Test Beelink ME mini : un NAS domestique élégant et astucieux

Test Beelink ME mini : un NAS domestique élégant et astucieux

Avec son étonnant ME mini, Beelink propose un serveur de stockage miniature capable d'accueillir jusqu'à six SSD pour une capacité totale de 24 To. Le tout à un prix serré et avec un design particulièrement élégant.

Après les mini PC, voici les mini NAS ! De fait, on connait bien désormais ces ordinateurs miniatures qui remplacent très avantageusement les volumineuses tours d'antan avec des boîtiers ultra compacts silencieux et économes en énergie – nous en parlons régulièrement. Si le concept a été initié par Intel avec sa gamme NUC, aujourd'hui confiée à Asus, de nombreux fabricants chinois se sont depuis spécialisés dans ce domaine – Beelink, Geekom, MinisForum ou encore NiPoGi, pour ne citer que les plus connus – et même Apple y est revenu en force récemment avec son excellent Mac mini M4, plus petit et plus performant que ses prédécesseurs. 

Mais cette tendance à la compacité ne concerne plus seulement les ordinateurs : elle s'étend désormais aux NAS (pour Network Attached Storage), ces systèmes de stockage connectés en réseau. Plus sophistiqués que de simples disques partagés, ces dispositifs bien connus des experts offrent de nombreux avantages au quotidien, pour les entreprises comme pour les particuliers, surtout dans les foyers qui utilisent plusieurs appareils (ordinateurs, smartphones tablettes, consoles de jeu, TV connecté, etc.).

Et pour cause ! En premier lieu, un NAS permet de stocker en un seul endroit des fichiers de toutes sortes (documents, photos, vidéos, musiques, applications, etc.) et de les partager facilement avec tous les appareils connectés au réseau local. Il peut également servir à archiver des sauvegardes automatiques, pour conserver des copies de sécurité. Il peut aussi remplir le rôle d'un serveur multimédia, en diffusant en streaming des flux audio-vidéo, grâce à des logiciels spécialisés comme Flex ou Emby. Il peut même télécharger automatiquement des fichiers, ce qui évite de sans laisser un ordinateur allumé. Et comme un NAS est aussi accessible à distance, via Internet, il peut aussi faire office de cloud personnel, en évitant de payer des abonnements à des services spécialisés comme Google Drive, OneDrive, iCloud, DropBox et consorts. On peut même utiliser un NAS pour héberger un serveur Internet ou un site Web.  

À cela s'ajoutent plusieurs fonctions de sécurité appréciables. Contrairement aux services de cloud publics, les fichiers ne sont pas stockés sur les serveurs d'une entreprise, ce qui réduit les risques de fuites de données ou d'accès non autorisé. Sur certains modèles, on peut installer un VPN pour sécuriser l'accès à Internet ou encore utiliser un système de contrôle parental pour limiter les connexions des enfants. Surtout, la plupart des NAS peuvent accueillir plusieurs unités de stockage (disques durs, ou SSD) ce qui permet non seulement d'étendre leur capacité mais aussi aussi de sécuriser les données grâce à la technologie RAID, via des systèmes de duplication et de correction d'erreurs. Autant d'atouts et d'avantages qui justifient l'intérêt des experts et autres power users pour les NAS. 

Plusieurs fabricants spécialisés proposent des NAS sous la forme d'appareils autonomes prêts à l'emploi, avec diverses capacités d'accueil – de 1 à 8 disques en général – et des fonctions plus ou moins évoluées, parmi lesquels Synology, le plus célèbre, Qnap, Asustor ou encore Terramaster. Mais depuis quelque temps, d'autres constructeurs s'intéressent à ce marché qui grandit à mesure que le besoin de stockage partagé grandit dans les foyers. Des marques assez confidentielles comme Aoostar, PeeliCeeli, Flox ou MNBoxconet commercialisent ainsi des NAS construits autour de PC "légers". Et des fabricants de mini PC se sont logiquement lancés dans l'aventure en concevant des machines hybrides, pouvant servir à la fois d'ordinateur miniature et de NAS, tels MinisForum (avec ses N5 et N5 Pro) ou de GMKtec (avec son NucBox G9). Et c'est désormais aussi le cas de Beelink avec son ME mini, un appareil étonnant et séduisant à plus d'un titre.

