Les DNS alternatifs vont devoir bloquer les sites de streaming illégal et les services IPTV pirates

Les DNS alternatifs vont devoir bloquer les sites de streaming illégal et les services IPTV pirates

C'est une première en France : les fournisseurs de DNS alternatifs devront désormais bloquer l'accès aux sites de streaming illégal et aux services IPTV pirates. Une avancée juridique obtenue par la LFP pour mieux protéger la diffusion de la Ligue 1.

La Ligue de football professionnel (LFP) vient de gagner une nouvelle bataille dans sa guerre contre le piratage sportif en streaming. Comme elle l'explique dans un communiqué publié le 18 juillet 2025, le président du Tribunal judiciaire de Paris vient d'ordonner à plusieurs fournisseurs de DNS alternatifs de bloquer l'accès à des sites illégaux diffusant des matchs de Ligue 1 et Ligue 2. Cette injonction préventive, inédite en France, élargit le champ des acteurs contraints de participer activement à la lutte contre la diffusion sans droit. Jusqu'à présent, seules les plateformes d'accès à Internet étaient visées par les décisions de justice. Désormais, les serveurs DNS, souvent utilisés pour contourner ces blocages, ne seront plus épargnés.

Ce tournant intervient à un moment critique pour la LFP. Sa filiale LFP Media s'apprête à lancer Ligue 1+, une plateforme de diffusion 100 % dédiée au championnat français, dès le 15 août. Protéger les droits de diffusion devient alors un enjeu économique majeur. Les diffuseurs officiels, qui injectent des centaines de millions d'euros dans les droits télévisés, sont directement menacés par les applications pirates et services IPTV. Ces derniers continuent d'attirer un public nombreux, séduit par l'accès gratuit ou à bas prix aux matchs. Face à cette concurrence illégale, la LFP entend verrouiller toutes les brèches dès la première journée du championnat.

Sport en streaming : bientôt la fin du piratage ?

Ce n'est pas la première action judiciaire de la Ligue en ce mois de juillet. Une semaine avant cette décision, le tribunal avait déjà ordonné aux fournisseurs d'accès à Internet de bloquer des sites identifiés comme pirates. En ajoutant les DNS à cette chaîne de blocage, la LFP attaque un maillon jusque-là négligé du contournement. Changer de DNS – comme passer à Cloudflare ou OpenDNS – permettait jusqu'ici d'éviter les restrictions imposées par les FAI. Cette époque semble révolue. Le tribunal reconnaît désormais que les DNS peuvent eux aussi être contraints d'agir, avant même que les plateformes pirates ne soient actives.

Dans cette stratégie de bouclage complet, l'Arcom, le régulateur français du numérique, joue également un rôle de relais. La LFP prévoit de saisir l'autorité pour que les mesures s'étendent à tout nouveau service pirate repéré au fil de la saison. Le cadre juridique s'appuie notamment sur l'article L.333-10 du Code du sport, qui autorise ces blocages pour protéger les droits d'exploitation. Pour la Ligue, il s'agit moins d'une course-poursuite que d'un jeu d'anticipation, avec pour objectif de rendre le piratage techniquement et économiquement invivable.

Reste la question de l'efficacité de ces mesures à moyen terme. Chaque verrouillage déclenche de nouvelles formes de contournement. Des sites miroirs apparaissent, des DNS se reconfigurent à l'étranger, et les VPN restent à portée de clic. Pourtant, cette pression judiciaire constante contribue à tarir certaines sources et à dissuader les plus occasionnels des pirates. En ciblant dès maintenant les fournisseurs d'infrastructure comme les DNS, la LFP veut montrer qu'aucune échappatoire ne sera laissée sans réponse. La lutte contre la diffusion illégale du sport français entre dans une nouvelle phase : plus technique, plus rapide, et juridiquement plus ambitieuse.