C'est dans ce département que la taxe foncière est la plus chère (surprise, ce n'est pas le plus riche !)
La taxe foncière n'est pas la même partout en France. Et si elle est plutôt modeste dans certains départements, elle atteint des sommets dans d'autres, le record revenant même à un territoire inattendu.
C'est un impôt que tous les propriétaires redoutent chaque automne, souvent au même titre que la déclaration de revenus au printemps. La taxe foncière, prélevée une fois par an, finance directement les services publics locaux : entretien des routes, écoles, infrastructures communales. Sa particularité, c'est qu'elle est fixée à l'échelle locale, selon les besoins de chaque commune et la valeur cadastrale des biens. Résultat : il n'existe pas une taxe foncière, mais 36 000 versions différentes en France. Depuis la suppression progressive de la taxe d'habitation, la pression s'est accentuée sur cet impôt foncier, devenu la principale ressource directe des collectivités. Et cela s'est vu sur les montants : ces dernières années, les hausses se sont multipliées, souvent au rythme de l'inflation.
Selon le rapport publié au printemps 2025 par la Direction générale des finances publiques (DGFiP), le montant moyen de la taxe foncière en 2024 s'élevait à 1 826 euros. Un chiffre en hausse d'environ 9 % en un an, une progression largement imputable à l'indexation automatique sur l'inflation. Mais derrière cette moyenne nationale se cachent des écarts spectaculaires.
Dans plusieurs départements ruraux, notamment dans la Creuse, la Corrèze ou la Nièvre, la facture reste relativement légère, souvent inférieure à 1 200 euros par an pour une maison de 70 m². Ces territoires bénéficient de bases cadastrales faibles, de taux d'imposition limités et d'un coût foncier bien plus abordable. Dans certaines villes, comme Roubaix, Beauvais ou encore Paris, des exonérations partielles ou totales ont même été appliquées selon la politique municipale.
Mais en s'éloignant de ces zones épargnées, la tendance change rapidement. Dans plusieurs départements de l'Île-de-France, la taxe foncière grimpe en flèche, dépassant les 2 500 euros en moyenne dans des territoires comme l'Essonne ou le Val-d'Oise. En cause : la densité urbaine, les besoins d'investissement en équipements publics, et surtout la réévaluation des valeurs locatives, gelées pendant des décennies puis brusquement relevées. À cela s'ajoute le coût de la vie, la pression immobilière et les projets de rénovation urbaine qui alourdissent les budgets locaux. Les propriétaires franciliens sont donc parmi les plus sollicités de France.
Et c'est précisément dans cette région que l'on trouve le record national. À la surprise générale, ce n'est ni à Paris ni dans les Hauts-de-Seine que la taxe foncière est la plus élevée, mais en Seine-Saint-Denis. Selon les données compilées par la DGFiP et les comparateurs immobiliers, les propriétaires de ce département ont dû s'acquitter en moyenne de 3 642 euros en 2024 pour une maison standard.
Une somme impressionnante dans un territoire où le revenu médian reste parmi les plus faibles du pays : c'est même le plus pauvre de métropole selon un rapport de l'Observatoire des inégalités. Les experts pointent un paradoxe : la densité de logements, les besoins d'entretien urbain et les services municipaux y sont considérables, mais la base fiscale, elle, repose sur une population moins aisée. Le résultat, c'est une charge fiscale disproportionnée, qui pèse lourdement sur les ménages modestes.
Ce déséquilibre met en lumière la grande fragilité de la fiscalité locale française. Car pendant que certains départements ruraux attirent de nouveaux propriétaires grâce à des impôts stables, d'autres peinent à contenir la hausse malgré un pouvoir d'achat en berne. La Seine-Saint-Denis illustre à elle seule cette contradiction : forte urbanisation, revenus faibles et fiscalité record. Une situation qui risque encore d'évoluer, puisque plusieurs communes envisagent de relever à nouveau leurs taux dès 2026 pour compenser la hausse de leurs dépenses d'énergie et d'entretien.