© CCM

Premier représentant d'une nouvelle gamme appelée à s'étendre, le ME mini se distingue d'emblée des autres solutions sur plusieurs points. D'abord, c'est un véritable mini PC. Contrairement à de nombreux NAS "purs", qui sont équipés de puces ARM fonctionnant sous une distribution Linux spécifique, il est motorisé par un processeur x86 Intel "classique". Certes, il s'agit d'un modèle basse consommation peu puissant, mais il lui permet de faire tourner Windows 11 – installé en standard – et toutes sortes d'applications.

Ensuite, en plus de son SSD de base, il intègre un petit dispositif du stockage auxiliaire de type eMMC – une mémoire Flash comme on en trouve sur les cartes SD par exemple – destinée à accueillir un autre système d'exploitation, mieux adapté au fonctionnement d'un NAS. Surtout, malgré son format ultra compact, il peut héberger six SSD au format M.2 NVMe de 4 To maximum chacun, pour un total impressionnant de 24 To. Enfin, et même si c'est accessoire et subjectif, il arbore un design particulièrement élégant qui tranche agréablement avec les boîtiers austères des NAS traditionnels et qui permet de l'installer n'importe où dans la maison sans jurer avec la déco.

Dernier détail, son prix : il est vendu à moins de 300 euros dans sa version de base, avec 12 Go de mémoire vive, 64 Go de stockage eMMC et un SSD de 1 To – qui plus est, un modèle de qualité signé Crucial, un grand spécialiste des mémoires que Beelink a choisi come partenaire pour concevoir le ME mini. Un tarif très raisonnable, bien inférieur à celui des NAS classiques, et qui permet donc de s'offrir un petit serveur de stockage domestique sans se ruiner.

Beelink ME mini : l'avis de CCM
  • Design compact et élégant
  • Alimentation intégrée
  • Fonctionnement ultra silencieux
  • 2 ports Ethernet 2,5 Gbit/s
  • Stockage facilement extensible (6 SSD)
  • Mémoire vive généreuse
  • Très faible consommation électrique
  • Nombreuses options du Bios 
  • Windows 11 Pro préinstallé sans logiciel inutile
  • Excellent rapport fonctions/prix
  • Pas de système NAS préinstallé
  • Petite tendance à chauffer en fonctionnement

Premier point positif, le design : le ME mini profite d'un très joli boîtier quasi cubique de 10 cm de côté – pour un poids de 790 g – décliné en trois coloris doux (blanc, gris et bleu). Comme il est vraiment très petit et vraiment silencieux (voir plus loin), il trouvera facilement sa place n'importe où, que ce soit dans un bureau, à proximité d'un box ou d'un routeur, ou dans un salon, près d'un téléviseur, en restant discret et élégant. Et ce, d'autant plus que son alimentation est intégrée, comme sur d'autres mini PC récents de Beelink, ce qui permet de le brancher directement sur une prise de courant classique, sans bloc adaptateur disgracieux et gênant : on est bien loin des NAS classiques au style industriel, comme de nombreux périphériques informatiques à l'ancienne. Beelink a vraiment fait fort sur ce plan : on croirait presque à un produit signé Apple ou Ikea !

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Comme le ME mini est un mini PC, il possède davantage d'interfaces qu'un NAS classique. À l'avant, en plus du bouton marche-arrêt et de deux Led d'état, on trouve une prise USB-A et une autre en USB-C, toutes deux compatibles USB 3.2 (10 Gbit/s). À l'arrière, une une prise USB-A compatible USB 2.0 (480 Mbit/s) qui peut être alimentée en permanence si besoin, une sortie HMDI pour un écran (jusqu'à une définition 4K à 60 Hz), une prise pour le cordon d'alimentation – évidemment fourni ! – et deux ports Ethernet 2,5 Gbit/s.

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Associée à un contrôleur Intel AX101, cette double interface ne sera pas utile à tout le monde : mais les experts apprécieront la possibilité d'utiliser simultanément deux réseaux pour des applications spécifiques. Là encore, c'est un plus par rapport à de nombreux NAS "grand public" qui se contentent d'une seule prise Ethernet en général et le plus souvent à 1 Gbit/s. Enfin, toujours au chapitre communications, signalons que le ME mini est équipé de modules sans fil compatibles Wi-Fi 6 et Bluetooth 5.2. Encore un avantage sur les NAS traditionnels, dépourvus d'interfaces sans fil.

