Les assurances pour smartphones sont trop chères et inutiles selon l'ACPR

Les assurances pour smartphones sont trop chères et inutiles selon l'ACPR

L'ACPR, le gendarme des assurances, alerte quant à l'augmentation des plaintes concernant les assurances affinitaires, notamment pour smartphones. Jugées inutiles et trop chères, elles n'ont aucun intérêt pour les clients.

La prochaine fois que vous achèterez un smartphone ou tout autre appareil électronique (ordinateur, tablette, montre connectée...), faites bien attention à ne pas souscrire par mégarde à une assurance dite affinitaire. Il s'agit d'une garantie facultative qui permet de les couvrir contre divers risques (casse, perte, vol...) – on en trouve aussi pour les annulations de voyage, les achats de billets de spectacle, etc. Mises bout à bout, ces sommes représentent tout de même entre 3,5 et 4 milliards d'euros de cotisations payées chaque année par les Français. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces garanties affinitaires se sont attirées les foudres de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) lors d'une conférence consacrée à la protection de la clientèle des banques et des assurances.

Selon le gendarme des assureurs et des banques, elles représentaient 18% des saisines de la Médiation de l'assurance en 2022, et 12 % pour les seules assurances de téléphones portables. Grégoire Vuarlot, directeur du contrôle des pratiques commerciales à l'ACPR, dénonce dans une interview au Parisien leurs conditions souvent "très restrictives, voire exclusives". Du fait de leurs conditions très spécifiques, les assurances affinitaires ne protègent que peu les clients, alors que les commissions des distributeurs sont "très élevées". De plus, étant donné qu'elles sont souvent vendues par des non-professionnels de l'assurance, elles sont généralement insuffisantes et mal expliquées, ce qui laisse les clients dans l'ignorance des conditions réelles de leur couverture. Au final, leur protection est quasi illusoire...

Assurance pour smartphone : une garantie qui ne couvre rien

D'après l'ACPR, le rapport sinistre à prime (S/P) – un indicateur essentiel pour évaluer la performance d'un contrat d'assurance ou d'un assureur – affiche un déséquilibre flagrant au détriment des consommateurs. Le taux moyen pour les assurances affinitaires oscille entre 15 % et 20 %, et peut même tomber à 5 % dans certains cas. À titre de comparaison, celui des assurances obligatoires, telles que l'automobile ou la multirisque habitation, se situe entre 80 % et 85 %. Cette situation, qualifiée d'"alerte rouge" par Grégoire Vuarlot, démontre leur manque flagrant d'intérêt pour les assurés.

"Il nous semble totalement anormal que sur dix euros de cotisations, seuls deux servent effectivement à la couverture des sinistres clients, voire moins", s'indigne le directeur du contrôle des pratiques commerciales de l'ACPR. En comparaison, environ 8,50 euros reviennent au client pour les assurances obligatoires. "Il faut que ce soit très clair : on ne voit pas du tout l'intérêt du client dans ces produits-là"

Assurance pour smartphone : des souscriptions subtilement imposées

Mais le faible intérêt pour les consommateurs n'est pas le seul problème relevé. Il se trouve que, dans l'assurance mobile, environ 60 % des réclamations sont liées à un défaut de consentement au contrat. Pour le client qui souscrit à une assurance affinitaire en boutique ou en ligne, l'information est souvent "trop parcellaire", avec "des notices denses et complexes", sans compter qu'il n'a généralement qu'un temps très limité pour prendre connaissance du contrat. De plus, étant donné que la plupart des conseillers en téléphonie fonctionnent à la commission, ces derniers ont tout intérêt à se montrer volontairement flous sur l'étendue des garanties du contrat proposé, voire à forcer quelque peu la main des clients peu attentifs à ce qu'ils souscrivent.

Pire encore, certains clients n'ont même pas conscience d'avoir souscrit une assurance affinitaire. Par exemple, au moment de l'achat du téléphone, le vendeur peut proposer une assurance supplémentaire pour couvrir les dommages accidentels ou la perte du téléphone, en "oubliant" de mentionner qu'il s'agit d'une assurance affinitaire distincte de la garantie obligatoire. Et comme le premier mois est souvent gratuit – quelle aubaine ! –, "le client rate l'échéance et ne remarque les cotisations sur son relevé bancaire que des mois plus tard", alerte l'ACPR. D'autant plus que, au-delà du délai de rétractation de trente jours, l'assuré est tenu de payer pour au minimum un an.

"On a besoin d'une prise de conscience collective et rapide parce qu'évidemment le devenir d'un produit qui n'est pas utile pour le client, c'est de ne plus être commercialisé", alerte Grégoire Vuarlot. L'ACPR appelle à une réforme du secteur. Les assureurs vont devoir revoir leurs pratiques, en mettant davantage l'accent sur la transparence, l'adéquation des garanties proposées avec les besoins réels des clients, et une juste répartition des bénéfices. L'Autorité préconise un "renforcement des contrôles" des assureurs chez les distributeurs, assorti de sanctions. Selon Grégoire Vuarlot, elle n'hésitera pas à prendre des mesures drastiques contre les acteurs ne respectant pas ces principes. Il suffit de se souvenir de la condamnation d'Indexia – autrefois connu sous le nom de Société française d'assurances multirisques (SFAM), un assureur à la réputation sulfureuse, souvent pointé du doigt pour ses pratiques commerciales particulièrement agressives –, qui s'est vu infliger une mesure d'interdiction temporaire d'exercice de l'activité de distribution de contrats d'assurance par l'ACPR en 2023, pour prendre cette déclaration au sérieux !