Beaucoup l'ignorent encore : il est désormais possible de partir en retraite dès 60 ans
Malgré la récente réforme, de nombreux actifs peuvent partir progressivement en retraite dès 60 ans depuis 1er septembre 2025. Voici les conditions à remplir pour profiter de ce nouveau dispositif méconnu.
Partir à la retraite à 60 ans, sans pour autant quitter immédiatement le monde du travail : c'est ce que permet désormais le dispositif de retraite progressive, dont l'âge d'accès vient d'être abaissé. Jusqu'ici réservé à ceux qui approchaient de l'âge légal de départ (soit 62 ans pour les générations nées à partir de 1968), ce mécanisme pourra désormais être activé dès 60 ans.
Le changement, acté par deux décrets parus au Journal officiel du 23 juillet 2025, s'applique aux pensions prenant effet à compter du 1er septembre. Il fait suite à des négociations entre partenaires sociaux dans le cadre de l'Accord national interprofessionnel signé à l'automne 2024.
Le principe est simple : continuer à travailler à temps partiel, tout en percevant une fraction de sa pension de retraite. Le pourcentage de pension versé est inversement proportionnel au taux d'activité. Par exemple, si vous réduisez votre temps de travail à 50 %, vous percevrez 50 % de votre retraite provisoire. Si vous passez à 60 %, vous toucherez 40 %. En cumulant ces deux revenus, vous pouvez alléger vos journées sans sacrifier complètement vos revenus, tout en continuant à cotiser pour une retraite future complète.
Mais ce dispositif ne s'adresse pas à tous les actifs sans conditions, comme l'explique le site Service-public.fr. Pour pouvoir prétendre à la retraite progressive dès 60 ans, il faut justifier d'au moins 150 trimestres cotisés, soit 37,5 années d'assurance, tous régimes de base confondus. Il faut également exercer une activité à temps réduit, comprise entre 40 % et 80 % d'un temps complet. Et surtout, il faut obtenir l'accord de son employeur. Ce dernier a le droit de refuser, mais il doit désormais motiver son refus, ce qui limite les rejets arbitraires, notamment dans les grandes entreprises. En revanche, dans les TPE ou PME, la situation pourra rester plus incertaine, faute de ressources suffisantes pour réorganiser l'activité.
Le champ des personnes concernées est large. Le premier décret vise les assurés du régime général, les indépendants, les professions libérales, les avocats, les salariés et exploitants agricoles ainsi que les fonctionnaires de l'État. Le second décret étend la mesure aux agents des collectivités locales et aux ouvriers des établissements industriels de l'État. La demande de retraite progressive doit être déposée cinq mois avant la date souhaitée, sur le site officiel de l'Assurance retraite.
L'entrée dans le dispositif n'est pas sans conséquences. Une fois enclenchée, la retraite progressive ne peut être suspendue que dans un nombre limité de cas. Si vous reprenez un temps plein ou si vos revenus augmentent au point de dépasser vos revenus antérieurs, le versement de la fraction de retraite cesse, de façon définitive. Cette stabilité est conçue pour sécuriser les droits acquis, mais elle impose aussi de bien planifier sa transition vers la retraite.
Aujourd'hui encore peu utilisée – moins de 0,5 % des nouveaux retraités l'ont choisie en 2024 –, la retraite progressive pourrait connaître un regain d'intérêt grâce à ce nouvel abaissement de l'âge d'accès. Pour les travailleurs fatigués par une activité à plein temps, ou souhaitant anticiper leur retraite sans renoncer à leur pension complète, elle constitue une alternative intermédiaire crédible. Une manière, selon la ministre du Travail, de "rendre la fin de carrière plus souple, plus humaine et moins binaire".