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Alors certes, l'ensemble reste moins complet que ce que l'on trouve sur la plupart des mini PC : il y a moins de prises USB et on ne peut brancher qu'un seul écran. Mais le ME n'est pas conçu pour faire office d'ordinateur "normal" : c'est avant tout un NAS. Et dans le genre, il est bien doté !

L'ouverture du ME mini est très simple. La seule étape pénible, c'est de retirer les quatre minuscules capuchons de caoutchouc qui dissimulent les vis de fixation de la coque sur la base. Agaçant d'autant qu'il ne servent à rien dans la mesure où le boîtier repose sur une base circulaire percée de petites aérations sur sa circonférence… Cela fait, le capot se déboite facilement pour laisser apparaître les entrailles de la machine. 

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C'est précisément là que se situe toute l'ingéniosité de l'architecture imaginée par Beelink : tout est construit autour d'un énorme radiateur métallique en forme de tour qui repose sur la carte mère et qui dispose de six emplacements verticaux pour accueillir des SSD au format M2, aussi bien en 2280 qu'en 2230 ou en 2242. Original et malin ! L'ensemble est en outre surmonté d'un ventilateur – c'est le seul de la machine – qui aspirer l'air extérieur à travers les petits trous percés sur la partie supérieure du capot pour le pousser vers le bas, donc vers les composants. On remarque aussi le bloc d'alimentation interne, encastré directement dans un des côtés du radiateur, là encore pour dissiper sa chaleur. Dans le même registre, les six emplacements pour SSD disposent tous d'un tampon thermique – recouvert d'un autocollant de protection– permettant d'assurer un contact optimal avec le radiateur. Bien vu !   

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Mais s'ils sont tous au format M.2 2280, ils ne sont pas tous identiques pour autant : seul le n° 4, dans lequel se trouve le SSD Crucial installé en standard, est à la norme PCIe Gen 3 x2, les cinq autres se contentant de la norme PCIe Gen 3 x1. La différence ? Un débit maximum inférieur, d'environ 1 Go/s contre quasiment 2 Go/s. Toutefois, en pratique, cela n'a guère d'importance dans la mesure où le débit réel des transferts est limité par les ports Ethernet, qui plafonnent à 2,5 Gbit/s, soit un peu plus de 300 Mo/s. L'avantage, c'est que cela permet d'installer des SSD moins rapides, donc moins chers. 

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L'intérieur du ME mini ne se limite évidemment pas à son immense radiateur et à ses emplacements pour SSD. Sa minuscule carte mère, placée directement sous le dissipateur, comporte son lot de composants, comme n'comporte quel ordinateur, même miniature. L'avantage, avec cette architecture originale, c'est qu'ils profitent tous du gros dissipateur qui les surmontent..

Côté processeur, Beelink a choisi un Intel N150, une puce récente mais modeste de génération Twin Lake, à 4 cœurs et 4 threads avec 6 Mo de mémoire cache L3, gravée en technologie Intel 7 fonctionnant à des fréquences allant de 800 MHz à 3,6 GHz en mode turbo. Son principal atout ? Sa consommation très basse, avec une enveloppe thermique (TDP) de seulement 6 W. Une caractéristique qui lui permet de fonctionner longtemps sans chauffer, ce qui est essentiel dans un appareil compact amené à tourner en permanence, comme tout serveur qui se respecte.  

Pour la mémoire, le ME mini a carrément droit à de la LPDDR5-4800, ce qui peut paraître étonnant au vu des capacité du processeur. Toutefois, si cette mémoire moderne et rapide fonctionne en double canal avec des débits plus que suffisants, elle n'est pas extensible : les modules installés par défaut sont soudés sur la carte mère, comme c'est souvent le cas sur des PC récents. Mais Beelink a été vraiment  généreux avec une capacité confortable de 12 Go. qui suffit amplement compte tenu de la vocation du ME mini, notamment pour une utilisation en NAS, de nombreux modèles d'entrée de gamme signés Synology ou Qnap devant se contenter de 1, 2 ou 4 Go.  

Petite précision importante pur les férus de NAS et de sécurité : le ME mini ne possède pas de contrôleur Raid physique intégré. Toutes les fonctions de redondance doivent être gérées par logiciel. Rien de bien grave cependant dans le cadre d'un usage domestique.

