Ces mots n'existent pas en "bon" français, mais tout le monde les utilise

Ces mots n'existent pas en "bon" français, mais tout le monde les utilise

Comme toutes les langues vivantes, le français évolue sans cesse. Au point d'intégrer des mots qui n'existent pas officiellement dans les dictionnaires, mais que tout le monde emploie au quotidien sans y penser.

Le français est une langue vivante. Comme telle, elle évolue constamment, au fil du temps et des besoins, en reflétant les modes et les époques, comme un marqueur de société. Et si les règles de syntaxe changent peu, le vocabulaire s'enrichit sans cesse de nouveaux mots. qui circulent dans les conversations bien avant d'̂être validés par les dictionnaires.

C'est le cas de l'argot, évidemment, qui popularise des termes et des expressions avant leur reconnaissance officielle par les institutions. Le verlan en propose de nombreux exemples : meuf, relou, chelou, vénerouf. On les entend partout, mais ils n'appartiennent pas au français soutenu. La plupart ne sont pas répertoriés dans les dictionnaires traditionnels, même si leur usage est massif, notamment chez les jeunes.

Mais en plus de ces classiques, qui tiennent du langage familier parlé ou codé, il en existe de très nombreux qui paraissent tellement "normaux" qu'ils sont employés partout, y compris à l'écrit dans le cadre professionnel, au grand désespoir des puristes dont les yeux et les oreilles saignent parfois.

© ANNELEVEN - Adobe Stock

Certains viennent tout droit de l'anglais. Ils s'imposent souvent parce qu'ils semblent plus simples ou plus pratiques que leurs équivalents français. Googliser par exemple, utilisé pour dire qu'on recherche quelqu'un ou quelque chose sur Internet, n'existe pas dans les ouvrages de référence. Spoiler non plus, même si le terme est devenu incontournable dans les discussions sur les films et séries. Idem pour overbooké, scrollerblacklister, ghosterchecker, downloader, likerstreamer, ou customiser. Venus pour beaucoup du numérique et des réseaux sociaux, ils sont passés dans le langage courant, mais restent inexistants sur le plan strictement lexical.

À côté de ces emprunts, on trouve aussi des mots créés par "francisation spontanée". Ils ressemblent à des verbes ou à des expressions parfaitement légitimes, mais n'ont jamais été retenus par les dictionnaires. Nominer, très répandu dans le milieu culturel ou sportif, fait partie de ces termes qui paraissent logiques mais ne sont pas reconnus. Même chose pour fuiter, lorsqu'une information circule plus tôt que prévu. Ces créations suivent des schémas de formation cohérents, ce qui explique qu'elles se propagent facilement. Elles répondent souvent à un besoin immédiat : combler un vide, raccourcir une idée, ou simplifier une phrase.

D'autres termes donnent ainsi l'impression d'être installés depuis toujours, alors qu'ils ne possèdent aucune reconnaissance officielle. C'est le cas, par exemple, de candidater, employé à la place de postuler. Idem pour monétiser, que l'on peut remplacer par monnayer, pour gratifiant, utilisé à la place de valorisant, de éligible employé pour une promotion interne, ou encore de impactant, de confusant, de inarrêtable ou de facilitateur

On pourrait ainsi multiplier les exemples à l'envi. Si certains peuvent faire sourire ou agacer, quand de meilleurs termes existent déjà en français, ils prouvent tous la vitalité de notre langue. Chaque génération, chaque milieu social et chaque pratique culturelle enrichit le vocabulaire, quitte à créer des termes qui n'existent pas encore sur le papier. La preuve que l'usage l'emporte souvent sur la règle !