Vérifiez vite vos relevés bancaires : cette société a fait des prélèvements abusifs pour une assurance bidon
Une société marseillaise a escroqué des milliers de personnes avec des prélèvements bancaires pour une assurance imaginaire. Les autorisés invitent les victimes à vérifier leurs comptes et à se signaler rapidement.
Tout le monde se souvient du scandale de la SFAM-Indexia, cette société qui a longtemps effectué des prélèvements abusifs sur les comptes bancaires de clients qui avaient souscrit une assurance pour leurs appareils électroniques, parfois sans s'en rendre compte, et même après résiliation (voir notre article). Si l'affaire s'est réglée récemment devant les tribunaux avec des condamnations, elle semble ne pas avoir servi d'avertissement aux escrocs. Au contraire, son mécanisme aurait même fait office de modèle pour une autre arnaque massive.
Ainsi, pendant plusieurs années, une société marseillaise a discrètement ponctionné des millions d'euros à des particuliers. Pas de gros virements suspects, mais de petits prélèvements mensuels, presque invisibles sur un relevé bancaire. Après une longue et minutieuse enquête, la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) a révélé qu'entre 2020 et 2025, l'entreprise CSV avait mis en place un système d'escroquerie sophistiqué, basé sur de faux contrats d'assurance.
L'affaire a éclaté en mars dernier, après des signalements de consommateurs intrigués par des débits récurrents et inexpliqués. L'enquête a montré que CSV, officiellement spécialisée dans la réparation d'ordinateurs, procédait en réalité à des prélèvements automatiques sous prétexte d'assurance affinitaire. Ces assurances dites "complémentaires", souvent proposées lors de l'achat d'un smartphone ou d'un ordinateur, étaient ici totalement fictives. Les victimes voyaient disparaître chaque mois 3,99 euros de leur compte, sans aucune prestation en retour. Individuellement, la somme paraissait dérisoire. Mais répétée à grande échelle, elle a permis de détourner plus de 7 millions d'euros.
Pour brouiller les pistes, l'entreprise utilisait une multitude de libellés différents. Les relevés bancaires pouvaient afficher "ASSUR", "ASSURANCE TEL PORT", "ASSURTEL", "ASSURANTIK", "ASSURX", "ASSURO5" ou encore "ASSURA". Une vingtaine de variantes ont été recensées par les enquêteurs, toutes associées au numéro de créancier SEPA FR24ZZZ669169. De quoi semer la confusion chez les clients, surtout lorsque ceux-ci avaient déjà souscrit, parfois des années plus tôt, une vraie assurance affinitaire auprès d'une autre société.
Le 17 juin 2025, le dirigeant de CSV, Serge Terramagra, a été interpellé et placé en garde à vue. Des saisies patrimoniales ont suivi : plus de 3,3 millions d'euros de biens immobiliers, de comptes bancaires et même de cryptoactifs ont été gelés. Mais malgré cette avancée, l'enquête se poursuit encore, car toutes les victimes n'ont pas été identifiées. Les autorités cherchent à reconstituer l'ampleur exacte du préjudice, évalué à plus de 7 millions d'euros hors taxes.
La DGCCRF et le parquet de Marseille appellent donc les particuliers à vérifier attentivement leurs relevés bancaires. Si vous remarquez l'un de ces libellés suspects ou le numéro de créancier indiqué, il est essentiel de vous manifester. Les victimes qui souhaitent se constituer parties civiles doivent envoyer un mail à l'adresse audiencement.phn.tj-marseille@justice.fr. Un message de retour leur précisera les modalités pour rejoindre la procédure. Cette démarche permettra de faire valoir leurs droits, mais aussi d'alourdir le dossier judiciaire contre l'escroc présumé.