Test Xiaomi Mix Flip : ce smartphone à clapet peut-il faire plier la concurrence ?
Le Mix Flip est le premier smartphone à clapet de Xiaomi mais aussi son premier modèle pliable à débarquer en Europe. Reste à savoir s'il a des atouts pour bousculer la concurrence sur une catégorie qui peine à convaincre.
Il était temps. Si en Asie les smartphones pliants à clapet se disputent les étals, en Europe, et particulièrement en France, le choix se trouve beaucoup plus limité. Le roi du domaine, Samsung avec ses Z Flip et son éternel rival sur ce terrain Motorola avec ses Razr, se partagent le gâteau. Il faut compter à présent sur un troisième larron, et pas des moindres : Xiaomi. La marque chinoise au catalogue de produits démesuré a enfin décidé de lancer sur le marché européen un smartphone pliable. Xiaomi maîtrise déjà plutôt bien l'exercice puisqu'elle a déjà étrenné cette technologie sur quatre générations de mobiles au format Fold (livre) en Chine. Avec le Mix Flip, un smartphone au format clapet, elle tente donc une nouvelle aventure. Pour autant, pas question d'entamer une révolution côté tarif pour rafler la mise. Le Mix Flip s'aligne sagement sur la grille de la concurrence. Xiaomi va donc devoir jouer avec d'autres arguments pour se faire une place aux côtés du Galaxy Z Flip6 de Samsung et du Razr 50 Ultra de Motorola. Un pari difficile.
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Un design efficace et sans fantaisie
Plus encore que les smartphones traditionnels, les modèles pliables, et en particulier ceux à clapet, sont assez limités dans la façon de se démarquer. Samsung a réussi à trouver la parade en proposant des associations de coloris pour transformer ses Z Flip en petits bijoux. Xiaomi joue quant à lui la carte de la sobriété. Son Mix Flip adopte un look à contre-courant de la tendance actuelle. L'appareil montre un dos un peu bombé recouvert d'un verre mat qui a la bonne idée de ne pas accrocher les traces de doigts.
Le gabarit du pliant à clapet de Xiaomi se montre un peu plus généreux que la concurrence. 2,4 mm plus haut, 2,12 mm plus large et 0,9 mm plus épais que le Z Flip6. C'est aussi les plus épais des trois modèles disponibles actuellement avec 15,99 mm une fois fermé (contre 15,3 mm chez Motorola et 14,9 mm chez Samsung). Si vos poches de pantalon sont très serrées, il pourrait avoir du mal à s'y faufiler. Côté poids, le Mix Flip reste dans la moyenne avec ses 192 g.
De leur côté, les tranches en aluminium demeurent plates avec des coins arrondis qui ne sont pas déplaisants. La prise en mains n'en est que plus agréable. Assez classiquement, la tranche droite accueille le bouton de réglage de volume et celui de mise sous tension associé au lecteur d'empreinte digitale.
Seuls deux coloris sont au rendez-vous : noir et violet. Un bon moyen ici pour Xiaomi de limiter la casse si la sauce ne prend pas en évitant de multiplier les références comme chez Samsung. Autre différence par rapport au Sud-Coréen et à Motorola, l'absence de certification IP. Alors que les Galaxy Z Flod6 et Razr 50 Ultra bénéficient d'une étanchéité à l'eau et aux grosses poussières (IP48), rien chez Xiaomi. Mieux vaudra donc se montrer prudent à la plage et au bord de la piscine.
Pas très rassurant également, le système de charnière du Mix Flip. Nous l'avons trouvé un poil trop souple. Lorsqu'il s'agit d'ouvrir ou de fermer le smartphone, tout va bien. La charnière offre suffisamment de résistance. C'est à mi-chemin qu'il semble y avoir un peu de jeu, lorsque l'appareil est déployé à un angle 90°. Dès lors, il n'est pas toujours évident de le maintenir dans cette position. Gênant pour prendre des photos en le posant sur un support plat.
Enfin, la base de l'appareil accueille les traditionnels haut-parleur, port USB-C et tiroir de carte SIM. Et l'on note au passage que si le Mix Flip peut héberger deux cartes nanoSIM, il n'est en revanche pas compatible avec la norme eSIM. Un point crucial à garder en mémoire lors des déplacements à l'étranger par exemple. Une lacune étonnante en 2024 sur un smartphone de cette catégorie.
