Voici ce que Microsoft propose pour continuer à utiliser Windows 10 après 2025
Microsoft accorde une année supplémentaire de mises à jour de sécurité à ceux qui souhaitent rester sous Windows 10 après 2025. Mais pour en bénéficier gratuitement, il faudra accepter de partager des données personnelles.
Après des mois d'incertitude, Microsoft a enfin levé le voile sur les conditions d'extension du support de Windows 10. Officiellement, le système lancé à l'été 2015 atteindra sa fin de vie le 14 octobre 2025. Passé cette date, plus de correctifs de sécurité, plus d'assistance, plus rien – sauf si l'on souscrit au programme ESU (Extended Security Updates). Une formule qui prolonge le soutien pendant une année, jusqu'en octobre 2026 et dont Microsoft vient de dévoiler les modalités dans un article de blog publié le 22 juillet. Trois options existent pour y accéder, mais aucune n'est vraiment gratuite.
La première est la plus simple : payer 30 dollars pour un seul PC. Ce tarif annuel, fixe pour le moment, peut sembler raisonnable, mais il devient vite pénalisant si l'on gère plusieurs ordinateurs à domicile.
Pour éviter de passer à la caisse, deux alternatives sont proposées. L'une repose sur le système de points de fidélité Microsoft Rewards : il faut échanger 1 000 points contre une année de support. Une récompense réservée aux utilisateurs fidèles, ceux qui utilisent Bing, jouent sur Xbox ou effectuent leurs achats via le Microsoft Store. L'autre option, plus accessible, consiste à activer l'application de sauvegarde Windows Backup. Une simple opération en apparence, qui permettrait de bénéficier de la prolongation sans sortir un centime. Sauf que ce choix n'est pas neutre : en activant la sauvegarde, l'utilisateur autorise la synchronisation de ses fichiers, mots de passe, paramètres et applications avec les serveurs de Microsoft, via OneDrive.
Mises à jour de Windows 10 : la gratuité sous conditions
C'est ici que la stratégie de Microsoft devient plus ambiguë. Offrir une extension de support gratuite en échange d'une intégration renforcée dans son écosystème cloud peut sembler acceptable. Mais la quantité de données personnelles aspirées par Windows Backup pose question. D'autant que l'espace gratuit sur OneDrive est volontairement limité à 5 Go. Très vite, une alerte s'affiche : pour continuer à sauvegarder l'intégralité du contenu de votre PC, il faut souscrire à Microsoft 365. Ce qui ressemble à une mesure de sécurité devient alors un levier commercial pour vendre un abonnement. L'utilisateur, initialement soulagé d'éviter de payer, se retrouve incité à adopter un service dont il n'avait peut-être pas besoin.
Cette manœuvre n'est pas nouvelle, mais elle prend un relief particulier à mesure que l'échéance d'octobre 2025 approche. Car le contexte n'est pas favorable à une migration en masse vers Windows 11. Le système, lancé en 2021, n'a toujours pas convaincu une majorité d'utilisateurs. À ce jour, Windows 10 reste installé sur plus de la moitié du parc mondial. Une inertie qui s'explique par les exigences matérielles de Windows 11, notamment la fameuse puce TPM 2.0, absente sur des millions de machines encore parfaitement fonctionnelles. Pour nombre d'utilisateurs, migrer vers Windows 11 impliquerait tout simplement de changer de PC. Un coût bien supérieur à celui d'un abonnement ESU.
Cette impasse technique pourrait provoquer un désastre écologique : selon certains groupes de défense comme PIRG, la fin du support de Windows 10 pourrait entraîner la plus grande vague de mise au rebut d'ordinateurs jamais vue. Pour Microsoft, maintenir une option de prolongation, même imparfaite, est donc aussi un moyen de temporiser. L'entreprise l'admet elle-même : le programme ESU n'est pas une solution durable, mais une réponse provisoire pour ceux qui ont besoin de temps. En parallèle, elle multiplie les efforts pour pousser vers Windows 11, en renforçant son outil de migration et en envoyant des notifications de rappel de plus en plus fréquentes.
Ce qui est en jeu ici, ce n'est pas seulement la sécurité logicielle, mais la liberté de choix. Payer pour continuer à utiliser son propre ordinateur en toute sécurité, céder une part de son intimité numérique pour bénéficier d'un répit gratuit, ou se résoudre à migrer vers un système plus contraignant : aucune de ces options n'est totalement satisfaisante. Microsoft laisse le choix, mais en orientant discrètement la décision. Un sursis n'est pas une solution, et pour des millions d'utilisateurs, il reste à savoir si ce sursis est un compromis raisonnable ou une façon élégante de forcer la main.