2 heures d'électricité gratuite par jour : que cache la nouvelle offre étonnante d'Engie ?
Depuis le 1ᵉʳ octobre, Engie propose une formule inédite qui promet deux heures d'électricité gratuite chaque jour. Mais cette offre attrayante cache des conditions qu'il faut bien analyser avant de souscrire.
Deux heures d'électricité gratuites par jour : c'est la promesse choc d'Engie avec sa nouvelle formule "Happy Heures Vertes" lancée le 1er octobre 2025. Son principe, original, est à la fois simple et séduisant. En plus des six heures creuses classiques entre minuit et 6 h du matin, les abonnés peuvent choisir un créneau de deux heures en après-midi, entre 13 h et 17 h, créneau durant lequel l'électricité est facturée à zéro euro hors taxes.
Trois tranches sont disponibles : 13 h-15 h, 14 h-16 h ou 15 h-17 h, soit précisément les heures où les centrales solaires tournent à plein régime. Une manière d'inciter les consommateurs à faire coïncider leur usage avec la production renouvelable, aux moments où l'énergie solaire abonde. Le nombre d'inscriptions est toutefois limité à 100 000 clients dans toute la France.
Mais le diable se cache dans les détails. Car si le prix de l'électricité fournie est bien de 0 €/kWh, donc gratuite, les taxes et contributions associées, elles, restent dues. De fait, le coût réel pendant ces fameuses "heures vertes" s'établit à 0,036 € TTC par kWh. C'est très bas, et très inférieur aux tarifs pratiqués par les autres fournisseurs d'énergie. Mais ce n'est pas gratuit !
En plus, deux heures, c'est court. Suffisant pour lancer un lave-linge ou un lave-vaisselle, mais pas un programme "éco" long. Un peu juste pour chauffer l'eau d'un ballon électrique s'il est vide. Et insuffisant pour réchauffer complètement un logement avec des radiateurs électriques ou une pompe à chaleur. Pour une voiture électrique, deux heures sur une borne de 7 kW peuvent fournir environ 15 kWh, ce qui correspond à près de 80 km d'autonomie : utile pour un appoint, pas pour une recharge complète. En outre, pas question de cumuler trop d'appareils gourmands en même temps sans risquer de faire sauter le disjoncteur : avec un contrat standard de 6 kVA, la simultanéité reste limitée.
Surtout, ce sont les 22 heures restantes qui posent problème. Pour compenser la perte liée aux deux heures "gratuites", Engie applique des tarifs bien plus élevés que le tarif réglementé : en heures pleines 0,24480 €/kWh contre 0,2081 € chez EDF (+17,6 %) ; en heures creuses 0,19078 €/kWh contre 0,1635 € (+16,7 %). Et l'abonnement annuel est aussi un peu plus élevé : 192,07 € contre 188,88 €.
Pour rentabiliser l'offre, il faudrait réussir à concentrer l'essentiel de sa consommation sur ce court créneau. Soit, selon les calculs des experts, près de 20 % de la consommation totale du foyer. Difficile, pour ne pas dire impossible d'équipements énergivores programmables. Pour la majorité de ménages, le jeu n'en vaut pas la chandelle car la facture risque d'être plus élevée qu'avec un tarif réglementé, l'économie réalisée avec les quelques kilowattheures "offerts" l'après-midi étant annulée par la consommation le reste du temps.
Certes, le concept a du sens sur le plan écologique. En incitant les consommateurs à s'adapter aux pics de production solaire, Engie cherche à lisser la demande sur le réseau et à encourager un comportement plus responsable. Les profils gagnants sont donc bien identifiés : propriétaires de voitures électriques, foyers équipés de batteries domestiques, de chauffe-eau programmables ou de pompes à chaleur pour piscine.
Pour les autres, la promesse d'électricité gratuite ressemble davantage à une opération marketing qu'à un vrai levier d'économie. Le message est vert, la mécanique est habile, mais l'équation économique ne sourit qu'à une minorité.