La SNCF et la RATP détestent cette appli : elle signale les contrôleurs dans les transports en commun

Depuis quelques jours, une application déchaîne les passions en permettant de signaler la position des contrôleurs dans les transports en commun. Mais si elle fait le bonheur des fraudeurs, elle est dans le viseur des autorités…
Les choses se corsent pour les voyageurs franciliens ! Alors que le pass Navigo passe de 86,20 à 88,80 euros par mois et que la tarification du ticket unitaire a été complètement revue, la lutte contre la fraude s'intensifie. En effet, depuis le 8 janvier, les contrôleurs disposent d'un nouvel outil numérique leur permettant de traquer les tricheurs, qui ne peuvent plus mentir sur leurs coordonnées. C'est dans ce contexte que l'application mobile Akha, disponible depuis 2023, connaît un fort regain d'intérêt.
La plateforme, créée par le développeur mobile Sid Ahmed Mekhiche, se présente comme une application "de signalement dans les transports en commun". Elle permet d'avertir les utilisateurs d'éventuels incidents lors des déplacements, comme une "panne de matériel, un retard ou un comportement inapproprié". Elle met en avant son côté communautaire et solidaire, notamment via le marqueur SOS, "contre les agressions, les incivilités, les pannes matérielles qui empêchent l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite". C'est un peu le Waze des transports en commun finalement ! En résultat, elle se hisse en première position des applications gratuites les plus téléchargées dans la catégorie "Transports" sur l'App Store en France.
Mais Akha possède une fonction qui a vite capté l'attention des utilisateurs : pouvoir signaler la présence des contrôleurs pour éviter aux usagers en infraction de se prendre une amende. Le nom de l'application est d'ailleurs lourd de sens, puisqu’il s'agit du cri d'avertissement utilisé par les guetteurs dans le milieu de la drogue pour signaler l'arrivée de la police ou d'une personne suspecte aux vendeurs et clients. C'est on ne peut plus limpide.
Aussi, le lundi 13 janvier, la présidente de la région Ile-de-France et d'Île-de-France Mobilités Valérie Pécresse s'est dite "scandalisée par l'application" et réclame sa fermeture. "L'application, qui sans vergogne se baptiser du nom du signal d'alarme des dealers, vient faciliter la fraude dans les transports en localisant les contrôleurs et les forces de sécurité", fustige-t-elle.
"C'est une infraction pénale. Nous avons mis en demeure le propriétaire de l'appli" et demandé à "Google Play et à l'App Store de fermer sans délai ces fonctionnalités. En parallèle Île-de-France Mobilités va porter plainte. Frauder c'est voler et la sécurité des transports est notre priorité", annonce-t-elle, offrant au passage à la plateforme un coup de projecteur qui a fait décoller le nombre de téléchargements.
Elle n'a pas tort cependant, car signaler la présence de contrôleurs est interdit par la loi. L'article L2242-10 du Code des transports stipule en effet que "le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support, tout message de nature à signaler la présence de contrôleurs (...) est puni de deux mois d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende". Reste à voir à qui la responsabilité peut être imputée. Les utilisateurs ou le développeur de l'application ?
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Akha est toujours disponible dans l'App Store, mais Google l'a déjà supprimée de sa boutique d'applications. La plateforme est également accessible via un groupe Telegram. Sa mise en avant par Valérie Pécresse a permis à son développeur de promouvoir une page de financement participatif afin d'étendre son champ d'action au reste des réseaux de transport en commun des grandes villes du monde et de signaler non seulement les perturbations du trafic, mais aussi la présence de pickpockets et de harceleurs.