Sharenting : pourquoi vous devez absolument cesser cette pratique sur les réseaux sociaux
Beaucoup de parents ont l'habitude de publier des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux Mais cette pratique, en apparence innocente, peut avoir de lourdes conséquences…
Les réseaux sociaux occupent désormais une place prépondérante dans notre quotidien, où partager des moments de vie est devenu monnaie courante. Les parents, en particulier, n'hésitent plus à publier des photos de leurs enfants pour partager auprès de leurs proches leurs premiers pas, leurs anniversaires ou encore les vacances passées ensemble. À première vue, cela semble inoffensif, voire attendrissant. Mais derrière ces publications se cachent des dangers insoupçonnés, que beaucoup de parents sous-estiment.
Ce phénomène porte un nom : le "sharenting", contraction des mots "share" (partager) et "parenting" (parentalité). Il désigne la pratique des parents de partager, parfois massivement et régulièrement, du contenu mettant en scène leurs enfants sur Internet. En moyenne, 1 300 photos d'un enfant circulent en ligne avant ses treize ans.
Pourtant, cette pratique, banalisée par l'ère numérique, soulève de nombreux problèmes, dont on ne mesure pas forcément les conséquences. Premièrement se pose la question du respect de la vie privée des enfants. En effet, l'identité numérique d'un enfant ne devrait pas être construite sans son consentement. C'est pour cela que, en France, la majorité numérique est désormais fixée à 15 ans.
De plus, publier des images ou des détails personnels d'un enfant peut mettre en péril sa sécurité et son avenir numérique. Bien que la plupart des publications soient réalisées dans un cadre familial ou amical, elles échappent rapidement au contrôle de leurs auteurs, comme tout contenu sur Internet. Or, il faut bien être conscient du fait que chaque image mise en ligne peut être récupérée, copiée ou détournée. Les photos d'enfants sont particulièrement prisées par les prédateurs en ligne ou peuvent être réutilisées dans des contextes malveillants, tels que des deepfakes, des usurpations d'identité ou encore du cyberharcèlement.
Et ce ne sont pas seulement les clichés de nudité qui peuvent poser problème. Une photo en apparence des plus innocentes peut révéler tout un tas d'informations sensibles pour qui est attentif : établissement scolaire fréquenté, activités extrascolaires, adresse du domicile...
De plus, l'enfant, une fois adulte, pourrait ne pas apprécier la présence de ces images, qui pourraient affecter sa vie personnelle ou professionnelle. Le contenu posté aujourd'hui peut resurgir des années plus tard, dans des contextes inattendus, et avoir des incidences sur sa vie privée. La CNIL a d'ailleurs révélé qu'elle recevait de plus en plus de plaintes de jeunes adultes souhaitant faire retirer des contenus publiés par leurs parents quand ils étaient mineurs.
Pour protéger ses enfants du sharenting, quelques règles s'imposent. D'abord, avant chaque publication, il est crucial de se poser la question suivante : "Mon enfant aimerait-il que cette photo soit visible de tous dans dix ans ?" Dans la mesure du possible, mieux vaut même lui demander l'autorisation directement.
Il est également recommandé de ne partager les images que par messagerie, courriels ou encore MMS. Et si, vraiment, il n'y a pas d'autre solution que de les partager sur les réseaux sociaux, il convient de cacher le visage de l'enfant, avec un émoji ou en le floutant par exemple. Les paramètres de confidentialité doivent aussi être rigoureusement vérifiés, afin que seules les personnes de confiance aient accès aux publications. Enfin, il faut absolument limiter les informations personnelles (noms complets, école, lieux fréquentés) qui pourraient permettre à des inconnus de retrouver un enfant dans la vie réelle.