Free TV dans la tourmente : TF1 et France Télévisions sont furieux contre Free
Quelques jours seulement après le lancement de Free TV, un service de télévision gratuit et accessible à tous, TF1 et France Télévisions attaquent Free en accusant l'opérateur de diffuser leurs contenus sans concertation ni autorisation.
C'était la grande nouvelle de la semaine dernière : Free a transformé son application Oqee en Free TV, un service de télévision gratuit en streaming, disponible sur tous les appareils et accessible à tous, abonné ou non, avec plus de 170 chaînes, dont les 16 de la TNT, et 45 000 programmes en replay (voir notre article). Une petite révolution ! Elle propose également une formule payante, sobrement baptisée Free TV+, qui fait passer le catalogue à 300 chaînes, dont celles de M6 et TF1.
Mais cette nouveauté est loin de faire plaisir à tout le monde. Ainsi, le 27 octobre 2025, les groupes TF1 et France Télévisions ont attaqué frontalement l'opérateur par le biais d'un communiqué commun. Ils y dénoncent l'arrivée d'un service qui reprend leurs chaînes en streaming, mais "sans concertation préalable" – ils auraient pris connaissance de Free TV par le biais de la presse – , ainsi qu'une "méthode brutale et unilatérale [qui] témoigne d'un mépris des droits des ayants droit créateurs et acteurs du secteur audiovisuel et de leurs partenaires commerciaux". Ils appellent l'Arcom à se pencher sur cette offre qui pourrait fragiliser leur modèle économique.
Free TV : une initiative jugée brutale, unilatérale et méprisante
Le cœur du problème se situe dans la publicité affichée lors du visionnage des chaînes. En effet, les deux sociétés considèrent que Free TV nuit au succès de leurs propres plateformes de diffusion, TF1+ et France.tv, et dévalorise les contenus qui sont repris unilatéralement. Selon elles, Free "s'approprie les services […] sans porter une démarche concertée visant à sécuriser leurs valorisations et leurs monétisations". De ce fait, cette pratique "remet en cause la stratégie de développement et les ressources disponibles des éditeurs pour financer la création".
De son côté, Free estime que sa nouvelle offre respecte les accords actuels conclus avec les chaînes, qui autorisent leur diffusion sur les Freebox. C'est pour cette raison que TF1 et M6 n'ont pas été intégrées à la version gratuite de Free TV, mais uniquement à son offre payante. Une interprétation que contestent TF1 et France Télévisions. Selon eux, les contrats de distribution ont été établis en fonction du nombre d'abonnés de Free, et non d'un public élargi. Dès lors, Free TV ne pourrait pas être couvert par ces accords, puisqu'elle vise l'ensemble des Français, et pas seulement les clients de Free. C'est pourquoi les deux groupes en appellent aux pouvoirs publics ainsi qu'au régulateur de l'audiovisuel (Arcom) pour qu'ils "[examinent] avec la plus grande attention cette initiative qui déstabilise l'ensemble de l'écosystème".
Alors, Free TV est-il en danger ? Cela se pourrait bien, car l'opérateur a déjà été condamné pour une affaire similaire en 2019. À l'époque, après l'expiration des accords de diffusion qui permettaient à Free de proposer gratuitement les chaînes d'Altice à ses abonnés Freebox, le groupe a voulu renégocier ces accords pour obtenir une rémunération pour la diffusion de ses chaînes ainsi que pour les services associés. Or, les négociations ont échoué, car Free a tout simplement refusé. Le juge des référés du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris a donné gain de cause à Altice et a sommé l'opérateur de cesser la diffusion de plusieurs chaînes (BFM TV, RMC Découverte, RMC Story, BFM Business) sans autorisation. Une décision qui pourrait tout à fait faire jurisprudence. Sans compter que, en 2022, la justice avait condamné Molotov, un autre agrégateur de chaînes, pour avoir diffusé TF1 sans autorisation. La bataille judiciaire ne fait que commencer !
