Meta veut utiliser toutes vos données pour nourrir son IA... avec ou sans votre accord !

Meta veut utiliser toutes vos données pour nourrir son IA... avec ou sans votre accord !

Meta est visé par des plaintes dans 11 pays européens suite à des changements dans sa politique de confidentialité. L'entreprise est accusée d'utiliser illégalement les données privées des internautes pour développer son IA.

Meta ne cache pas, depuis plusieurs mois maintenant, son ambition d'intégrer de l'intelligence artificielle dans ses différents services, à savoir Facebook, Instagram et WhatsApp. Et pour entraîner son IA, l'entreprise a besoin d'un maximum de données ! Aussi, de nombreux utilisateurs Facebook ont reçu il y a quelques semaines une étrange notification les prévenant de la planification de nouvelles fonctions d'IA.

En fouillant un peu, on tombait sur une déclaration cryptique de mauvais augure :"Nous nous appuierons désormais sur la base légale de nos intérêts légitimes afin d'utiliser vos informations pour développer et améliorer l'IA de Meta". C'est bien simple, à partir du 26 juin, l'entreprise pourra collecter nos publications, nos photos et leurs légendes, ainsi que nos discussions avec les IA de la société. Il existe heureusement un moyen de s'y opposer (voir notre article). Mais, si nous apparaissons sur une image partagée sur Instagram ou Facebook, ou que nous sommes mentionnés dans des publications ou légendes, Meta pourra tout de même utiliser ces données, sans que nous ayons notre mot à dire. C'est aussi valable pour les personnes n'utilisant pas les produits et les services de l'entreprise !

Bref, Meta s'assoit complètement sur le Règlement général sur la protection des données (le fameux RGPD européen). Aussi, ce jeudi 6 juin, l'organisation de protection de la vie privée autrichienne None of your business ("Ce ne sont pas vos affaires" en français, ou NOYB) a annoncé dans un communiqué avoir déposé plainte contre l'entreprise de Mark Zuckerberg auprès des autorités de protection des données dans onze pays d'Europe, dont la France. Elle demande une intervention "en urgence" des autorités afin de l'empêcher de rendre les changements dans sa politique de confidentialité effectifs.

Données Facebook : un changement de politique qui ne passe pas

Max Schrems, le fondateur de l'ONG, est particulièrement alarmé. "Meta dit en substance qu'il peut utiliser  'n'importe quelle donnée provenant de n'importe quelle source à n'importe quelle fin et la rendre accessible à n'importe qui dans le monde', à condition que cela soit fait via la 'technologie IA', […] un terme extrêmement large. Tout comme 'l'utilisation de vos données dans des bases de données', il n'y a pas de véritable limite légale", explique-t-il. En plus des données publiques déjà utilisées pour entraîner les modèles d'IA générative, Meta veut exploiter l'ensemble des données de ses milliards d'utilisateurs collectées depuis 2007.

D'après Max Schrems, on ignore comment l'entreprise va utiliser toutes ces informations. Cela pourrait être pour "un simple robot conversationnel, des publicités personnalisées agressives ou même un drone tueur". Par le biais de Reuters, Meta a rejeté les critiques de NOYB. "Nous sommes convaincus que notre approche est conforme aux lois sur la protection de la vie privée et qu'elle est cohérente avec la manière dont d'autres entreprises technologiques développent et améliorent leurs expériences en matière d'IA en Europe (notamment Google et Open AI)", a déclaré un porte-parole.

Pourtant, les autorités européennes ont déjà rejeté le principe de droit légitime de Meta lorsque l'entreprise avait tenté d'outrepasser le droit des utilisateurs à la protection des données en matière de publicité. Aussi, l'association estime qu'elle n'aurait "aucune base légale pour traiter des quantités aussi importantes de données à caractère personnel pour des finalités totalement indéterminées". Après ces onze États, dont la France, la Belgique ou encore l'Allemagne, elle va engager des procédures dans les autres pays de l'UE "dans les prochains jours". En cas d'infractions au RGPD, les  amendes peuvent s'élever jusqu'à 4 % du chiffre d'affaires mondial total de l'entreprise.