Framasoft améliore ses outils libres et gratuits anti-GAFAM
Poursuivant sa lutte contre l'hégémonie des GAFAM, l'association française Framasoft améliore ses services libres et gratuits avec plusieurs nouveautés avec le même objectif : offrir à tous des outils pratiques et efficaces sans traçage publicitaire.
Face à l'hégémonie des géants du Web qui monnayent chaque clic, Framasoft lance cet hiver une offensive majeure pour défendre un Internet d'intérêt général. Comme elle l'explique dans un long billet publié le 18 novembre sur son blog, l'association française déploie huit nouveautés en cette fin 2025, allant de la refonte totale de ses sondages à une nouvelle plateforme de pétitions. Des outils performants, respectueux de la vie privée et accessibles à tous sans débourser un centime, prouvant qu'une alternative numérique gratuite et éthique est plus que jamais possible.
Framasoft : un militantisme affirmé pour un numérique libre
Pour saisir la portée de ces annonces, il est indispensable de s'arrêter sur l'anomalie économique que représente Framasoft dans le paysage numérique contemporain. À l'heure où la moindre application mobile cherche à rentabiliser ses utilisateurs via des abonnements "premium" ou la revente massive de profils publicitaires, l'association lyonnaise créée en 2001 maintient le cap d'une gratuité totale et sans contrepartie cachée. Ce modèle repose sur une philosophie radicale : la liberté d'utilisation ne doit pas dépendre de la solvabilité de l'internaute.
Contrairement aux services des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) où la gratuité n'est qu'un produit d'appel pour capter de l'attention et récupérer des données personnelles pour les revendre – un système qualité de "capitalisme de surveillance" –, Framasoft propose des "biens communs numériques". Ici, l'utilisateur n'est pas le produit, mais le bénéficiaire d'un service financé par la collectivité. Cette gratuité réelle est rendue possible par une structure de financement unique : 94 % des ressources de l'association proviennent de dons, permettant de servir deux millions de personnes chaque mois sans afficher la moindre bannière publicitaire.
Depuis 2019, après un nettoyage et un recentrage, Framasoft propose ainsi une vingtaine d'outils destinés aux particuliers et aux petites structures, notamment aux associations, qui constituent une grande part de ses utilisateurs. Des services qui se posent tous en alternatives aux solutions proposées par les GAFAM – qui sont toujours indiquées à titre de références – et qui sont régulièrement mis à jour, améliorés et complétés, comme c'est le cas aujourd'hui.
Framadate : l'alternative à Doodle fait peau neuve
Cette fin d'année 2025 marque un tournant technique pour le service le plus emblématique de cette gratuité : Framadate. L'alternative libre à Doodle, utilisée quotidiennement par des milliers d'étudiants pour organiser des travaux de groupe ou des soirées, fait peau neuve. L'équipe technique a opéré une refonte complète en s'appuyant sur Pollaris, un logiciel libre développé sur mesure pour remplacer un code devenu obsolète. Si l'accès demeure strictement gratuit, la modernisation est flagrante. L'interface a été repensée pour s'adapter parfaitement aux écrans de smartphones, répondant ainsi à l'évolution des usages mobiles.
Dès le mois de janvier, la création de nouveaux sondages basculera sur cette nouvelle version plus fluide, tandis que les anciens resteront consultables. Cette transition illustre la capacité du monde du logiciel libre à se renouveler et à offrir une ergonomie compétitive face aux solutions propriétaires, sans jamais demander de numéro de carte bleue.
FramaPDF : la boîte à outils pour les PDF
Depuis des années, Framasoft propose une boîte à outils pratiques baptisée Frantoolbox, qui permet notamment de convertir des fichiersdans différents formats, de retirer l'arrière-plan d'une image ou encore d'extraire l'audio d'une vidéo. Basée en parti sur OmniTools, cette trousse multifonctions s'enrichit désormais de Vert – pour conVERTir –, un outil de conversion qui gère une centaine de formats populaires (documents bureautiques, graphiques, audio, vidéo, etc.) directement depuis un navigateur. Là où d'autres sites imposent des filigranes ou limitent le nombre d'actions gratuites par jour, Framatoolbox offre une utilisation illimitée, démontrant que des tâches techniques simples ne devraient pas être soumises à un péage numérique.
Parallèlement, l'association déploie FramaPDF, un couteau suisse pour PDF basé sur le logiciel libre SignaturePDF, permettant de modifier, d'annoter, de découper, de fusionner, de compresser et même de signer des documents, toujours de façon sécurisée, sans laisser des fichiers confidentiels traîner sur des serveurs, toutes les opérations – à l'exception de la signature à plusieurs – s'effectuant en lcoal, directement dans le navigateur.
