reverseront une partie des revenus générés par la taxe d'écoparticipation à Ecosystem et Ecologic. Ce sont ces organismes qui verseront ensuite au réparateur le montant de la réduction appliquée au client.
Toutefois, si son intention est éminemment louable – on jette encore beaucoup trop d'appareils réparables qui pourraient avoir une seconde voire une troisième vie –, il faut se méfier d'un effet pervers que la prime à la réparation pourrait engendrer : une surfacturation artificielle. De fait, comme cela s'est déjà produit dans d'autres domaines – pose de panneaux solaires, installation de pompe à chaleur, travaux d'isolation… –, certains artisans peu scrupuleux pourraient être tentés d'augmenter discrètement leurs tarifs en profitant de la réduction appliquée pour que la facture reste raisonnable. Avant de foncer tête baissée chez un réparateur, il conviendra donc de demander plusieurs devis pour les comparer et éviter l'entourloupe en repérant les indélicats…