Voici comment une simple image de vous peut être détournée en photo ou vidéo porno - et diffusée pour vous nuire

Voici comment une simple image de vous peut être détournée en photo ou vidéo porno - et diffusée pour vous nuire

Grâce à l'intelligence artificielle, n'importe qui peut aujourd'hui fabriquer facilement des images pornographiques de vous. Il suffit d'une photo et de quelques clics pour intégrer votre visage dans une scène asexuelle hyper réaliste…

Vous partagez de nombreuses photos et vidéos de vous sur les réseaux sociaux ? Méfiez-vous ! Car ces images personnelles parfaitement innocentes peuvent se transformer en véritable piège capable de détruire votre réputation. Imaginez : un jour, vous découvrez que des photos ou des vidéos à caractère sexuel où vous apparaissez totalement nu, voire en "action", circulent librement sur Internet, sur des sites pornographiques comme au sein de conversations de groupe. Pourtant, vous n'avez jamais pris ces photos. Pire : elles n'ont jamais existé. Ce sont ce que l'on appelle des deepfakes. Aussi appelées "hypertrucages" en français, il s'agit de photos et de vidéos modifiées ou générées à l'aide d'outils d'intelligence artificielle (IA) pour mettre en scène des personnes, le plus souvent des femmes, dans des situations à des fins pornographiques, sans leur consentement, bien évidemment. Un acte qui entache l'image des personnes dont l'identité a été volée, et qui peut aller jusqu'à ruiner leur vie.

Ces montages hyperréalistes touchent souvent les célébrités ou les femmes ayant de la visibilité sur les réseaux sociaux, comme les influenceuses ou les youtubeuses – Léna Situations et Juju Fitcats en ont malheureusement fait les frais. Mais pas seulement. Vous pouvez tout à fait vous retrouver dans cette situation. Un collègue jaloux, un voisin malveillant, un ex éconduit... N'importe qui peut créer des deepfakes de vous. Les mineures ne sont pas non plus épargnées.  Il y a quelques semaines, des collégiennes espagnoles de onze ans ont reçu sur leur portable des photos d'elles complètement nues. Pourtant, elles n'avaient jamais pris ces photos. Des camarades de classe avaient tout simplement utilisé une intelligence artificielle pour fusionner des photos de leur visage sur des corps nus, pour obtenir un résultat particulièrement réaliste. On vous laisse imaginer leur choc...

Malheureusement, le nombre de deepfakes porno a explosé ces dernières années, du fait des avancées technologiques. En soi, le phénomène a toujours existé, ne serait-ce qu'avec des ciseaux, un magazine de charme et un tube de colle. Lorsque la technologie a commencé à se développer, le processus pour créer un deepfake était très complexe et prenait du temps, nécessitant des centaines de vidéos de la victime pour obtenir un résultat réaliste. Mais avec les bonds réalisés par l'IA, ces montages toujours plus réalistes ont vu leur nombre exploser.

Et aujourd'hui, il ne s'agit même plus de faire un montage, mais de créer un corps fabriqué de toutes pièces – quelques clics suffisent pour déshabiller un corps sur une photo, et ce gratuitement. Les applications et les services en ligne se comptent à foison et ne se cachent même plus. Pire, ces outils de trucage n'hésitent pas à faire leur publicité sur les réseaux sociaux, à coups de slogans tels que "Insère n'importe quel visage dans la vidéo" , "Déshabillez une fille gratuitement !", "Notre intelligence artificielle vous permet d'effacer n'importe quel vêtement superflu sur une photo", couplés à des images sans équivoque. Et ces contenus peuvent ensuite se retrouver à alimenter des sites dédiés aux deepfakes pornographiques, qui cumulent des millions de visiteurs. Effrayant !

Souvenez-vous : ce qui a été mis sur le Web est éternel ! Si jamais vous êtes victime d'un deepfake, sauvegardez les preuves (liens, captures d'écran du site, messages…) et portez immédiatement plainte. La "bonne" nouvelle, c'est que, dans le projet de loi du numérique, le Gouvernement a rajouté un amendement afin de punir de deux ans d'emprisonnement et 60 000 euros d'amende toute publication de montage à caractère sexuel – la peine est portée à trois ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, si les images utilisées proviennent d'une photo ou d'une vidéo publiée sur des réseaux sociaux. Nous vous conseillons également de recourir à Disrupt, un outil de signalement visant à prévenir et à limiter la diffusion non consentie de contenus intimes, y compris de façon proactive. C'est la meilleure façon de faire supprimer ce type de contenu sur le Web !