Docaposte : la solution pour vérifier la majorité sur les sites X ?

Docaposte : la solution pour vérifier la majorité sur les sites X ?

Docaposte, la filiale numérique du groupe La Poste, pourrait bien détenir la clé pour forcer les sites X à enfin vérifier la majorité de leurs visiteurs. Elle expérimente actuellement un dispositif à double anonymat sur plusieurs sites pour adultes.

Le casse-tête pour vérifier l'âge des utilisateurs sur les sites pornographiques serait-il enfin résolu ? L'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) tente depuis plus d'un an de bloquer les grands sites pornographiques (Pornhub, Tukif, Xhamster, Xnxx, Xvideos...), qui ne contrôlent pas assez l'accès des mineurs à leurs contenus, contrairement à ce que prévoit la loi. Ils se contentent d'un avertissement de pure forme qui n'empêche en aucun cas de voir des contenus pornographiques (voir notre article). Résultat : chaque mois, 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques, selon une étude de l'Arcom.

Plusieurs solutions ont été envisagées, mais la meilleure semble être une application de vérification reposant sur un système de double anonymat. Elle permettrait de faire certifier l'âge de l'internaute arrivant sur le site pornographique grâce à une attestation numérique. Et ça tombe bien, Docaposte, la filiale numérique du groupe La Poste, pourrait bien avoir la solution. Comme annoncé dans un communiqué de presse, l'entreprise teste une solution unique au sein du Laboratoire de la protection de l'enfance, que le Gouvernement a créé l'année dernière pour avancer sur la question. Sa solution doit répondre à trois enjeux majeurs : la protection des mineurs, le respect de la vie privée des utilisateurs, et un système ouvert proposant divers moyens d'identification.

Docaposte : un système de double anonymat

Pour mettre en œuvre ce double anonymat, Docaposte a développé une application et une plateforme. L'utilisateur peut utiliser l'application pour valider sa majorité, grâce à une carte d'identité ou à un selfie, par exemple. Ensuite, l'application envoie cette preuve de majorité à la plateforme de Docaposte en l'anonymisant, sans divulguer aucune information personnelle. De même, elle ne connaît pas le site auquel l'utilisateur veut accéder avec la preuve d'âge. La plateforme de Docaposte confirme alors au site que l'utilisateur est bien majeur. Pour faire simple, la plateforme sert d'intermédiaire, de sas afin de garantir la protection des données personnelles.

Pour l'instant, Docaposte s'appuie sur trois modalités d'identification : l'Identité numérique de La Poste, l'utilisation de sa pièce d'identité (contrôlée par un service de vérification d'identité à distance) et un numéro de carte bancaire Mastercard. C'est l'utilisateur qui choisit le mode d'identification. L'entreprise précise que des négociations sont en cours afin d'ajouter de nouveaux partenaires à la plateforme et d'élargir la palette d'options d'identification. Cette solution est déjà expérimentée depuis quelques semaines sur des sites pour adultes, dont les noms n'ont pas été dévoilés. Les tests s'achèveront au début de l'année 2024.

Docaposte : une solution amenée à se généraliser ?

"C'est un double défi aujourd'hui : celui de protéger les mineurs, mais aussi celui de protéger les internautes et leur identité. Personne n'a à empêcher un majeur de se rendre sur un site pornographique, mais surtout, son identité ne doit pas être dévoilée", explique Candice Dauge, directrice des solutions d'identité numérique chez Docaposte, à BFMTV. L'entreprise espère par la suite généraliser sa solution à d'autres plateformes, comme les sites de vente d'alcool et de tabac en ligne, les jeux vidéo à contenu violent ou adulte, ou encore les réseaux sociaux.

Mais Docaposte n'est pas seul sur ce coup. La filiale de La Poste est en concurrence avec des start-ups comme la britannique Yoti, qui fait elle aussi partie du Laboratoire pour la protection de l'enfance. Elle a développé des algorithmes de reconnaissance des traits du visage qui permet de vérifier l'âge des utilisateurs par le biais d'une photo. Ses technologies ont été validées par le gouvernement britannique et les régulateurs allemands du numérique, tandis que sa solution est déjà utilisée par Instagram et est actuellement testée par la FDJ (voir notre article). Reste que cette méthode n'est pas infaillible et qu'elle pose certaines questions en matière de protection de la vie privée et de l'anonymat en ligne. De son côté, Dorcel a décidé de collaborer avec l'application française GreenBadg, qui est entièrement consacrée au double anonymat.

La solution de Yoti © CCM

Pour se démarquer, Docaposte revendique une solution garantissant l'anonymat, l'absence de traçabilité et la souveraineté, puisque les datacenters sont situés en France. De plus, l'entreprise dispose d'une certaine crédibilité dans le paysage de la protection des données, puisqu'elle est certifiée par l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) et gère actuellement plus de 45 millions de dossiers médicaux, ce qui en fait le premier opérateur en la matière. Voilà qui est prometteur !