Ce nouveau carburant pas cher pourrait abimer le moteur de votre voiture

Ce nouveau carburant pas cher pourrait abimer le moteur de votre voiture

Un nouveau carburant moins cher et plus propre apparait dans les stations service européennes. Prometteur sur le papier, il pourrait pourtant poser de sérieux problèmes mécaniques sur certaines voitures.

C'est à Mannheim, dans l'ouest de l'Allemagne, près de la frontière française, qu'une station-service teste actuellement un carburant d'un nouveau genre. Il s'appelle E20, pour 20 % de bioéthanol mélangé à 80 % d'essence classique. À première vue, tout semble réuni pour séduire les automobilistes : un prix presque deux fois inférieur à celui des carburants standards, une promesse de réduction des émissions de CO₂ de 16 %, voire 40 % dans sa version enrichie au bio-naphta. Mais derrière cette proposition séduisante se cachent des risques bien réels pour une partie du parc automobile européen.

Tous les véhicules ne sont pas prêts à accueillir ce carburant. Les modèles les plus récents pourraient l'accepter sans dommages, mais ce n'est pas le cas des voitures plus anciennes. L'éthanol, plus corrosif que l'essence pure, peut détériorer certains composants comme les joints, les durites ou les systèmes d'injection. Résultat : pannes à répétition, réparations coûteuses, voire immobilisation du véhicule. Une perspective peu réjouissante, surtout quand la seule certitude pour l'instant reste le flou sur la compatibilité.

Pour l'heure, aucun constructeur européen n'a publié de liste officielle de modèles compatibles avec l'E20. Contrairement au déploiement du E10, où l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) avait accompagné les automobilistes avec des informations claires, le nouveau carburant arrive sans repère fiable. L'ADAC, le puissant club automobile allemand, recommande d'attendre des validations techniques officielles. L'organisme pointe aussi une très légère hausse de consommation d'environ 3 % avec l'E20, due à son pouvoir énergétique plus faible : un détail négligeable dans la mesure où le prix au litre reste très attractif.

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Un autre obstacle majeur réside dans la réglementation. La norme européenne actuelle interdit les carburants contenant plus de 10 % d'éthanol. Pour que l'E20 soit autorisé à circuler librement dans l'Union européenne, il faudrait une modification de cette norme ou l'introduction d'un nouveau cadre légal. C'est ce que demande l'ADAC, qui alerte aussi sur la nécessité d'adapter les normes de qualité afin d'éviter les effets mécaniques néfastes.

 

L'histoire du E10 plane encore dans les mémoires. Bien que plus abordable, ce carburant avait divisé à son lancement, beaucoup d'automobilistes redoutant ses conséquences sur la fiabilité de leur véhicule. Le E20 devra donc franchir de nombreux obstacles pour espérer s'imposer, malgré ses avantages environnementaux et son coût alléchant. En attendant, mieux vaut se montrer prudent : à la pompe comme sur la route, tout carburant n'est pas bon à prendre.