Instagram écoute-t-il nos conversations ? Non, c'est bien pire que ça !
Le mythe est tenace : Instagram activerait secrètement le micro des smartphones pour mieux cibler ses pubs. Bien sûr, le patron de la plateforme dément ces accusations. Mais la vérité n'est pas plus rassurante pour autant…
Une banale discussion entre amis sur une destination de vacances et voilà une publicité de billets d'avion pour cette même destination qui apparaît comme par hasard sur Instagram.
Cette situation, nous sommes beaucoup à l'avoir connue, à tel point que, pour certains, ce serait la preuve que le réseau social nous espionnerait à travers le micro de nos smartphones et se servirait de nos conversations pour nous proposer des contenus promotionnels parfaitement ciblés.
Il s'agit là d'une rumeur tenace qui revient régulièrement, au point de pousser le patron de l'application à prendre la parole pour nier ces viles accusations. Mais une nouvelle méthode basée sur l'intelligence artificielle pourrait bientôt rendre les annonces encore plus intrusives qu'elles ne le sont déjà.
Instagram : pas besoin de micro pour être au courant de tout
Adam Mosseri, le patron d'Instagram, a tenu à rassurer les utilisateurs par le biais d'une petite vidéo postée sur son compte. Il assure que le réseau social n'active pas le micro des smartphones pour enregistrer les conversations privées. Déjà, parce que ce serait complètement illégal – mais ce ne serait pas la première fois que les plateformes s'arrangent avec la loi. Et, surtout, parce qu'un tel procédé allumerait automatiquement l'icône d'un micro actif à l'écran et viderait la batterie des téléphones très (trop) rapidement, puisque cela nécessiterait un travail de fond permanent. Ajoutons que l'analyse, même automatisée, de centaines de millions d'heures d'écoute récoltées quotidiennement exigerait une capacité de stockage et de traitement qui dépasse les capacités des serveurs actuels.
Mais alors, comment un ciblage publicitaire aussi précis peut-il être possible ? Il y a plusieurs explications à ce phénomène. En réalité, Meta utilise les informations fournies par les annonceurs sur les visiteurs de leurs sites et les interactions des utilisateurs avec ses services, mais aussi les intérêts et interactions des proches, qui peuvent être communs. Par exemple, si une personne se rend sur un site de vêtements, le site en question enregistre son activité et la communique à Meta. Et, comme par enchantement, le nombre de publicités ciblées augmente.
De même, "il se peut que vous parliez à quelqu'un d'un produit, et que cette personne, quelque temps avant, ait recherché ce produit en ligne. En général, des personnes ayant des intérêts similaires font exactement la même chose", explique Mosseri dans sa vidéo. Une combinaison hautement efficace qui donne l'impression que la plateforme est au courant des sujets abordés dans la vie réelle. Le patron d'Instagram indique aussi qu'un utilisateur pourrait aussi avoir vu une publicité sans s'en rendre compte. "On fait défiler les publicités rapidement, et parfois, on en intègre une partie, ce qui influence nos conversations ultérieures", indique-t-il. Et, bien sûr, il y aurait une part de hasard.
Les indiscrétions de Meta : les choses vont empirer avec l'IA
Concrètement, cela signifie que Meta n'a pas besoin de nous écouter via le micro de nos smartphones pour tout savoir de nous. Et ça, c'est loin d'être rassurant. Et cela ne va pas s'améliorer avec l'intégration massive de l'IA ! C'est bien simple, celle de l'entreprise est l'une des intelligences artificielles qui collecte le plus de données auprès de ses utilisateurs. Elle récupère 32 types de données exactement — là où la moyenne est de 13.
En plus des informations classiques (nom, adresse, historique de navigation, position géographique, etc.), elle collecte des données à propos des informations financières, de la santé et de la forme physique, mais aussi les informations sensibles, dont les données raciales ou ethniques, l'orientation sexuelle, les informations relatives à la grossesse ou à l'accouchement, le handicap, les convictions religieuses ou philosophiques, les opinions politiques ou encore les informations génétiques (voir notre article). Des informations qui servent à entraîner l'IA, mais qui sont aussi revendues à des tiers.
Et Meta ne compte pas s'arrêter en si bon chemin ! À partir du 16 décembre 2025, la firme de Mark Zuckerberg va utiliser les échanges de ses utilisateurs avec son chatbot pour encore plus personnaliser les publicités et les contenus qui leur sont proposés. Par exemple, quelqu'un qui interrogerait l'IA sur des activités de plein air pourra voir s'afficher des recommandations pour des groupes de randonnées. De mieux en mieux ! Ces changements vont d'abord être déployés "dans la plupart des régions" du monde, mais arriveront beaucoup plus tardivement dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, ces derniers ayant une législation beaucoup plus sévère.
