Samsung Galaxy Z TriFold : à quoi peut servir ce smartphone pliable en trois hors de prix ?
Après des mois de rumeurs, Samsung dévoile enfin officiellement le Galaxy Z TriFold, son premier smartphone pliable en trois pour se transformer en tablette ou en ordinateur. Un mobile spectaculaire et très cher, qui aura du mal à trouver son public.
Depuis des années, les prototypes de smartphones pliables en accordéon tournaient sur les salons comme des curiosités destinées à disparaître une fois les projecteurs éteints. Samsung a finalement décidé de transformer ce fantasme en produit réel en présentant officiellement le Galaxy Z TriFold, premier du nom.
Ce modèle se replie non pas une, mais deux fois, pour passer d'un format téléphone de 6,5 pouces classique à une véritable tablette de 10 pouces. Le Coréen veut prouver qu'il n'a pas perdu la main après l'avancée rapide du Chinois Huawei avec son Mate XT sur ce segment très particulier.
Galaxy Z TriFold : une prouesse technologique impressionnante
À la première prise en main, l'objet impressionne autant qu'il intrigue. Fermé, il ressemble à un Fold sous stéroïdes, plus épais, plus dense, presque intimidant. Déplié, en revanche, il atteint une finesse de 3,9 mm digne d'une tablette ultralégère. L'illusion se dissipe dès qu'on le soupèse : avec 309 g, le Galaxy Z TriFold est lourd, très lourd. C'est presque 50 % de plus qu'un smartphone classique, ce qui risque de déformer plus d'une poche et de peser en main lors d'une utilisation prolongée.
Samsung n'a pas fait les choses à moitié. Sous les trois panneaux Oled qui forment les trois parties de l'écran interne, on trouve un processeur Snapdragon 8 Elite, l'une des puces les plus puissantes de Qualcomm, accompagné de 16 Go de RAM et jusqu'à 1 To de stockage : des composants qui placent le Galaxy Z TriFold dans la catégorie des smartphones les plus musclés du moment, tandis que la batterie de 5600 mAh – réartiee en trois modules, un sous chaque panneau – promet une autonomie convenable.
La partie photo reprend en grande partie la configuration du Z Fold 7 : un capteur principal de 200 Mpx, accompagné d'un ultra grand-angle plus modeste et d'un téléobjectif 3x. Rien de révolutionnaire ici, et ce n'est de toute façon pas sur ce terrain que le TriFold prétend briller.
Galaxy Z TriFold : un véritable ordinateur de poche
Là où le Galaxy Z TriFold commence à justifier son existence, c'est sur l'usage général – notamment lorsque l'appareil est déplié. Sur 10 pouces, Android 16 et One UI 8 se montrent plus à l'aise que jamais. Les applications s'ajustent correctement, les fenêtres se redimensionnent avec souplesse et le multitâche à trois applications ne ressemble plus à un bricolage de dernière minute.
YouTube, discussions, navigation et galerie tiennent sans se marcher dessus. En mode portrait, le format allongé se prête parfaitement aux défilements compulsifs. Mais le véritable atout reste le mode DeX qui transforme le smartphone en véritable mini-ordinateur et, pour a première fois, sans écran externe : il suffit d'un clavier et d'une souris sans fil. L'ensemble se montre étonnamment crédible pour de la bureautique légère, pour de la bureautique légère, de la gestion de fichiers ou de la navigation Web intensive. C'est sans doute la proposition la plus aboutie à ce jour pour qui rêve de s'affranchir du PC traditionnel lors de déplacements.
Cependant, une incohérence majeure vient ternir ce tableau idyllique. Alors que la surface d'affichage appelle littéralement à la prise de notes manuscrite ou au dessin technique, Samsung a fait l'impasse sur la compatibilité avec le stylet S Pen. Un choix technique, probablement lié à la finesse de la dalle, qui prive le TriFold d'un atout majeur face aux tablettes classiques et qui laissera les créatifs sur leur faim.
Galaxy Z TriFold : une fragilité inquiétante
Un des premiers testeurs, le Youtuber Mrwhosetheboss, n'a pas tardé à mettre en lumière l'un des points noirs de l'appareil dans une vidéo de prise en main : la fragilité de l'écran interne, qui se révèle très "tendre". La dalle souple, nécessaire pour permettre le double pliage, marque avec une facilité déconcertante. Un simple appui un peu trop prononcé, un ongle mal taillé ou un contact accidentel avec un objet dur suffit à laisser une entaille permanente et visible sur cet écran précieux.
De plus, le revêtement arrière en composite de fibre de verre, choisi pour gagner quelques grammes, présente une texture vinyle qui accroche particulièrement les empreintes digitales. Garder ce bijou technologique propre relève de la mission impossible. Plus inquiétant encore est la certification IP48. Si le chiffre "8" garantit une résistance à l'eau, le "4" indique une protection contre les objets de plus de 1 mm, mais aucune étanchéité réelle à la poussière. Avec deux charnières et autant de points d'entrée potentiels, un simple grain de sable pourrait signifier la mort prématurée de l'affichage. De quoi craindre sérieusement des dégâts à court terme dans une utilisation quotidienne.
Ces choix étonnent, d'autant que Samsung a expliqué vouloir éviter qu'une partie de l'écran souple soit exposée lorsqu'il est fermé. L'intention est louable, mais les compromis sont visibles. On sent encore les limites physiques d'une technologie poussée à l'extrême.
Galaxy Z TriFold : un tarif hors sol
Toutes ces considérations techniques amènent au point de friction principal : le prix. Lancé en Corée aux alentours de 2 500 dollars dans sa version 512 Go, le Galaxy Z TriFold devrait logiquement atterrir sur le marché européen avec une étiquette proche des 3 000 euros, taxes comprises. À ce niveau tarifaire, similaire à celui du fameux casque Vision Pro d'Apple, on ne parle plus d'un achat "plaisir" ou même technophile, mais d'un investissement de luxe. Pour la même somme, on peut s'offrir un excellent smartphone haut de gamme, une tablette performante et un ordinateur portable correct.
Samsung positionne clairement ce produit comme une vitrine technologique, un étendard destiné à prouver sa supériorité sur les constructeurs chinois et à séduire une niche d'early adopters fortunés capables d'amortir le coût. Le TriFold n'est pas conçu pour devenir le prochain best-seller de la marque, mais plutôt pour tirer l'ensemble de la gamme vers le haut et normaliser, par contraste, les prix déjà élevés des modèles pliants classiques.
Ce smartphone préfigure peut-être l'avenir de l'informatique mobile, où la frontière entre téléphone et ordinateur s'efface totalement. Mais pour l'heure, il reste un objet de fascination imparfait, incroyablement fragile et financièrement inaccessible. À moins d'avoir un budget illimité et de traiter son téléphone avec la délicatesse d'un archéologue manipulant une relique, le Galaxy Z TriFold reste un objet de démonstration, une vitrine technologique destinée à ceux qui veulent – et peuvent – se payer un avant-goût du futur..
Mais la question essentielle demeure : qui a réellement besoin d'un écran de 10 pouces pliable en trois au quotidien ? Le TriFold incarne une prouesse technologique remarquable, mais aussi un symbole de la surenchère dans laquelle s'est lancé le marché du mobile haut de gamme. Si l'on s'en tient à l'accueil réservé par le public aux smartphones ultra-fins comme le Galaxy Edge ou l'iPhone Air, il est probable que le TriFold devienne simplement un fantasme réalisé, sans utilité réelle.




