Temu, Shein, AliExpress : les petits colis de Chine seront taxés de 3 euros dès juillet 2026
Ça y est, l'UE va imposer des droits de douane supplémentaires aux petits colis importés en Europe dès juillet 2026. Une taxe de 3 euros s'ajoutera aux prix des commandes sur les sites comme Shein, Temu ou AliExpress.
L'Union européenne resserre d'un coup sec la vis autour des plateformes de commerce chinoises ! Depuis que Shein a été épinglée par la Répression des fraudes, au même titre qu'AliExpress, pour avoir mis en vente des poupées sexuelles à caractère pédopornographique – une faute donc l'américain Amazon s'était également rendu coupable en 2022 –, les choses vont de mal en pie pour elles ! Avec leur politique marketing ultra-agressive, leurs prix défiant toute concurrence, la montée en flèche des importations et leurs lots de polémiques – ils sont notamment accusés d'encourager la surconsommation, de nuire gravement à l'environnement et d'exploiter les travailleurs dans des conditions de travail indignes –, ces géants du e-commerce se sont retrouvés dans le collimateur des autorités européennes, qui ont décidé de durcir le ton.
Ainsi, les ministres des Finances des États membres de l'Union européenne avaient décidé, le jeudi 13 novembre 2025, de supprimer l'exonération des droits de douane sur les petits colis importés en Europe d'une valeur inférieure à 150 euros. Restait à mettre la chose en pratique. C'est désormais chose faite : les ministres de l'Economie européens se sont entendus ce vendredi 12 décembre pour soumettre tous les petits colis importés dans l'UE à une taxe de 3 euros. Elle s'appliquera à compter du 1er juillet 2026, beaucoup plus tôt que prévu à l'origine donc.
Temu, Shein, AliExpress : la fin de l'exonération des taxes douanières
Actuellement, dans l'Union européenne, les colis achetés en ligne hors UE sont exemptés de droits de douane lorsqu'ils valent moins de 150 euros. De nombreux envois sont toutefois volontairement sous-évalués pour échapper à ces taxes. Cette exonération permet aux plateformes chinoises de proposer des produits nettement moins chers et de contourner les contrôles douaniers, qui pourraient révéler la présence fréquente de contrefaçons sur ces sites. Tout cela a permis la croissance exponentielle des plateformes de commerce en ligne chinoises comme Shein, Temu ou AliExpress. En 2024, 12 millions de petits colis entraient chaque jour sur le marché européen, envoyés par des entreprises en dehors des frontières de l'UE.
La fin de cette exonération s'inscrit dans le cadre d'un projet de réforme du code des douanes européen proposé par la Commission en mai 2023, mais a fortement été accélérée ces derniers jours. Elle devait initialement entrer en vigueur à la mi-2028, en s'alignant justement sur le calendrier d'une vaste réforme de l'union douanière, mais les États membres – en particulier la France – ont décidé de mettre en application cette mesure le plus vite possible, dès le premier trimestre 2026, au vu de l'urgence de la situation.
"La France a pris l'initiative de réagir au phénomène des petits colis. Cela a payé aujourd'hui", affirmait dans un communiqué Roland Lescure, le ministre français de l'Économie, en novembre dernier. "C'est une étape clef pour la protection des consommateurs européens et du marché intérieur en luttant plus efficacement contre les produits dangereux et non conformes à nos règlementations européennes. Nous avons franchi un grand pas pour la souveraineté économique de l'Union européenne".
Taxe sur les petits colis : des frais supplémentaires pour les consommateurs
Il restait à arrêter les droits de douane auxquels ces colis seront soumis. La Commission européenne militait pour un prélèvement forfaitaire en fonction du prix des produits, mais la solution était loin de faire l'unanimité, les expéditeurs chinois ayant l'habitude de ne pas indiquer le prix exact de leurs produits sur les fiches déclaratives. La France préférait, quant à elle, un prélèvement fixe. C'est finalement cette solution qui a été retenue.
Cette taxation des petits colis devrait en outre s'accompagner de l'instauration de frais de traitement sur chaque colis entrant dans l'Union européenne. Là encore, le montant de ces frais de traitement n'a pas encore été fixé, mais Bruxelles a proposé qu'il soit fixé à 2 euros par paquet. Ils devraient s'appliquer à partir de novembre 2026.
Notons que, en France, l'Assemblée nationale a déjà adopté courant novembre une taxe de 2 euros sur les petits colis, dans le cadre de l'examen en première lecture du budget. Début décembre, le Sénat a, de son côté, voté un relèvement de cette taxe à 5 euros. Toutes ces taxes ne régleront pas la question de l'illégalité de certains produits, mais elles devraient au moins freiner l'ardeur des consommateurs, en entraînant une augmentation immédiate des prix et un allongement des délais de livraison.