En termes de performances, le ME mini joue dans la cour des petits. Logique, compte tenu de la puissance très limitée de son processeur, qui ne peut pas rivaliser avec des puces plus sophistiquées de type Intel Core ou AMD Ryzen. Rien d'étonnant donc d'obtenir des résultats très faibles aux classiques benchmarks : 1434 points en global sous Passmark, avec seulement 5394 points pour le processeur ; 818 points en monocœur, 1672 points en multicœurs pour le CPU et 3827 points pour le GPU sous Geekbench ; 897 points en monocœur et 2763 points en multicœurs sous Cinebench R23. Des valeurs faibles, et même inférieures à celles obtenues par d'autres mini PC avec un N150, et qui s'expliquent par les choix de Beelink, visiblement guidés par la recherche d'une consommation basse plutôt que des performances pures. 

Relativisions toutefois ces chiffres bruts. Si le N150 ne rivalise absolument pas avec les derniers Core ou les puissants Ryzen de dernière génération, il se hisse tout de même au niveau d'un Core i5-7400, un processeur de milieu de gamme de 2017. Pas récent, certes, mais pas ridicule non plus. D'autant qu'à performances équivalentes, il est beaucoup plus économe en énergie. De fait, si le ME mini ne peut prétendre à de "hautes fonctions" avec des applications exigeantes (montage vidéo, création numérique, jeu…), il peut suffire pour de la bureautique légère, de la navigation Internet et  la lecture multimédia. Toutefois, en tant que mini PC sous Windows 11, le ME mini ne présente guère d'intérêt par rapport à d'autres modèles : de nombreux ordinateurs miniatures en font autant pour moins cher – y compris chez Beelink qui propose plusieurs références d'entrée de gamme à moins de 200 euros – avec une connectique plus riche et de la mémoire vive extensible. 

Quelques mots sur les performances du disque. Avec CrystalDiskMark, nous avons relevé des débits de 1735 Mo/s en lecture et de 1682 Mo/s en écriture sur le SSD installé en standard. Des performances inférieures à celles que le très bon Crucial P3 Plus peut obtenir en principe, de l'ordre de 5000 Mo/s en lecture et de 4200 Mo/s en écriture. Cela est du aux limitations de l'emplacement M.2 NVMe en PCIe Gen 3 x2. De même, sur les autres emplacements, en PCIe Gen 3 x1, on note des débits encore plus bas, de 740 Mo/s en lecture et 540 Mo/s en écriture. Des chiffres qui peuvent paraître décevants de prime abord, mais qui sont parfaitement cohérents avec l'usage du ME mini en tant que NAS qui, encore une fois, reste limité par les quelque 310 Mo/s que peut délivrer un de ses ports Ethernet – et ne parlons pas du Wi-Fi, moins performant que l'interface filaire.

On l'aura compris, le ME mini n'est pas un mini PC de compétition. Et s'il peut servir d'ordinateur d'appoint pour de la bureautique, la seule bonne raison de le laisser fonctionner avec Windows 11, c'est pour l'utiliser comme un PC de salon multimédia – un HTPC, pour Home Theater PC, dans le jargon du Home Cinema. Mais pour cela, il faut installer un logiciel adapté à cette fonction, comme Kodi, Plex ou Jellyfin : logiciel qu'il faut télécharger, installer et configurer soi-même, car Beelink n'en propose aucun en standard. Rien de sorcier au demeurant : ces applis étant gratuites, populaires et assez simples d'emploi, elles bénéficient toutes d'une large communauté d'amateurs prêts à aider qui partagent des tutoriels et des conseils.

La véritable raison d'être du ME mini, c'est de servir de serveur de stockage domestique, pour archiver et partager des fichiers sur un réseau local. Pour cela, il est tout à fait possible d'utiliser Windows qui possède des fonctions de partage en réseau. L'avantage, c'est que cette solution est simple à mettre en place. Mais elle présente plusieurs inconvénients. D'abord, elle nécessite de laisser tourner la machine avec Windows, même quand elle n'est pas utilisée comme un PC. Ce qui implique de laisser branchés un clavier, une souris et un écran, ne serait-ce que pour saisir un mot de passe ou un code PIN pour y accéder directement chaque fois que l'on veut effectuer une manipulation. Idem pour les mises à jour régulières de Windows, qui nécessitent souvent un redémarrage. Ensuite et surtout, Windows offre beaucoup moins de souplesse que les véritables systèmes d'exploitation conçus pour les NAS, notamment au niveau des accès à distance.

