Le casse-tête des formats de fichiers musicau

PARIS (Reuters) - WMA, Atrac, AAC, etc. Avant de se lancer dans le téléchargement légal de musique, l'internaute doit se familiariser avec les différents formats de fichiers et leurs protections, au risque de ne pouvoir écouter la musique qu'il a achetée.

Alors que le grand public s'est habitué au format mp3, non sécurisé et donc irrecevable pour les maisons de disque, plusieurs acteurs internationaux, comme Apple Computer, numéro un mondial de la vente de musique en ligne, et Sony utilisent des protections anti-copie dont ils refusent la licence aux disquaires en ligne concurrents.

Ainsi, seul le Music Store d'Apple propose de la musique écoutable sur son iPod, le baladeur numérique le plus vendu dans le monde, et seul Connect de Sony vend des titres compatibles avec les baladeurs de la marque.

Les consommateurs sont obligés de vérifier ce qui est compatible avec quoi avant de procéder à tout achat ou sont dans l'impossibilité de choisir leur disquaire en ligne.

Cette situation fait enrager les distributeurs, à l'image de VirginMega qui a saisi le Conseil de la concurrence en juin dernier pour abus de position dominante de la part d'Apple.

"Nous sommes distributeurs, nous ne sommes pas mariés avec une technologie", a déclaré jeudi à Reuters Laurent Fiscal, directeur général de VirginMega. "Ce que nous voulons c'est proposer la musique au plus grand nombre, dans tous les formats. Nous voulons pouvoir livrer nos fichiers aux possesseurs d'iPod et aux possesseurs de baladeurs Sony", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'avait jamais eu de réponse, ni d'Apple, ni de Sony, à ses demandes.

Sans aller jusqu'à attaquer les deux sociétés en justice, la Fnac, qui lancera samedi son propre service, a expliqué jeudi qu'elle discutait avec Apple, dont elle distribue les produits, pour obtenir d'utiliser sa technologie.

"Nous sommes dans une situation absurde dans laquelle les opérateurs se réservent leur format pour les imposer comme standard du marché", a déclaré jeudi Christophe Cuvillier, directeur général international filiales et développement de la Fnac, lors d'une conférence de presse.

UN FREIN AU MARCHÉ

Suscitant la méfiance des consommateurs, cet état de fait que les spécialistes ont baptisé la "non-interopérabilité", risque de freiner le développement de ce tout jeune marché.

"Il est probable que la non-interopérabilité constitue un obstacle important au développement des services légaux et permette en même temps la pérennisation des systèmes illégaux", a estimé Laurent Fiscal de VirginMega.

Outre la gratuité, les systèmes d'échanges de fichier poste à poste (P2P) comme Kazaa ou eMule, tenus comme principaux responsables de la baisse des ventes de musique, proposent en effet des chansons au format mp3, libres de toute protection et écoutables sur la quasi-totalité des baladeurs du marché.

L'attrait du mp3 pour le consommateur est tel que Sony vient d'annoncer qu'il allait ouvrir ses baladeurs à ce format non protégé.

"Avec l'Atrac, nous avons le meilleur format en termes de qualité de son et d'efficacité pour la compression", avait déclaré mardi à Reuters Philippe Poels, président de Sony France.

"Néanmoins, nous pensons que ce serait une erreur de tout capitaliser sur l'Atrac. Nous tenons à ne pas nous enfermer dans un seul format. En novembre, nous allons mettre sur le marché un baladeur à mémoire flash qui sera compatible mp3", avait-il ajouté.

Pour permettre au plus grand nombre d'écouter les titres téléchargés sur son site en format WMA de Microsoft, la Fnac avait déclaré en juin dernier qu'elle allait proposer un logiciel de transformation des fichiers en d'autres formats, mais cette solution a finalement été refusée par les maisons de disques, car l'opération abaissait le degré de protection des morceaux.

"La position des majors, elle aussi, est absurde", a expliqué Christophe Cuvillier, de la Fnac. "En refusant, elles favorisent le développement du piratage et des systèmes d'échange de fichiers", a-t-il ajouté.

La Fnac incite donc les clients de son service à graver sur CD les titres téléchargés, ce qui fait "sauter" la protection des titres, puis à les transformer en mp3.

"Ce n'est pas compliqué, c'est autorisé... et c'est malheureusement la seule solution", a déclaré Christophe Cuvillier.