Deux écrans Oled maîtrisés
Pour ses écrans, Xiaomi privilégie la voie ouverte par Motorola, notamment concernant l'afficheur externe. Le Mix Flip embarque un bel écran Oled de 4,01 pouces. Celui-ci occupe ainsi toute la façade de l'appareil. Il encercle au passage les deux modules photo sagement alignés à la verticale sur le côté droit. Rappelons que la dalle du Z Flip6 de Samsung est découpée pour contourner les deux capteurs photo. Comme sur les Razr de Motorola, l'effet est très réussi. L'écran est légèrement bombé mais ça n'a rien de gênant. Il offre une définition de 1392 x 1208 pixels pour une résolution de 460 ppp. Il s'agit d'une dalle LTPO qui bénéficie donc d'un rafraîchissement de 1 à 120 Hz. Elle se montre très confortable à l'usage. Et tant mieux puisque c'est elle que l'on va utiliser prioritairement au quotidien. La luminosité est au rendez-vous avec un pic promis à 3000 nits par Xiaomi. Et, dans le faits, nous n'avons jamais rencontré le moindre problème de lisibilité.
Une fois ouvert, le Mix Flip dévoile un grand écran Oled de 6,86 pouces au format 21 :9. On dispose là aussi d'une dalle LTPO. Sa définition grimpe à 2912 x 1224 pixels pour résolution là encore de 460 ppp. La luminosité atteint ici encore 3000 nits en pic mais on est de surcroit aidé par le revêtement moins brillant appliqué sur la surface flexible. Pratique pour lire des contenus en extérieur sans la moindre gêne. Un écran confortable à utiliser mais que l'on se gardera le plus souvent possible d'exploiter pour économiser la batterie. C'est là aussi le but des smartphones pliables. La pliure est également bien maîtrisée. Elle se révèle peu visible lorsque l'écran est allumé et discrète sous les doigts.
Une puce qui carbure mais qui chauffe trop
Fiche technique
Taille écran externe | 4,01 pouces |
Définition écran externe | 1392 x 1208 pixels |
Technologie écran externe | Amoled |
Taux de rafraîchissement | 120 Hz |
Taille écran interne | 6,86 pouces |
Définition écran interne | 2912 x 1224 pixels |
Technologie écran interne | Amoled |
Taux de rafraîchissement | 120 Hz |
SoC | Qualcomm Snapdragon 8 Gen 3 |
Puce graphique | Adreno 750 |
Mémoire vive | 12 Go |
Stockage | 512 Go |
Capteurs photos (dos) | 50 + 50 10 Mpx |
Capteur photo (selfie) | 32 Mpx |
Vidéo | Jusqu'à 8K 24 fps |
WiFi / Bluetooth | 7 / 5.4 |
5G | Oui |
Capteur d'empreinte | sur le côté |
Reconnaissance faciale | Oui |
Batterie | 4780 mAh |
Android | 14 |
Dimensions plié | 85,54 x 74,02 x 15,99 mm |
Dimensions déplié | 167,5 x 74,02 x 7,6 mm |
Poids | 192 g |
Sorti au début du mois d'octobre, le Mix Flip doit " se contenter " de la puce phare de l'année 2024, le Snapdragon 8 Gen 3 (remplacé depuis peu par le Snapdragon 8 Elite). Un SoC qui n'a toutefois pas dit son dernier mot. Épaulé par 12 Go de RAM LPDDR5X (16 Go dans notre mobile de test) et 512 Go d'espace de stockage, il a de quoi se montrer tout à fait à son aise ici. Même si Xiaomi bride un peu ses possibilités en raison du format très compact de l'appareil.
Avec nos benchmarks habituels le Mix Flip présente de bonne performances mais on constate que Xiaomi retient assez rapidement les chevaux pour éviter la surchauffe. Ce qu'il ne parvient pas toujours à faire. Nous avons en effet constaté une chauffe importante de l'appareil lorsqu'il est fortement sollicité. Au point que le smartphone peut devenir inconfortable en main.
Dommage car, pour jouer, le Mix Flip est un bon partenaire. Notre titre de référence Genshin Impact tourne aisément à 60 images par secondes avec le niveau de détails calé sur élevé. Mais il faudra lui accorder quelques pauses régulières pour éviter l'extinction brutale.
Un écran externe très bien exploité
Les smartphones pliables au format clapet présentent un avantage indéniable. Il est possible de les utiliser en se servant essentiellement de leur petit écran externe. Le grand écran interne n'étant mis à contribution que dans quelques cas. Et tous les modèles ne sont pas égaux sur ce point. Il est parfois impossible d'y lancer des applis. Xiaomi mise de son côté sur une bonne ouverture d'esprit. L'écran externe permet d'utiliser des applis de messagerie (SMS, WhatsApp, etc.) pour consulter les messages mais aussi y répondre. Il faudra accepter de s'en remettre à un clavier plus étroit. Maps est aussi de la partie de même que Chrome, Instagram et même YouTube. On compte ainsi plus d'une soixantaine d'applis pour le moment pouvant prendre place sur cet écran. Pas mal. Mais attention puisque la place grignotée par les modules photo limite l'espace exploitable à une surface de 3,5 pouces seulement. La place laissée au-dessus des modules photo est occupée par un widget.