De fait, il est préférable d'installer sur le ME mini un véritable système NAS, tel TrueNAS, le plus célèbre, Unraid, puissant mais payant, ou encore FNOS, un nouveau système chinois encore en cours de développement. Pour nos tests, nous avons choisi TrueNAS, dans sa version Community, en l'installant sur la fameuse mémoire eMMC, comme Beelink le recommande. 

Et, disons-le d'emblée, l'opération n'a rien d'évident. Comme toujours avec TrueNAS, il faut télécharger l'image ISO du système sur le site de son éditeur puis la copier sur une clé USB bootable avec un utilitaire spécialisé comme Rufus ou BalenaEtcher. Un fois la clé insérée dans un port USB du ME mini, il faut ensuite jouer de la touche F7 au démarrage pour la sélectionner comme support de démarrage et se lancer enfin dans l'installation proprement dite de TrueNAS en choisissant la mémoire eMMC comme destination, le tout entièrement en mode texte, avec d'innombrables messages cryptiques. Une étape pénible, d'autant que nous avons du nous y reprendre à plusieurs reprises à cause d'une mystérieuse erreur sur une partition de l'eMMC. Et une fois TrueNAS installé, il faut utiliser un autre appareil en réseau pour le configurer via une interface Web, heureusement beaucoup plus agréable, après avoir noté l'adresse IP de la machine. C'est là que l'on peut ajuster els réglages réseau, créer les pools de stockage, définir les accès, etc. Sans oublier de passer par le BIOS du ME mini pour régler quelques paramètres. 

À ce propos, il convient de signaler que Beelink a implanté un BIOS particulièrement riche – c'est même l'un des plus complets que nous ayons vus ! Il regorge littéralement de paramètres et d'options en tout genre. De quoi satisfaire les utilisateurs les plus pointus, qui souhaitent contrôler le moindre détail sur leur machine. 

Mais cette débauche technique témoigne également de l'ambiguïté du positionnement du ME mini. car si ce mini PC-NAS est censé s'adresser au plus grand nombre, à la fois par son prix et son design, il ne peut pas être utilisé tel quel par des débutants. Sa configuration en mode NAS, notamment, exige de sérieuses compétences techniques. Aucun souci pour les utilisateurs expérimentés ou initiés, qui sauront mener à bien toutes les opérations pour le mettre en service et l'adapter à leurs besoins spécifiques. Mais pour les nocives, c'est une autre paire de manches. Certes, on peut se débrouiller avec le document que Beelink a mis en ligne sur les pages de support de son site Web, mais il est incomplet et il vaut mieux suivre des tutos – on en trouve des tonnes sur YouTube et sur les forums spécialisés – pour aller jusqu'au bout. Bref, on est loin du plug and play, comme avec Windows 11, et il faut se préparer à de longues manipulations délicates.

Selon nous, Beelink aurait tout intérêt à préinstaller quelques logiciels gratuits comme Plex ou TrueNAS pour rendre le ME mini plus rapidement opérationnel après le déballage. Le constructeur a visiblement préféré laisser les utilisateurs entièrement libres de leurs choix en matière de systèmes d'exploitation et d'applications, mais, en pratique, cette liberté ne sera appréciée que des initiés. 

Ces remarques posées, et une fois correctement configuré, le ME mini s'avère efficace et même plaisant à utiliser. Il remplit parfaitement et facilement son rôle quand on l'utiles pour partager des fichiers avec Windows ou pour diffuser des contenus audio-vidéo en streaming avec Plex. Nous avons également installé Linux Mint en version 22.4, et sur le SSD principal cette fois, juste pour vérifier que tout fonctionnait bien, ce qui est le cas. Mais, comme pour Windows, cette configuration ne présente guère d'intérêt pratique par rapport à des mini PC classiques.

De fait, c'est en mode NAS que nous avons vraiment apprécié le ME mini. Certes, les débits bruts des SSD ne sont pas extraordinaires : mais, comme on l'a dit, ils sont de toute façon limités par les interfaces réseau, que ce soit en Ethernet ou en Wi-Fi. Et ils suffisent amplement pour des usages courants, qu'il s'agisse de copier des fichiers, d'effectuer des sauvegardes ou de lire des vidéos sur un téléviseur connecté – même en 4K-UHD en haute qualité, le débit d'une vidéo ne dépasse pas les 100 Mbit/s, il y a donc de la marge ! 

