L'UFC-Que Choisir part en guerre contre les dark patterns des sites marchands

L'UFC-Que Choisir part en guerre contre les dark patterns des sites marchands

L'UFC-Que Choisir épingle les plus grands sites de vente en ligne pour l'utilisation de dark patterns, des procédés manipulatoires destinés à tromper les consommateurs et à les empêcher de prendre des décisions rationnelles lors de leurs achats.

Il vous est sûrement déjà arrivé, alors que vous vous promeniez sur le Web, de vous retrouver avec une option payante ajoutée à la fin de votre commande, de voir un bouton "Accepter les cookies" mis en évidence et nécessaire pour pouvoir accéder au site, ou de recevoir un message culpabilisant lorsque vous refusez une réduction. Il s'agit là de techniques de manipulation appelées dark patterns, qui cherchent à influencer votre comportement à l'avantage des sites et commerçants (voir notre article). Le but ? Vous inciter à acheter, récupérer vos données personnelles, vous faire payer davantage ou vous abonner discrètement à des options ou des newsletters. Ces techniques commerciales déloyales ne permettent pas aux consommateurs d'effectuer leurs achats de manière libre et éclairée.

L'UFC-Que Choisir vient d'épingler dans un communiqué les vingt plus grands sites de vente en ligne, qui ont tous recours à des "procédés manipulatoires", ce qui est pourtant interdit par le Digital Services Act (DSA), qui s'applique depuis le 17 février 2024. Sont concernés Airbnb, Aliexpress, Amazon, Booking.com, Carrefour, Cdiscount, Decathlon, E.Leclerc, eBay, eDreams, Expedia, Fnac, Leboncoin, Leroy Merlin, ManoMano, Rakuten France, Shein, Temu, Veepee et Vinted, soit les vingt places de marché les plus visitées par les Français, selon la Fédération professionnelle du e-commerce (Fevad). Faites donc attention lorsque vous naviguez dessus !

Dark patterns : Temu, champion de la manipulation

"Les interfaces trompeuses les plus courantes incluent des conceptions visuelles manipulatrices, l'obligation de créer un compte client, des prix barrés trompeurs, des incitations répétitives, ou encore des messages de stock limité (piège de l'urgence) dont la pertinence est totalement invérifiable", observe l'UFC-Que Choisir. Temu, la plateforme chinoise très controversée, est le site de e-commerce possédant le plus grand nombre de dark patterns. Par exemple, lors d'une promotion, les prix des articles sont masqués, et ce n'est qu'au moment où le consommateur ajoute un article à son panier qu'il est informé de son prix final. Il n'est donc guère étonnant que dix-sept associations de consommateurs européennes, dont l'UFC-Que Choisir, aient porté plainte contre le géant chinois à ce sujet (voir notre article).

Dans le classement des plateformes usant le plus de dark patterns viennent ensuite AliExpress, Amazon et Veepee. AliExpress, qu'on ne présente plus, intègre dans son interface, sur la page des résultats de recherche, des publicités de façon à ce qu'on ne puisse pas les distinguer des offres authentiques. Le site affiche également "des allégations non vérifiables", comme par exemple le fait que "+10 000 articles" ont été vendus. Notons qu'AliExpress est actuellement sous le coup d'une enquête menée par la Commission européenne pour la vente de produits illégaux, et plus particulièrement de faux médicaments.

De son côté, Veepee affiche successivement deux cases à cocher dont la sémantique est ambiguë. Elles "donnent faussement l'impression au consommateur qui ne souhaite pas être pisté ni démarché par ce professionnel qu'il n'a aucune action à entreprendre, alors qu'en réalité, il doit laisser la première case décochée avant de devoir cocher la seconde", explique l'association.

Aussi, l'UFC-Que Choisir a décidé d'alerter la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Commission européenne sur "les dérives des professionnels", qu'elle appelle à "initier des enquêtes complémentaires et sanctionner ces pratiques inadmissibles". Rappelons qu'en cas de non-respect du DSA, les plateformes peuvent se voir infliger une amende pouvant aller jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial et, en cas de récidive, une interdiction dans l'espace européen.