Par ailleurs, l'appli téléphone est également au rendez-vous sur cet écran. Elle permet de passer des appels en maintenant le clapet fermé, ce qui n'est pas le cas chez la concurrence.
Un volet photo bien équilibré
Pour la monture photo du Mix Flip, Xiaomi préfère suivre l'exemple de Motorola plutôt que celui de Samsung. L'appareil embarque deux modules (difficile d'en caser plus sur l'espace restreint). On profite ici d'un grand-angle de 50 Mégapixels (f/1,7) et d'un téléobjectif optique 2x de 50 Mégapixels (f/2,0). Pas de module ultra grand-angle donc, comme sur le Z Flip6. Ce n'est pas une grande perte puisque la tendance s'oriente plutôt vers le zoom. Comme pour ses mobile haut de gamme depuis plus de deux ans maintenant, Xiaomi a travaillé avec son partenaire spécialiste de la photo Leica. L'Allemand a participé à la conception des lentilles (Summilux) ainsi qu'au traitement d'image. D'ailleurs, le nom de Leica apparaît discrètement sur la charnière du Mix Flip.
De jour, le grand-angle présente des clichés tout à fait honorables. Les détails sont bien présents et les contrastes gérés avec finesse (merci aux ingénieurs de Leica). Notons au passage que les deux modes de couleur du constructeur, Vibrant et Authentic, sont de la partie pour donner une touche particulière aux images. Le résultats est réussi.
Le téléobjectif fourni lui aussi de bons résultats. Pas à la hauteur de ce que proposent des modèles traditionnels haut de gamme, mais tout de même. En 2x, les détails répondent présent et les couleurs ne souffrent pas de dégradation. Passés les 2x, l'appareil fait ce qu'il peut. Le zoom peut grimper à 20x mais il est alors difficile de cadrer et d'obtenir une image nette. Le lissage devient vraiment trop prononcé.
Lorsque la lumière baisse, c'est une bonne surprise. À condition d'activer le mode nuit qui se montre un peu capricieux, l'appareil délivre de bon clichés. On n'échappe pas de temps à autre à quelques lensflare mais les résultats sont globalement bons. Les couleurs bénéficient d'un aspect naturel appréciables. Le lissage fait aussi quelques excès de zèle et supprime des détails. Mais le rendu final reste satisfaisant. Attention toutefois à la mise au point moins vaillante.
Une autonomie à taille variable
Le Mix Flip est le smartphone pliable à clapet le mieux loti actuellement côté batterie. Xiaomi l'a en effet équipé d'un accu de 4780 mAh. C'est 780 mAh de plus que le Z Flip6 et le Razr 50 Ultra, ses deux concurrents. Et pourtant. Ainsi équipé, il a tenu près d'une quinzaine d'heures avec notre test PC Mark. C'est pas mal mais pas non plus exceptionnel. Notons que le test a été réalisé en exploitant le grand écran interne de l'appareil, le plus gourmand en énergie. En utilisant essentiellement le petit afficheur externe, l'autonomie peut varier du tout au tout. Il est possible d'envisager deux journées d'usage à condition de ne pas l'ouvrir trop souvent et de rester sage sur la fonction photo.
Bonne nouvelle. Dans la boîte du Mix Flip, Xiaomi a glissé un chargeur 67W. Grâce à lui, nous avons pu refaire le plein de l'appareil en 58 minutes. Pas mal. Une demi-heure de charge nous aura permis de récupérer 67 % de batterie.
Xiaomi Mix Flip : en attendant un meilleur rapport qualité-prix
Pour un premier essai dans le monde des pliables à clapet, Xiaomi s'en sort plutôt bien. Le Chinois propose un mobile qui ne révolutionne pas le genre mais qui dispose d'arguments pour venir titiller la concurrence. Une jolie puissance (attention toutefois à la chauffe), des écrans très réussis, de bonnes aptitudes en photo et des finitions propres. Même si l'on émet quelques doutes sur la solidité de la charnière, le Mix Flip est une réussite.
Là où Xiaomi aurait pu mettre une vraie claque à la concurrence, c'est sur le prix. Las, la marque s'est alignée sur les tarifs pratiqués par Samsung… pour le lancement en tout cas. Annoncé fin septembre à 1299 euros, le Mix Flip a déjà vu son prix dégringoler à 1000 euros dans quelques boutiques en ligne (même hors période Black Friday). C'est déjà beaucoup mieux. À ce tarif, il devient un sérieux adversaire du Galaxy Z Flip6 de Samsung. Le Motorola Razr 50 Ultra, l'autre grand rival sorti en juillet dernier, se négocie quant à lui autour des 900 euros voire moins aujourd'hui. Pas de doute donc, la patience reste de mise pour se procurer ce pliant au meilleur prix.