Dans tous ces usages courants, le N150 tire d'ailleurs bien son épingle du jeu, sans forcer. Quoique modeste, il convient parfaitement pour faire tourner un serveur de fichiers : ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les spécialistes des NAS "purs" se content de puces moins puissantes. 

Détail important et très appréciable : le ME mini est remarquablement silencieux. On ne l'entend absolument pas fonctionner à une distance "normale", que ce soit dans un bureau ou dans un salon, avec moins de 30 dBA au sonomètre à 30 cm de distance au repos et pas plus de 33 dBA en utilsiation inesive. Et il faut vraiment coller l'oreille à son aération supérieure pour percevoir le doux ronronnement de son gros et unique ventilateur, qui tourne à basse vitesse, avec un son grave, pas du tout strident. Rien à dire : Beelink a vraiment fait fort sur ce plan !

De même, sa consommation électrique s'avère exemplaire : nous avons relevé entre 10 et 20 W en utilisation bureautique et seulement 25 W en usage intensif – ce qui n'est évidemment pas sa vocation première –, moins de 7 W au repos et même quasiment 0 W en veille simple. Vraiment d'excellentes valeurs qui permettent de le laisser tourner en permanence sans craindre pour la facture d'électricité. 

En revanche, nous avons noté que son boitier peut se révéler assez chaud quand on sollicite le processeur ou les SSD de façon intensive : avec un seul SSD, nous avons mesuré plus de 45 °C sur un flanc, en bas, du côté de sa carte mère, et 40 °C sur le dessus, au niveau de l'aération, pendant des mises à jour de Windows. Rien d'excessif en soi, ni d'inquiétant, d'autant que le CPU ne dépasse pas les 78 ̈C dans les cas extrêmes. Pour aller plus loin, dans une situation réaliste, nous avons laissé le ME mini fonctionner en continu pendant 24 heures en mode serveur vidéo et nous avons mesuré des températures de 50 ̈C en bas et de 45 ¨C en haut, ce qui reste très raisonnable par rapport à d'autres machines. Mais on peut émettre quelques doutes sur la capacité à refroidir correctement six SSD, quand le ME mini a fait le plein de stockage et qu'il tourne à fond avec des tâches plus exigeantes.

Dans un registre adjacent, on peut aussi se demander si Beelink n'a pas vu en peu juste dans le dimensionnement de l'alimentation intégrée, de 45 W. Car si la consommation d'un SSD au repos varie entre 1 et 3 W en moyenne, elle peut grimper à 8 voire 10 W en phases de lectures et d'écritures intensives. Et si les six SSD du ME mini fonctionnent tous en même temps, en plus de reste, l'alimentation risque d'atteindre ses limites.    

© CCM

Au final, le ME mini apparait comme un appareil original et séduisant, qui tient bien ses promesses. Certes, malgré sa mémoire confortable et son espace de stockage très généreux – et extensible –, il ne peut pas prétendre à de "hautes fonctions" en tant que mini PC avec son processeur très modeste et sa connectique limitée. Mais ce n'est pas sa vocation première ! Et en tant que NAS, il rivalise aisément avec des produits spécialisés. D'autant qu'à environ 300 euros avec un SSD Crucial de 2 To et un peu plus de 200 euros sans SSD (en direct sur le site de Beelink comme sur Amazon), il est nettement moins cher, surtout quand on le compare à des modèles exploitant des SSD. Sans compter son design et son silence, qui en font un objet à la fois élégant et discret dans un cadre domestique.

Notre seul véritable reproche concerne sa partie logicielle : il est vraiment dommage que Beelink n'ait pas prévu d'installer d'office un système NAS, en plus de Windows 11, pour le rendre plus ou moins prêt à l'emploi, comme le sont les NAS de marques spécialisées – cela viendra peut-être dans une prochaine version. En l'état, le ME mini nécessite une configuration complémentaire trop complexe pour des novices, ce qui cadre mal avec sa vocation personnelle et familiale. Pour l'heure, en tant que NAS, il se destine surtout à des utilisateurs initiés. Mais rien n'empêche en revanche de l'utiliser tel quel comme un mini PC de salon pour du home cinema en le reliant à un téléviseur, en profitant de son immense capacité de stockage. Quoi qu'il e soit, on ne peut que saluer l'ingéniosité et la créativité de Beelink pour avoir conçu cet appareil original qui pourrait bien faire école.