Google dément publiquement les accusations d'Elon Musk

Google dément publiquement les accusations d'Elon Musk

Suspecté depuis plusieurs semaines de manipuler ses résultats de recherche au détriment de l'ancien président américain Donald Trump, Google a été contraint de réagir publiquement aux accusations du milliardaire Elon Musk.

Depuis la tentative d'assassinat de l'ancien président américain Donald Trump, survenue le 13 juillet 2024, et le retrait du président en exercice Joe Biden de la prochaine élection présidentielle américaine, au profit de sa vice-présidente Kamala Harris, la scène politique étasunienne est en ébullition. En conséquence, les requêtes des internautes américains en lien avec la politique explosent, et de nombreuses personnes n'ont pas tardé à repérer un comportement étrange du moteur de recherche de Google.

En effet, lors de recherche avec les mots "president donald", le système de suggestions de Google ne proposait alors que des termes comme "Donald Duck" ou "Donald Reagan", et pas "Donald Trump" comme on aurait pu s'y attendre. Par ailleurs, même en écrivant manuellement "Donald Trump", les résultats renvoyés contenaient alors beaucoup de pages ayant les mots "Kamala Harris" dans leur titre. Il n'en fallait pas plus pour déclencher une vague d'interrogations parmi les internautes, suspectant Google de manipuler ses résultats en faveur du parti Démocrate américain.

Et ces suspicions ont atteint leur point d'orgue lorsque le milliardaire Elon Musk, patron des entreprises Tesla, SpaceX et surtout du réseau social Twitter (alias X) a publié un message sur ce dernier, accusant presque ouvertement Google de se livrer à une "interférence électorale". Quant on connaît l'influence du milliardaire sur son propre réseau social, on mesure aisément l'ampleur d'une telle déclaration : son message a été vu plus de 120 millions de fois, généré 82 000 réponses, 188 000 partages et un million de likes.

Google contraint de faire un démenti public face aux accusations d'Elon Musk

Face à une telle audience, impossible pour Google de rester silencieuse. Pourtant habituée à se trouver sous le feu des critiques et des procès en impartialité du fait de sa position hégémonique dans le secteur de la recherche sur Internet, l'entreprise a du se prêter à un exercice de communication plutôt inhabituel venant d'elle. Dans un fil de messages sur Twitter (alias X), posté depuis le compte officiel Google Communications dédiée à la presse, elle apporte des explications techniques sur les griefs qui sont portés à son encontre, sans toutefois citer nommément Elon Musk.

Pour répondre aux accusations de "censure" et de "bannissement" qui lui sont adressées, Google expose plusieurs arguments. Elle rappelle tout d'abord que la fonction d'autocomplétion des requêtes n'est qu'une aide à la saisie, qui n'empêche en rien l'utilisateur de saisir manuellement sa propre recherche. Ensuite, elle explique que l'absence de suggestions de recherche pour la tentative d'assassinat de Donald Trump provient d'un système de protection contre le contenu promouvant la violence politique. Elle indique ensuite que ce système a été corrigé afin de proposer désormais des suggestions de recherche relatives à la tentative d'assassinat de l'ancien président américain, capture d'écran à l'appui.

Elle revient ensuite sur le problème de l'autocomplétion, suggérant des termes comme "Donald Duck" (un personnage de Disney) plutôt que "Donald Trump", et explique qu'il s'agit d'un dysfonctionnement affectant les recherches sur différents personnages politiques, comme Barack Obama. D'après Google, le problème ne ciblerait donc pas spécifiquement l'ancien président Donald Trump, et proviendrait de l'algorithme de suggestions de recherche, qui aurait été corrigé depuis afin de fournir des propositions plus pertinentes.

Enfin, l'entreprise répond à l'accusation selon laquelle les recherches contenant spécifiquement les mots "Donald Trump" renverrait principalement vers des pages consacrées à sa rivale démocrate à l'élection présidentielle américaine de 2024. Captures d'écran à l'appui encore une fois, Google rappelle que les résultats de recherche fournissent du contenu en lien avec les termes de la requête et que, dans le cas présent, de nombreux articles parlant de Donald Trump contiennent les mots "Kamala Harris" dans leur titre, car les deux sujets sont étroitement liés. D'ailleurs, le cas inverse se produit également lors d'une recherche directe des termes "Kamala Harris", qui retourne du contenu titré "Donald Trump".

En conclusion, Google explique que ses services reposent sur des systèmes de prédiction algorithmiques, qui peuvent parfois proposer des résultats étranges, inattendus ou inexactes, auxquels l'entreprise apporte des corrections et des optimisations en continue. Il s'agirait donc de dysfonctionnements normaux et courants dans le domaine de la recherche sur Internet, et il n'y aurait pas de volonté délibérée de la part de Google de manipuler ses résultats de recherche en fonction des orientations politiques supposées de l'entreprise.

Si ces explications sont tout à fait vraisemblables et plausibles sur le plan technique, il n'est pas certain qu'elles suffisent à éteindre l'incendie. Comme en témoignent les très nombreuses réponses sous le fil Twitter de Google, beaucoup d'internautes disent ne pas croire ces explications et n'accorder aucune confiance aux déclarations de l'entreprise.

C'est l'un des problèmes posés par les déclarations sur les réseaux sociaux, qu'elles soient fondées ou non, de personnalités très influentes comme Elon Musk : une fois la rumeur ou l'insinuation lancée, il est alors très difficile de rétablir des faits sur la base d'informations sourcées et vérifiées. Et le phénomène semble d'autant plus fort dans les sociétés qui connaissent une tension et une polarisation politique extrême, telles que les États-Unis en ce moment.