FantomApp : l'application de la CNIL pour protéger les ados sur les réseaux sociaux

FantomApp : l'application de la CNIL pour protéger les ados sur les réseaux sociaux

La CNIL lance FantomApp, une application qui aide les 10-15 ans à se protéger, eux et leurs données, sur les réseaux sociaux à l'aide d'outils et de ressources. De quoi lutter concrètement contre le harcèlement et d'autres dérives.

Pornographie, cyberharcèlement, contenus inadaptés, désinformation, injonctions esthétiques irréalistes, dépendance aux écrans… Les risques auxquels sont exposés les plus jeunes sur Internet — et pas seulement eux — sont multiples. À cet âge, ils sont plus vulnérables face aux propos et aux contenus diffusés en ligne, tout en mesurant souvent mal les enjeux et les conséquences de leurs propres publications, qu'il s'agisse de photos ou de données personnelles. De plus, des profils laissés accessibles au public peuvent attirer des individus mal intentionnés, susceptibles d'entrer en contact avec eux. En ligne, le danger peut surgir en quelques clics.

Mais, malgré l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 13 ans, bon nombre d'enfants s'y inscrire avant l'âge minimum, s'exposant ainsi à de nombreux risques. Aussi, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) vient de lancer FantomApp, une application à destination des 10-15 ans conçue pour les aider à protéger leurs données sur les plateformes, comme elle l'annonce dans son communiqué. Elle est disponible gratuitement sur l'App Store, le Play Store et le Web.

FantomApp : une appli pour garder le contrôle de ses données

L'idée derrière FantomApp est de proposer aux jeunes utilisateurs des outils pratiques et des conseils pédagogiques pour qu'ils puissent naviguer sur les réseaux sociaux avec plus de sécurité et de confiance. L'application a été conçue "par et pour les jeunes", après une série d'ateliers réalisés dans plusieurs collèges qui ont permis de recueillir leurs attentes et leurs préoccupations concrètes "en matière de protection des données personnelles et de connaissance de leurs droits".

© CNIL

L'un des constats soulevés lors de ces ateliers est que les collégiens veulent des solutions simples pour contrôler leurs comptes et mieux comprendre les paramètres de confidentialité proposés par les plateformes. Certains ont exprimé le souhait d'être guidés dans des situations telles que la gestion d'un mot de passe faible, l'identification d'un compte piraté, ou encore la manière de faire effacer un contenu gênant ou sensible. FantomApp organise donc ses fonctions autour de ces besoins. 

FantomApp : des ressources et des outils pour agir

L'application réunit des informations, des outils, des tutoriels et des contacts de confiance pour aider les jeunes à mieux protéger leur vie privée sur les réseaux sociaux, mais aussi à faire face à des situations problématiques, comme le cyberharcèlement, le vol de données, le chantage sexuel ou l'usurpation d'identité, avec des outils concrets.

FantomApp propose ainsi des tutoriels guidés pour apprendre à modifier les réglages de confidentialité, à mieux sécuriser ses comptes, ou à comprendre comment limiter la visibilité de ses informations personnelles (supprimer la géolocalisation, mettre son compte en privé, activer la double authentification, masquer les contenus sensibles, désactiver les pubs personnalisées, etc.). Elle inclut également des outils interactifs comme un test de robustesse des mots de passe, afin que les jeunes puissent vérifier si leurs identifiants sont suffisamment sécurisés, ou un test de visibilité, pour savoir ce que révèlent un pseudo et une bio. Un outil permet également de flouter et pixéliser sa photo de profil pour garder l’anonymat sur les réseaux.

© CNIL

Enfin, FantomApp comporte des ressources en cas de problème, par exemple si les jeunes utilisateurs veulent faire effacer un contenu, récupérer leur compte après avoir été piraté ou encore s'ils sont victimes d'usurpation d'identité. En appuyant sur l'une de ses fiches, ils peuvent obtenir des conseils pour savoir comment agir ainsi que les personnes de confiance à contacter, comme la police ou le 3018. 

Un point important mis en avant par la CNIL est que FantomApp ne collecte quasiment aucune donnée personnelle. Les seules informations techniques qui peuvent être enregistrées par l'application sont l'adresse IP et le type d'appareil utilisé, nécessaires à son bon fonctionnement.

FantomApp : une application collaborative et européenne

Au-delà du cadre national, FantomApp bénéficie d'une dimension européenne. Elle a reçu un financement du programme de l'Union européenne CERV (Citizens, Equality, Rights and Values Programme), et plusieurs autorités de protection des données de pays partenaires ont manifesté leur intérêt pour le projet et l'ont soutenu. L'application est ainsi également accessible en Irlande, au Luxembourg, en Pologne, en Norvège, en Hongrie, en Grèce et en Catalogne, avec les contenus qui seront traduits.

Dernièrement, les initiatives se multiplient pour tenter de protéger au mieux les jeunes internautes. En novembre dernier, le Parlement européen a adopté une résolution appelant à fixer un âge minimum de 16 ans pour accéder aux réseaux sociaux (voir notre article), tandis que, en France, le Gouvernement s'évertue à interdire les smartphones dans les collèges et les lycées. Des efforts qui, mis bout à bout, pourraient permettre d'endiguer tant bien que mal les dérives d'une technologie omniprésente de plus en plus tôt dans nos vies.