Dans la continuité de cette volonté d'outiller le quotidien sans frais, Framasoft enrichit son offre avec Framacount. Basé sur le logiciel Spliit, ce service répond à un besoin très concret de la vie étudiante et communautaire : la gestion des comptes partagés. Que ce soit pour une colocation ou un voyage entre amis, il est désormais possible de calculer l'équilibre des dépenses sans passer par des applications commerciales souvent intrusives. Le principe reste immuable : aucune création de compte n'est obligatoire, les données ne sont pas siphonnées, et le service est offert.
Framapetitions : des pétitions sans exploitation ultérieure
L'engagement citoyen bénéficie également de cette dynamique avec l'ouverture officielle de Framapetitions. Attendue de longue date et propulsée par le logiciel Pytition, cette plateforme vient concurrencer directement les géants du secteur comme Change.org. La différence fondamentale réside dans le traitement des signataires. Les plateformes commerciales utilisent souvent les pétitions comme des aspirateurs à adresses emails pour revendre des bases de données à des partis politiques ou des marques. Framapetitions garantit l'inverse : signer une cause ne vous expose à aucun démarchage ultérieur.
Le service intègre des mécanismes robustes pour éviter les signatures frauduleuses et permet aux organisations de gérer plusieurs campagnes sous une même identité. C'est une avancée démocratique majeure qui offre aux mouvements sociaux et aux collectifs universitaires un espace de mobilisation sain, où la visibilité d'une cause ne dépend pas d'un algorithme opaque ou d'un budget publicitaire.
Stockage en ligne Framasoft : une capacité augmentée
Les domaines de la vidéo et du stockage en ligne, particulièrement coûteux en infrastructures, profitent également de cette vague d'améliorations gratuites. PeerTube, le logiciel permettant de créer des plateformes de vidéos décentralisées, arrive en version 8 avec une priorité donnée à l'usage mobile. L'objectif est de proposer une alternative crédible à YouTube ou TikTok sur le terrain où ces géants sont rois : le smartphone.
De son côté, le service de stockage en ligne Framaspace, qui se pose en alternative des Google Drive, OneDrive et consorts, voit sa capacité passer de 40 à 50 Go, toujours gratuitement. Cette augmentation de capacité souligne la volonté de Framasoft de soutenir le tissu associatif réel, souvent mal doté face à la transition numérique, en lui fournissant des outils collaboratifs de niveau professionnel (agenda, suite bureautique, partage de fichiers) sans peser sur leurs budgets restreints.
L'amélioration de la qualité de service passe aussi par des investissements invisibles qui garantissent la fluidité de cette gratuité. Un nouveau serveur de visioconférence sera mis en service en décembre pour pallier les ralentissements observés lors des pics d'affluence. Offrir un service de visio gratuit qui fonctionne sans saccades est un défi technique et financier que l'association relève pour maintenir sa crédibilité face aux solutions payantes comme Zoom ou Teams.
L'innovation continue également avec la préparation de l'avenir : la migration prochaine de Framaforms vers la solution Liberaforms et le développement d'outils de quiz interactifs pour concurrencer Kahoot dans les amphithéâtres sont déjà sur les rails pour 2026.
Financement de Framasoft : comment soutenir le modèle de la gratuité
Toutes ces évolutions s'inscrivent dans la campagne annuelle intitulée "Renforçons l'internet du partage". Si l'utilisateur final ne paie rien, ces services ont un coût de production, de maintenance et d'hébergement bien réel. Framasoft doit réunir 250 000 euros avant le 31 décembre 2025 pour équilibrer son budget. C'est ici que réside toute la subtilité du modèle : la gratuité pour tous est financée par la solidarité de quelques-uns. En refusant de transformer ses utilisateurs en clients captifs, l'association fait le pari de l'intelligence collective. Utiliser ces outils revient à poser un acte politique, celui de préférer un web solidaire et décentralisé. Ce modèle de " don contre gratuité " prouve depuis plus de dix ans qu'il est possible de bâtir une technologie de pointe, respectueuse et pérenne, hors des logiques de marché prédatrices.
Pour que ces services restent accessibles à tous sans publicité ni traçage, Framasoft s'appuie sur la solidarité des utilisateurs. Si vous souhaitez soutenir l'association avec des dons, allez sur la la page officielle à l'adresse soutenir.framasoft.org, et choisissez ensuite votre contribution. Le montant est libre et vous pouvez opter pour un don ponctuel ou, idéalement, un don mensuel pour assurer la pérennité de l'association. Notez que vous bénéficiez de la déduction fiscale. Framasoft étant une association d'intérêt général, 66 % de votre don est déductible de vos impôts : un don de 100 euros ne vous coûte réellement que 34 euros.
Encore une fois, rappelons qu'il n'est pas obligatoire de faire un don pour profiter gratuitement de tous les services de Framasoft. Mais c'est ce financement participatif qui permet à l'association de continuer à vivre et à développer des outils et des services accessibles librement à tous et d'éviter ainsi que nous le modèle économique des GAFAM domine le monde numérique.



