Voici comment WhatsApp et Messenger vont devenir compatibles avec les autres messageries
Un vieux rêve va bientôt devenir réalité : pour se plier au DMA européen, WhatsApp et Messenger vous permettront prochainement d'avoir des conversations avec d'autres systèmes de messagerie. Voici comment cela fonctionnera en pratique.
D'ici peu, WhatsApp et Messenger, les deux messageries de Meta, accueilleront vos discussions venant d'autres services de messagerie. Un changement révolutionnaire dû au Digital Markets Act (DMA), imposé par la Commission européenne et auquel les entreprises du numérique – parmi lesquelles on retrouve notamment Alphabet (Google), Amazon, Apple, ByteDance (TikTok), Meta (Facebook, Instagram) et Microsoft – doivent se plier. Pour rappel, il s'agit d'une nouvelle législation qui a pour objectif de réguler les marchés numériques en luttant contre les stratégies anticoncurrentielles des acteurs et en protégeant les utilisateurs et les consommateurs tout en favorisant l'innovation.
Parmi les nombreuses mesures imposées aux entreprises du numérique, on retrouve l'interopérabilité. Cette dénomination difficile à prononcer désigne tout simplement la compatibilité entre des services, des plateformes ou des applications de communication. Ainsi, de la même manière que l'on peut discuter avec un correspondant utilisant un opérateur téléphonique différent, nous devrions bientôt pouvoir échanger des messages avec n'importe quel autre utilisateur, quelles que soient les messageries employées (WhatsApp, Signal, Messenger, Telegram ou encore iMessage). Une véritable révolution qui devrait notablement simplifier le quotidien !
Des fonctions allant en ce sens avaient déjà été découvertes dans des versions bêta de WhatsApp, comme la possibilité pour chacun de choisir spécifiquement les applications tierces autorisées à interagir avec leurs comptes, y compris désactiver le service d'interopérabilité des chats. Cette fois, c'est au tour de Meta de nous donner plus d'informations, via un billet de blog, sur l'avancement de ses travaux.
Interopérabilité : des boîtes de réception séparées et des fonctions poussées
Depuis l'annonce de la Commission européenne, WhatsApp travaille d'arrache-pied pour se plier aux mesures de la nouvelle législation. En septembre dernier, l'entreprise avait notamment commencé à tester l'interopérabilité des smartphones Android. Une nouvelle section intitulée "conversations tierces" avait alors vu le jour. Dans cet onglet, on pouvait retrouver les messages reçus à partir d'autres clients de messagerie. Puis, en janvier 2024, ce fut au tour des iPhone de connaître une telle révolution.
Meta compte nous donner le choix. "Nous pensons que de nombreux utilisateurs souhaitent que les chats de tiers soient séparés de leur boîte de réception actuelle, tandis que d'autres souhaitent que tous les chats soient regroupés dans une seule boîte de réception", explique l'entreprise. Aussi, "nous leur offrons la possibilité de recevoir les messages de tiers dans un dossier distinct ou d'opter pour une boîte de réception combinée qui affiche tous les messages au même endroit". Pour être sûr que tout soit bien clair, les messageries de Meta notifieront les utilisateurs à chaque fois qu'une nouvelle application de messagerie tierce sera disponible. L'entreprise va également intégrer des réglages qui leur permettront de choisir la messagerie tierce dans laquelle ils souhaitent recevoir les messages.
Meta assure que, malgré l’interopérabilité, les discussions offriront des fonctions poussées. Ainsi, il sera possible de réagir aux messages grâce à des émojis et d'y répondre directement. Les indicateurs de frappe – quand les trois petits points s'affichent lorsqu'une personne écrit – et les accusés de réception seront quant à eux bien disponibles. Enfin, les conversations groupées devraient être prises en charge dès 2025, mais il faudra attendre 2027 pour les appels audio et vidéo.
Interopérabilité de WhatsApp et Messenger : l'épineuse question du chiffrement
Côté sécurité, Meta assure mettre tout en œuvre en collaboration avec les messageries tierces pour déployer "l'expérience la plus sécurisée que possible". L'entreprise n'a toutefois pas donné davantage d'informations. En mars dernier, Dick Brouwer, le responsable de l'ingénierie chez WhatsApp, avait indiqué à nos confrères de Wired que le chiffrement de bout en bout serait bien de rigueur, mais que ce système "ne permet pas d'offrir le même niveau de sécurité et de protection de la vie privée" que celui offert en natif par WhatsApp, étant donné que chaque messagerie utilise son propre mécanisme d'obfuscation des données. Autant dire qu'il est loin d'être évident de faire fonctionner tout ce petit monde ensemble !
Meta aimerait que tous les autres services de messagerie utilisent le même protocole de chiffrement que Signal – également utilisé par WhatsApp, Google Messages et Skype –, même si la firme n'est pas fermée à d'autres options, à condition que ces applications puissent prouver "qu'elles atteignent les normes de sécurité décrites par WhatsApp dans ses directives". Tout cela ne va pas se faire en un claquement de doigts, chaque entreprise devra faire du travail d'ingénierie de son côté pour se connecter aux serveurs de la messagerie de Meta. Il s'agit de trouver le délicat équilibre entre une interopérabilité simple et la sécurité et la protection de la vie privée. Une chose est sûre : quand l'interopérabilité sera en place, il sera beaucoup plus simple de communiquer !