Beaucoup l'ignorent : tous les fonctionnaires ont droit à cette retraite complémentaire très spéciale
Les agents de la fonction publique n'ont pas le même système de retraite que les salariés du secteur privé. Et la plupart ignorent encore qu'ils bénéficient d'un dispositif très particulier qui compense une vieille injustice.
Pendant des décennies, les agents du service public ont vécu avec cette frustration : toucher des primes parfois conséquentes durant leur carrière, mais voir leur niveau de vie chuter brutalement à la retraite, calculée uniquement sur leur traitement de base. Cette injustice a été en grande partie corrigée en 2005 avec la création de la Retraite Additionnelle de la Fonction Publique (RAFP). Ce régime de capitalisation par points est venu changer la donne, mais son fonctionnement reste opaque pour beaucoup d'agents qui ignorent parfois même jusqu'à son existence.
Contrairement aux assurances-vie ou aux plans d'épargne retraite facultatifs qu'il faut ouvrir soi-même, l'adhésion ici est totalement obligatoire et automatique. Elle concerne tous les fonctionnaires titulaires de l'État, des collectivités territoriales et des hôpitaux, ainsi que les magistrats.
Son principe est simple. Dès que vous percevez un complément de rémunération, le mécanisme s'active. Heures supplémentaires, indemnités de résidence, primes de technicité ou avantages en nature : tous ces éléments qui n'entrent pas dans le calcul de la pension principale sont ici pris en compte pour bâtir votre future épargne.
Chaque mois, 5 % du montant de ces primes sont prélevés sur votre salaire, et l'employeur public ajoute une somme identique. C'est un effort partagé. Il y a néanmoins une limite à connaître : cette cotisation s'applique uniquement dans la limite de 20 % de votre traitement indiciaire brut annuel. Si vos primes dépassent ce plafond, le surplus ne génère normalement aucun droit. C'est souvent le cas pour certains postes à responsabilités ou dans des corps très primés.
Il existe cependant une exception notable pour contourner ce plafond des 20 %, une astuce que les initiés utilisent bien : le Compte Épargne-Temps (CET). Si vous avez accumulé des jours de congés non pris, vous pouvez demander leur conversion en points RAFP. Ces jours basculés permettent d'acquérir des droits supplémentaires même si votre plafond de cotisations est déjà atteint. C'est un levier efficace pour optimiser sa fin de carrière plutôt que de perdre des jours de repos.
L'enjeu crucial survient au moment du départ. C'est là que le système se distingue nettement des autres. Le mode de versement dépend exclusivement du nombre de points acquis. Si vous avez cumulé jusqu'à 4 899 points, vous toucherez un capital versé en une seule fois – et en deux fois si vous avez entre 4900 et 5124 points. Cette somme, qui représente une trésorerie immédiate parfois très confortable pour lancer des projets personnels, est souvent une surprise appréciable pour ceux qui ont eu des carrières courtes ou peu de primes.
À l'inverse, à partir de 5 125 points, le régime vous versera une rente mensuelle à vie, qui viendra compléter votre pension de base jusqu'à la fin de vos jours. Ce complément est revalorisé régulièrement. Il est donc indispensable de vérifier son compte individuel en ligne avant le départ pour s'assurer qu'aucune période n'a été oubliée par l'administration, car chaque point compte pour franchir ou non ce seuil fatidique.
Enfin, ce trésor accumulé n'est pas perdu en cas de décès. Le régime prévoit une réversion pour le conjoint survivant, voire les enfants mineurs ou étudiants. Elle représente généralement 50 % de la rente ou du capital calculé. Mais attention, contrairement au prélèvement des cotisations qui est automatique, cette prestation doit être expressément demandée par les familles. Une raison de plus pour s'intéresser dès maintenant à ce dispositif et en parler à ses proches.