Des fabricants de PC ont utilisé cette astuce pour pirater des logiciels en toute légalité

Des fabricants de PC ont utilisé cette astuce pour pirater des logiciels en toute légalité

Pendant des années, des constructeurs de PC ont réussi à offrir des versions complètes de logiciels préinstallés à leur clients grâce à une astuce particulièrement ingénieuse, et parfaitement légale. Incroyable, mais vrai !

Quand on achète un ordinateur neuf, il est courant qu'il soit livré avec une série de logiciels préinstallés et "gratuits". Ou du moins, présentés comme tels. Car dans les faits, la plupart de ces programmes ne sont souvent que des versions d'essai, limitées dans la durée (30 ou 60 jours en général) ou dans leurs fonctions. C'est le cas notamment des solutions de sécurité de type antivirus que l'on trouve sur les PC de grandes marques.

Mais, dans les années 90 – oui, au siècle dernier ! –, il n'était pas rare de tomber sur des machines avec des versions complètes de logiciels commerciaux, utilisables sans limite. Une excellente surprise pour les utilisateurs, qui n'avaient pas à débourser un centime pour des produits normalement payants, et parfois assez chers. 

Pour autant, ce joli cadeau ne tenait pas à tant à la générosité des fabricants qu'à leur ingéniosité. Car leur déblocage des versions d'essai des logiciels reposait sur une astuce étonnante, comme le raconte Raymond Chen, un ingénieur vedette de Microsoft qui a notamment participé au développement de Windows depuis 30 ans et qui connait un tas d'anecdotes amusantes et édifiantes sur le milieu de l'informatique. 

Bios © Award

À l'époque, pour éviter de gérer des milliers de clés de licence, les éditeurs de logiciels intégrait dans leurs programmes un test très simple : vérifier si l'ordinateur était fabriqué par un constructeur partenaire. Pour cela, il suffisait que le BIOS du PC contienne une chaîne de caractères bien précise, comme "Copyright Fabricant Computer". Si cette formule était présente, alors le logiciel activait toutes ses fonctions, comme si la licence avait été payée. Une méthode rudimentaire, mais qui fonctionnait… tant que personne n'en abusait.

C'est là que l'histoire devient savoureuse. D'autres constructeurs, non partenaires, ont rapidement compris le fonctionnement de cette détection. Copie directe de la fameuse phrase ? Trop risqué juridiquement. Alors ils ont trouvé une parade élégante — et totalement légale. Ils ont inséré dans leur BIOS une chaîne quasi identique : "Not Copyright Fabricant Computer". Pour les juristes, aucune ambiguïté : l'ordinateur affirme explicitement ne pas être de marque Fabricant. Mais pour le logiciel, incapable de faire la différence entre une affirmation et sa négation, la détection passait comme une lettre à la poste puisque la formule recherchée "Copyright Fabricant Computer" était bien présente ! 

Voilà comment une simple astuce, malicieuse mais parfaitement légale, a permis à des constructeurs malins d'offrir des logiciels complets à leurs clients. Certes, la technique n'était pas très morale, mais on peut apprécier la créativité de ces fabricants qui pouvaient ainsi se démarquer facilement de leurs concurrents sans bourse délier !

Cette astuce, bien que redoutable, n'a pas survécu aux évolutions technologiques. Dès la fin des années 90, les éditeurs ont renforcé leurs protections : clés de licence, activations par Internet, systèmes chiffrés… Trop simple, le test du BIOS est devenu obsolète. Et les constructeurs ont préféré signer des partenariats officiels pour éviter tout litige. L'histoire du "Not Copyright" est donc restée comme un clin d'œil d'une époque plus artisanale de l'informatique, où un simple mot pouvait faire toute la différence.