Ces technologies "révolutionnaires" sont déjà tombées aux oubliettes (et personne ne s'en plaindra !)
Elles promettaient un monde nouveau et meilleur. Mais ces technologies présentées comme révolutionnaires par l'industrie et les médias sont déjà tombées dans l'oubli, quelques années à peine après leur apparition.
Il y a quelques années, on nous assurait que le monde virtuel allait remplacer le réel, que les avatars seraient nos nouveaux doubles et que posséder une image numérique unique vaudrait plus qu'une maison. Ce rêve n'a pas duré. Les promesses de la "prochaine révolution numérique" se sont évaporées presque aussi vite qu'elles avaient enflammé les prédicateurs, les investisseurs avides et de nombreux médias. L'atterrissage a été brutal : ce qui devait changer l'histoire a surtout enrichi quelques initiés, ruiné des milliers d'acheteurs crédules et laissé une impression d'arnaque collective.
Les NFT (Non-Fungible Token ou jeton non fongible en français), ces certificats de propriété numériques, avaient tout pour séduire une époque fascinée par la rareté artificielle. En 2021, il suffisait de coller un singe pixelisé sur une place de marché pour récolter des millions. Le volume des échanges est passé en un an de quelques dizaines de millions à plus de 17 milliards de dollars. Des stars d'Hollywood aux marques de luxe, tout le monde voulait son ticket pour ce nouvel eldorado. Mais l'or s'est révélé être du sable : surévalués, copiés à l'infini et truffés d'arnaques, les NFT se sont effondrés. Aujourd'hui, hormis quelques cas très particuliers, ces collections n'ont plus aucune valeur.
Au même moment, une autre illusion prenait forme : celle d'un monde parallèle où nous devions vivre, travailler et consommer, le métavers. Le coup de projecteur a été donné par Mark Zuckerberg en 2021, lorsqu'il a rebaptisé Facebook en Meta pour symboliser ce virage. L'annonce a provoqué une ruée spéculative : terrains virtuels vendus à prix d'or, concerts et défilés de mode organisés dans des univers vides, startups valorisées à coups de milliards. Mais la greffe n'a jamais pris auprès du grand public. Les casques étaient chers et inconfortables, les mondes trop pauvres en contenu, et l'ennui plus présent que la magie. Même Meta a dû reconnaître l'échec, après avoir englouti des milliards de dollars dans sa division Reality Labs.
Ces désillusions n'ont rien d'exceptionnel dans l'histoire de la technologie. On avait déjà connu, avant, les promesses extravagantes de la 3D dans les téléviseurs, des Google Glass ou des mondes virtuels comme Second Life. À chaque fois, la même mécanique : une annonce fracassante, un emballement médiatique, une ruée spéculative, puis le silence. Les investisseurs en sortent échaudés, le grand public incrédule, et la technologie finit par survivre seulement sous une forme modeste et spécialisée. Pour les NFT comme pour le métavers, le même destin semble écrit : utiles peut-être pour l'art numérique, la formation ou le jeu, mais certainement pas pour révolutionner nos vies.
Le plus ironique reste sans doute le timing. Alors que les deux "révolutions" s'effondraient sur leur vide intrinsèque, une autre leur a volé la vedette : l'intelligence artificielle générative. À partir de 2022, ChatGPT et ses cousins ont captivé le monde entier, déplaçant aussitôt capitaux et imagination vers de nouveaux horizons. L'IA connaît à son tour un emballement qui n'est pas sans rappeler celui du métavers. La différence, c'est que ses usages sont déjà tangibles et massifs : assistants, outils d'écriture, création d'images, automatisation de tâches. Mais rien ne dit que l'engouement ne se transformera pas lui aussi en excès, avant un retour à une réalité plus mesurée.
Face aux annonces de "révolution totale", il est toujours bon de garder un esprit critique. Les technologies ne deviennent réellement importantes que lorsqu'elles répondent à un besoin concret et simple, en se diffusant naturellement dans nos vies. Le reste n'est que mirage. Et que les investisseurs se rassurent : les milliards investis dans ces chimères numériques ne disparaissent pas pour tout le monde, ils changent simplement de poches…