Poupées sexuelles d'enfants : Shein n'est pas le seul concerné, AliExpress en vend aussi
Alors que tous les regards sont fixés sur Shein, accusé d'avoir mis en vente des poupées sexuelles à caractère pédopornographiques, AliExpress tente de se faire discret et de passer sous les radars…
Le moment ne pouvait pas être plus mal choisi pour Shein. Alors que l'enseigne fait une entrée remarquée en France en s'installant au BHV, suscitant la colère des acteurs du prêt-à-porter traditionnel, le géant chinois du e-commerce se retrouve impliqué dans une affaire des plus répugnantes. Samedi 1ᵉʳ novembre, la Répression des fraudes a indiqué dans un communiqué avoir saisi la justice après avoir constaté la vente, sur la plateforme, de "poupées sexuelles d'apparence enfantine", dont "[la] description et [...] catégorisation sur le site permettent difficilement de douter du caractère pédopornographique des contenus". Mais Shein est loin d'être la seule plateforme concernée par ce scandale…
Poupées pédopornographiques : Shein possiblement interdit en France ?
De plus amples informations sur cette sordide affaire ont été dévoilées par Le Parisien. Nos confrères sont parvenus à dénicher sur la plateforme d'ultra fast fashion une de ces poupées hyper réalistes, dont le corps et les traits sont sans l'ombre d'un doute ceux d'une fillette. Celle-ci, d'une hauteur de 80 centimètres, tient un ours en peluche dans ses bras – histoire de rajouter une touche de glauque. Le descriptif du "produit", vendu pour la modique somme de 186,94 euros, ne laisse aucun doute quant à sa fonction et à sa dimension pédopornographique. On y trouve même des commentaires des acheteurs !
La DGCCRF reproche également à Shein l'absence totale de mesures de filtrage, y compris pour les poupées adultes. "Il faut imaginer qu'un enfant qui navigue sur le site pour chercher une poupée, au hasard des clics, peut tomber sur ces produits", déplore Alice Vilcot-Dutarte, porte-parole de l'organisme citée par Le Parisien.
"Si ces comportements sont répétés, je demanderais qu'on interdise l'accès de la plateforme Shein au marché français"
— BFMTV (@BFMTV) November 3, 2025
Roland Lescure, ministre de lÉconomie, adresse le cas de la vente de poupées sexuelles à l'effigie d'enfants sur la plateforme chinoise pic.twitter.com/SMQ9LxLY2T
Dans un communiqué, Shein a indiqué que les produits "ont été immédiatement retirés de la plateforme dès que nous avons eu connaissance de ces problèmes", assurant appliquer "une politique de tolérance zéro" en la matière et mener une enquête en interne afin de découvrir "la manière dont ces annonces ont pu contourner nos dispositifs de contrôle". Et, effectivement, la plateforme a fait du ménage ! C'est bien simple, toute mention de poupée ou de quoi que ce soit qui s'en rapproche renvoie automatiquement vers une page d'erreur ! Une mesure radicale !
En même temps, il y a de quoi être prudent. Ce lundi matin, le ministre de l'Économie, Roland Lescure, a tapé du poing sur la table, estimant que l'enseigne avait "dépassé les bornes". "Je veux être très clair : si ces comportements sont répétés, nous serons en droit, et je le demanderai, d'interdire l'accès de la plateforme Shein au marché français. C'est dans la loi", a-t-il menacé. Les faits ont été immédiatement signalés au parquet de Paris, ainsi qu'à l'Arcom.
Poupées pédopornographiques : AliExpress également dans le viseur
Mais Shein est loin d'être un cas isolé. La haute-commissaire à l'Enfance, Sarah El Haïry, a annoncé dimanche son intention de convoquer, avec le ministre du Commerce, Serge Papin, "l'ensemble des grandes plateformes" de commerce électronique "qui vendent en France" après la découverte des poupées à caractère pédopornographique vendues sur Shein, promettant de remonter jusqu'aux fournisseurs. "Il n'y a pas que Shein, il y en a bien d'autres, nous avons été alertés sur d'autres cas", a-t-elle affirmé Sarah El Haïry auprès de franceinfo. Selon elle, d'autres sites "usent d'entourloupes" pour éviter les poursuites en mettant les photos des objets, qui ne laissent aucun doute quant à leur nature, mais pas leur description ni les mots-clés.
Plusieurs médias ont effectivement trouvé des produits similaires du AliExpress, avant qu'ils ne soient retirés. Sauf que, à l'heure où nous écrivons ces lignes, de nouvelles offres ont été postées ! Et là, nous vous parlons uniquement des poupées qui mettent explicitement en scène des enfants. Mais il y en a également qui utilisent la ruse des fameuses "femmes d'animé". Il s'agit là d'un moyen bien connu de contourner les accusations de pédopornographie dans l'univers des mangas, en mettant en scène et en sexualisant un personnage féminin ayant un corps d'enfant, mais en justifiant le fait, par une ficelle scénaristique, qu'il s'agit en réalité d'une adulte. Du coup, puisqu'elle est majeure, il ne s'agit pas vraiment de pédopornographie à proprement parler. Et c'est sans compter les nombreuses poupées vendues sur AliExpress, qui flirtent largement avec la définition de l'âge, en mettant en scène de très jeunes adolescentes. Bref, c'est tout un marché qui est réellement problématique.
On retrouve également chez AliExpress l'absence totale de filtrage qui avait été reprochée à Shein. Tout est accessible en un clic ! Plus dérangeant encore : alors que nous naviguons à la recherche de "produits" de ce genre, le site nous glisse, au milieu de toutes ces poupées aux larges orifices, quelques poupons hyper réalistes ou des justaucorps de gymnastique pour petites filles au milieu. Il y a comme un petit problème d'algorithme...
Qu'en est-il de Temu, l'autre géant du e-commerce chinois si décrié ? La plateforme vend elle aussi des poupées ou des parties de corps destinées aux adultes, mais nous n'avons trouvé aucune trace de jeunes filles. Un système de filtrage se charge également de masquer les photos sexuellement explicites, et il faut certifier avoir plus de 18 ans pour pouvoir accéder aux annonces – comme pour les plateformes pornographiques, il suffit de cliquer sur "Oui" pour y accéder, mais, au moins, cela évite de tomber dessus par erreur.
La Répression des fraudes rappelle que "la diffusion, via un réseau de communications électroniques, de représentations à caractère pédopornographique, est passible de peines pouvant aller jusqu'à 7 ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende". L'absence de mesure de filtrage est quant à elle passible jusqu'à trois ans de prison et 75 000 euros d'amende.

