Bounty : le remplaçant du sulfureux site Coco inquiète déjà les autorités

Bounty : le remplaçant du sulfureux site Coco inquiète déjà les autorités

Mis en cause dans de nombreuses affaires de pédocriminalité et d'homophobie, le site Coco.gg avait fermé ses portes en juin 2024. Une nouvelle plateforme baptisée Bounty.chat a pris discrètement le relais, avec les mêmes dérives.

Après plus de 20 ans d'existence, le site Coco.gg, également connu sous le nom Cocoland, avait fermé ses portes le 25 juin 2024 sur décision de la gendarmerie nationale. Pour rappel, cette plateforme créée en 2003 proposait aux internautes de chatter de manière totalement anonyme. Salons publics, rooms privées, échanges de photos, de vidéos en live, de musique et de documents en tout genre… le réseau social permettait de retrouver des amis, de faire des rencontres et même de développer un réseau de connaissances. Mais derrière ses fonctions inoffensives et conviviales, se cachait une bien triste réalité.

Entre le 1er janvier 2021 et le 7 mai 2024, le site Cocoland a été impliqué dans plus de 23 000 procédures judiciaires. En effet, de nombreux salons de discussion étaient spécialisés dans l'échange de contenus sexuels ou illégaux : prédation sexuelle, contenu pédophile, prostitution de mineurs, trafic de drogue, etc. La plateforme servait également à certains utilisateurs de tendre des guet-apens extrêmement violents, principalement contre les personnes homosexuelles. Malgré tout, le réseau social rencontrait un fort succès et ce, notamment pour sa simplicité et son anonymat : aucune inscription, e-mail, contrôle d'âge ou numéro de téléphone n'étaient requis pour accéder à la plateforme.

Bounty.chat : le nouveau Coco.gg ?

Depuis que le site Coco.gg a été désactivé, de nombreux internautes cherchaient une alternative. C'est ainsi qu'ils ont trouvé leur bonheur avec Bounty.chat, une copie conforme de Cocoland qui a officiellement ouvert ses portes le 17 août 2024, comme l'a révélé BFMTV, confirmant une information du Parisien. Sur ce nouveau réseau social, qui affirme clairement son inspiration avec son nom – Bounty, la barre chocolatée à la noix de coco – de nouvelles dérives ont été constatées. Des salons aux noms explicites tels que "gros seins" ou "bien membrés" ont déjà été recensés. Des espaces d'autant plus problématiques que, là encore, les jeunes internautes peuvent y accéder sans contrôle, en seulement quelques clics.

Pour tenter de mettre un terme à ces dérives, Sarah El Haïry, la Haut-commissaire à l'Enfance, a saisi l'Arcom et a évoqué le sujet avec les ministères de la Justice et de l'Intérieur. "Bounty s'affiche, jusque dans son nom, dans la parfaite continuité de Coco. Pas question de laisser ce type de forum renaître", a-t-elle déclaré ce vendredi 29 août lors d'un échange avec Le Parisien. De son côté, le fondateur de Bounty a confirmé qu'il avait été contacté par courrier par l'Arcom et qu'il comptait coopérer en donnant des détails sur la modération, mais également sur la diffusion de contenus illégaux. "Notre intention est de collaborer à 100% avec les autorités, ce que nous faisons déjà en envoyant des signalements à Pharos, a-t-il assuré. Nous avons créé ce tchat en nous inspirant de Coco parce que la demande était très importante. Mais à aucun moment nous ne voulions recréer un Coco avec ses dérives."

En janvier dernier, le fondateur du site Coco avait été mis en examen avec plusieurs chefs d'accusation : "complicité de détention et de diffusion d'images pédopornographiques", "complicité de trafic de stupéfiants", "participation à une association de malfaiteurs", "proxénétisme aggravé", "blanchiment aggravé" ou encore "complicité de corruption de mineur par personne en contact avec la victime par un réseau de communication électronique". Le réseau social avait également été mis en cause dans l'affaire des viols de Mazan. Reste à savoir si Bounty.chat connaîtra le même sort que son prédécesseur et sera contraint d'être supprimé sur décision de justice.