Google adopte le fingerprinting pour vous suivre à la trace sur Internet

Google adopte le fingerprinting pour vous suivre à la trace sur Internet

Google autorise désormais une toute nouvelle méthode pour pister les internautes : le fingerprinting. Une empreinte numérique qui permet d'identifier les utilisateurs sur Internet afin de vendre leurs données aux annonceurs.

Plus que jamais, la confidentialité de nos données personnelles est un enjeu de taille, alors que les entreprises du numérique ne cessent de nous pister afin de vendre ces précieuses informations aux annonceurs. C'est notamment le cas de Google, dont la principale source de financement provient des revenus publicitaires. À ce sujet, l'entreprise avait annoncé, en décembre dernier, une mise à jour du règlement qui régit ses plateformes publicitaires, et qui s'applique depuis le 16 février

La firme de Mountain View ne le dit pas explicitement, mais elle autorise désormais l'utilisation du fingerprinting, un système d'identification en ligne par prise d'empreinte qui permet aux annonceurs d'accéder aux données des utilisateurs. Et, contrairement aux cookies, il est impossible de le détecter ou de le bloquer. Un changement qui inquiète fortement les défenseurs de la vie privée, car le fingerprinting pose de sérieux problèmes de confidentialité.

Fingerprinting : un pistage impossible à détecter et à bloquer

Comme l'indique la CNIL, le fingerprinting ("prise d'empreinte" en bon français) est une "technique probabiliste visant à identifier un utilisateur de façon unique sur un site Web ou une application mobile en utilisant les caractéristiques techniques de son navigateur". Pour faire simple, l'équipement dont l'utilisateur se sert pour se connecter au serveur fournit des informations (taille de l'écran, le système d'exploitation, caractéristiques techniques du navigateur Web, adresse IP…). Si celles-ci sont suffisamment nombreuses, elles forment une empreinte numérique qui permet à Google de distinguer les individus les uns des autres et donc de pister un internaute lors de sa navigation sur le Web, pour ensuite fournir ces données aux annonceurs et inonder l'utilisateur de publicités ciblées. Et ainsi engranger de l'argent. 

Pourtant, Google s'était opposé à cette méthode de pistage par le passé, estimant en 2019 que la prise d'empreinte "ne permet pas aux utilisateurs d'avoir un contrôle sur leurs données" puisque, contrairement aux cookies, il est impossible de détecter ou de bloquer ce système de traçage. D'ailleurs, l'entreprise avait pour projet de bloquer les cookies tiers sur Google Chrome, avant de faire marche arrière (voir notre article).

Aussi, la firme effectue un virage à 360 degrés, expliquant que les nouvelles technologies permettent aujourd'hui de limiter les risques et que les annonceurs ont besoin de nouvelles méthodes pour optimiser leurs publicités sur les nouvelles plateformes, notamment sur les écrans de télévisions connectées. 

Fingerprinting : une utilisation par Google qui inquiète

Ce changement a été mal accueilli par plusieurs autorités et ONG. Stephen Almond, directeur exécutif du risque réglementaire de l'ICO (l'équivalent de la CNIL britannique), a vivement critiqué le fingerprinting en décembre dernier. "L'ICO estime que l'empreinte numérique n'est pas un moyen équitable de pister les utilisateurs en ligne, car elle est susceptible de réduire le choix et le contrôle des personnes sur la manière dont leurs informations sont collectées", avait-il fait savoir.

De son côté, la CNIL a indiqué à BFMTV que "le fingerprinting n'est pas interdit en soi par la réglementation, mais [que] son utilisation est encadrée". Ainsi, les personnes concernées doivent être informées de l'utilisation de cette technique et de ses finalités. C'est seulement avec le consentement de l'utilisateur que le recours à cette technique est autorisé. "L'usage du fingerprinting à des fins publicitaires nécessite le consentement des utilisateurs qui doit pouvoir refuser aussi simplement que d'accepter", indique le gendarme du numérique.

Enfin, Lena Cohen, technologue à l'Electronic Frontier Foundation (EFF), affirme qu' "en autorisant explicitement une technique de suivi qu'elle décrivait auparavant comme incompatible avec le contrôle des utilisateurs, Google met en évidence sa priorité continue des profits sur la vie privée". On ne peut pas lui donner tort sur ce point-là.