Ces parfums d'intérieur sont nocifs : il ne faut plus les utiliser dans la maison
Encens, bougies, diffuseurs, sprays… Ces produits censés purifier l'air de nos maisons libèrent en réalité des substances nocives, comme le révèle un test inquiétant publié par 60 Millions de consommateurs.
Respirer chez soi n'est pas toujours aussi sain qu'on le pense. L'air intérieur est souvent plus pollué que l'air extérieur, car il concentre un mélange de poussières, de moisissures, de particules fines et de composés chimiques invisibles. Et parmi les sources de cette pollution domestique, certains produits parfumés occupent une place de choix. Leur image est flatteuse, car ils évoquent la nature et la propreté. Mais derrière les effluves agréables se cachent parfois des cocktails toxiques, comme vient de le démontrer une enquête de 60 Millions de consommateurs menée sur vingt références de parfums d'intérieur publiée dans le numéro d'octobre 2025.
Le magazine a analysé cinq catégories de produits : encens, bougies, diffuseurs électriques, diffuseurs à bâtonnets et sprays. Les résultats sont sans appel : certains articles émettent des substances cancérogènes ou irritantes à des concentrations bien au-delà des recommandations sanitaires. Les encens arrivent en tête du palmarès négatif. Tous ceux testés dégagent du benzène, du formaldéhyde ou du styrène, substances reconnues comme cancérogènes avérés ou probables. Les niveaux mesurés dépassent de très loin les seuils fixés par l'Anses. À cela s'ajoute un nuage de particules fines, capables de pénétrer profondément dans les poumons. Autrement dit, le parfum boisé d'un bâtonnet d'encens brûlé dans le salon cache une pollution bien plus nocive que les bénéfices supposés.
Les bougies parfumées s'en sortent mieux, mais pas sans zones d'ombre. Trois d'entre elles obtiennent de bonnes notes en matière d'émission de particules, mais certaines continuent malgré tout à libérer des substances cancérogènes, parfois en quantités préoccupantes. Les gaz de combustion posent aussi problème : certaines références frôlent les seuils de sécurité pour le monoxyde de carbone ou le dioxyde d'azote. Si l'on souhaite vraiment allumer une bougie, il vaut donc mieux la réserver à une utilisation occasionnelle, dans une pièce bien ventilée, plutôt que de l'allumer chaque soir comme un rituel.
Les diffuseurs offrent un tableau plus contrasté. Ceux à bâtonnets, sans combustion, affichent de meilleurs résultats : leurs émissions de substances toxiques restent faibles et parfois très faibles. En revanche, certains diffuseurs électriques à base d'huiles essentielles se révèlent décevants. Leurs vapeurs contiennent des terpènes, molécules parfumantes souvent allergisantes ou irritantes, libérées en grandes quantités. Ce constat rappelle qu'un ingrédient d'origine naturelle n'est pas forcément synonyme d'innocuité. Là encore, prudence est de mise, surtout pour les personnes fragiles, comme les enfants ou les personnes asthmatiques.
Les sprays dits "purifiants " ou "assainissants" entretiennent eux aussi une illusion trompeuse. Certains affichent une efficacité contre les bactéries et les virus grâce à l'alcool qu'ils contiennent. Mais leur effet secondaire est d'ajouter d'autres composés volatils à un air intérieur déjà chargé. Deux références testées obtiennent de bons résultats, tandis que d'autres se distinguent par des émissions particulièrement élevées de terpènes, parfois dix fois supérieures aux seuils jugés préoccupants. Les promesses marketing de purification apparaissent donc pour ce qu'elles sont : de simples arguments commerciaux.
Ces conclusions appellent à plus de vigilance. 60 Millions de consommateurs réclame d'ailleurs un étiquetage clair sur les risques sanitaires, ainsi qu'une réglementation renforcée pour limiter les substances les plus nocives. En attendant que la législation évolue, il existe quelques gestes simples pour limiter l'exposition : aérer son logement dix minutes matin et soir, privilégier les produits les moins polluants (comme les diffuseurs à bâtonnets) et surtout réduire la fréquence d'utilisation de ces artifices parfumés. Car l'air intérieur a rarement besoin d'être "purifié" avec des produits chimiques : une bonne ventilation reste le moyen le plus sûr de respirer sainement chez soi.