Dropshipping : la DGCCRF tire la sonnette d'alarme

Dropshipping : la DGCCRF tire la sonnette d'alarme

Faux avis, délais de livraison à rallonge, produits dangereux… Attention à ne pas tomber dans le piège du dropshipping si vous commandez en ligne, surtout à l'approche de Noël ! Selon la DGCCRF, plus de la moitié de ces sites sont en infraction.

À l'approche des fêtes de fin d'année, les Français sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les sites d'e-commerce pour effectuer leurs achats de Noël et dégoter des cadeaux originaux pour faire plaisir à leurs proches. Le problème, c'est que les internautes se retrouvent exposés aux arnaques du dropshipping, qui explosent à cette période de forte consommation ! Le concept de cette pratique commerciale est problématique. Un entrepreneur en ligne crée une boutique virtuelle où il met en vente plusieurs produits. Lorsqu'un client effectue un achat sur le site, le dropshipper transmet la commande au fournisseur, qui possède réellement le produit souhaité. L'ingéniosité de ce système de vente indirecte réside dans le fait que le fournisseur est chargé de préparer et d'expédier la commande directement au client. Comprenez : le dropshipper agit simplement comme un intermédiaire entre l'acheteur et le fournisseur, sans jamais détenir le produit en question. Et comme il en fixe lui-même le prix, il s'arrange généralement pour qu'il y ait une importante différence entre la somme payée par le client et celle qu'il va verser au fournisseur, afin de constituer sa marge bénéficiaire.

Cette pratique douteuse a bien évidemment entraîné son lot de dérives – outre les prix excessifs –, comme la vente de contrefaçons, de produits non conformes à la description ou qui ne respectent pas les normes de sécurité, mais aussi une facturation importante sur la TVA, des frais cachés et des délais de livraison très longs, les produits venant généralement d'Asie. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (la fameuse DGCCRF) s'est penchée sur la question au cours d'une enquête menée en 2022. Comme elle l'annonce dans un communiqué, elle s'est intéressée à pas moins de 215 sites Internet de dropshipping, parmi lesquels 116 se sont révélés en anomalie – soit plus de la moitié ! –, principalement en raison de non-livraisons de produits et de l'impossibilité de contacter le vendeur – avec ce genre de sites, inutile de compter sur le SAV. Un résultat qui amène la DGCCRF à tirer la sonnette d'alarme sur cette pratique de plus en plus répandue.

Cette pyramide coûte 6 € sur AliExpress © CCM

Dropshipping : des pratiques commerciales trompeuses

Le dropshipping occasionne un nombre important de plaintes de la part des consommateurs. Parmi les différents problèmes constatés au cours de son enquête, la DGCCRF a constaté plusieurs manquements aux règles d'information du consommateur et de la vente à distance, comme l'absence de mention ou la présence de mentions erronées sur l'identité du vendeur, sur la garantie légale ou sur le droit de rétractation, ainsi que l'absence de la mention de l'obligation de payer ou de confirmation sur support durable. Elle pointe également du doigt l'utilisation de pratiques commerciales trompeuses, notamment sur la disponibilité et les caractéristiques essentielles du produit (faux label, fausse origine), sur l'identité et les qualités du professionnel ou encore le caractère promotionnel du prix – à grand renfort de prix barrés, de bandeaux "moins 40 % sur tout le site" et de frais de port "exceptionnellement" offerts. La rédaction de faux avis est également monnaie courante sur ces sites, qui n'hésitent pas à commercialiser des produits dangereux ou interdits, comme des médicaments ou des stupéfiants. D'ailleurs, pour éviter tout "problème", les commerçants n'hésitent pas à recourir à des clauses abusives ou illicites, comme des clauses de non-responsabilité dans le cas où les informations fournies sur le site seraient inexactes ou incomplètes.

Les dropshipper sévissent aussi sur Amazon. © CCM

Selon leur importance ou leur gravité, les manquements ont donné lieu à 26 avertissements, 67 injonctions, 22 procès-verbaux pénaux et 9 procès-verbaux administratifs. Pour restreindre ou empêcher l'accès à certains sites illicites, l'administration a également effectué des réquisitions numériques à 88 reprises – ce pouvoir lui permet d'ordonner l'affichage d'un message d'avertissement, le déréférencement ou la restriction d'accès à un site ou une application mobile, ainsi que le blocage d'un nom de domaine. Elle compte être très vigilante concernant la mise en conformité des sites, car les propriétaires ne s'y soumettent pas forcément de façon spontanée. Depuis, certains d'entre eux ont tout simplement abandonné leur activité. D'autres vendeurs se sont mis en conformité pour poursuivre leur activité, tandis que d'autres n'ont pas hésité à fermer leur site Internet pour en créer un autre présentant les mêmes anomalies. Certaines procédures sont toujours en cours. De plus, l'enquête a été reconduite en 2023. Aussi, il faut rester particulièrement vigilant lors de son shopping en ligne, ne pas faire d'achats impulsifs et être bien attentif à certains signes qui ne trompent pas (voir notre guide pratique).