Harcèlement, agressions sexuelles : Uber ajoute une fonction d'enregistrement pour rassurer les femmes
Pour mieux protéger ses clientes du harcèlement et des agressions sexuelles de la part de certains chauffeurs VTC, Uber étend son service by Women tout en lançant une fonction d'enregistrement sonore. .
C'est triste, mais les femmes ressentent une insécurité grandissante dans les transports, et les services de VTC, pourtant censés représenter une alternative sécurisée, n'y échappent pas. Ces dernières années, plusieurs affaires de viols et d'agressions sexuelles impliquant des conducteurs Uber ou d'autres plateformes ont ravivé les inquiétudes.
Uber mis en place plusieurs fonctions pour assurer la sécurité de ses passagers et, surtout, de ses passagères, comme un code pour s'assurer de monter dans la bonne voiture, la possibilité de partager la position de sa course en temps réel à un contact de confiance ou une surveillance du bon déroulé de la course par les algorithmes (RideCheck).
Malheureusement, cela ne suffit pas à résoudre les problèmes d'insécurité. Aussi, la plateforme de VTC a annoncé, en présence de la ministre de l'Égalité Aurore Bergé vendredi 14 novembre, l'extension d'Uber by Women, son service qui permet aux passagères de commander une course uniquement avec une conductrice, comme le rapporte Le Parisien. Elle a également dévoilé une nouvelle fonction de sécurité, qui permet d'effectuer discrètement un enregistrement audio de la situation.
Uber et les femmes : des efforts pour assurer la sécurité des passagères
Lancé en novembre 2024 mais limité à la ville de Paris, Uber by Women a su séduire son public, avec plus de 150 000 trajets effectués en un an. Le service sera donc étendu à huit autres villes françaises dès janvier 2026 : Marseille, Lyon, Lille, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Nice. L'entreprise en profite pour apporter quelques améliorations. Ainsi, un algorithme va désormais scruter les prénoms des utilisateurs afin de ne proposer l'option qu'aux utilisatrices. De plus, le bouton n'apparaîtra que si des conductrices sont disponibles dans un rayon permettant moins de quinze minutes d'attente. D'ailleurs, les conductrices vont elles aussi bénéficier d'un filtre afin de n'accepter que des clientes féminines.
En parallèle, Uber active une fonction d'enregistrement audio invisible pour les chauffeurs. Par le biais d'un bouton sur l'application, le passager peut déclencher discrètement cette fonction si jamais il fait face à un comportement inapproprié ou si jamais il se retrouve dans une situation qui le met mal à l'aise. L'action est totalement invisible, sans signal sonore ni lumineux, afin que le conducteur ne soit pas au courant de l'activation du système – ce qui pourrait tendre davantage la situation.
Bien sûr, une telle fonction soulève des questions de confidentialité. Uber assure que l'enregistrement reste chiffré sur le smartphone du passager, de façon à ce que même celui-ci ne puisse l'écouter. Seule l'entreprise est en mesure d'y accéder, et uniquement si l'utilisateur signale un accident depuis l'application. Il dispose d'ailleurs de sept jours pour le faire, après quoi le fichier audio est automatiquement et définitivement supprimé.
Enregistrement audio Uber : une fonction bienvenue mais limitée
La nouvelle fonction d'enregistrement audio comporte toutefois plusieurs limites. D'abord, elle repose entièrement sur l'initiative de la passagère : il faut avoir la présence d'esprit, dans une situation potentiellement anxiogène, ainsi que la possibilité de déclencher discrètement l'enregistrement. Et ça, c'est quand l'utilisatrice est au courant de son existence ! De plus, l'efficacité réelle de l'outil reste incertaine, car l'enregistrement ne peut être utilisé qu'après un signalement, et n'empêche pas l'agression en temps réel. Et le délai de sept jours peut être un peu court, le temps que la victime se rende compte de ce qui s'est passé et se décide à signaler l'incident.
Avec cette fonction, Uber espère surtout créer un effet dissuasif et, en cas de problème, permettre aux victimes d'obtenir des preuves à transmettre aux autorités. Mais, en misant sur un outil préventif plutôt que sur le renforcement du recrutement et le contrôle des chauffeurs, Uber déplace la charge de la sécurité sur les passagères, sans traiter pleinement les causes structurelles du problème. Mais on ne peut que saluer l'initiative !
