Ces comptes d'épargne seront bientôt fermés de force : des millions de Français concernés
Dans quelques mois, de nombreux épargnants verront leur compte automatiquement clôturé. Ils ne pourront plus profiter de ses avantages et devront trouver une autre solution pour leurs économies.
C'est un anniversaire que les épargnants n'attendaient pas vraiment. Le 1er mars 2026, les premiers plans épargne logement (PEL) ouverts après la réforme de 2011 atteindront leurs quinze ans d'existence. Conformément à la loi, les banques devront alors les clôturer automatiquement. Une échéance inédite depuis la création du produit en 1969, qui concerne tous les PEL ouverts à partir du 1er mars 2011. Ceux ouverts avant cette date échappent à la règle et peuvent être conservés sans limite de durée.
La fermeture ne signifie pas pour autant la disparition de l'argent. Les fonds accumulés seront transférés vers un livret bancaire classique, à un taux fixé par l'établissement. Problème : cette rémunération est souvent inférieure à celle du PEL, déjà jugée peu attractive ces dernières années. Autrement dit, les détenteurs risquent de voir leur épargne rapporter encore moins une fois la bascule effectuée. D'où l'intérêt, pour certains, de clôturer leur PEL par anticipation afin de réorienter leur capital vers des placements plus rentables.
Selon la Banque de France, près de 93 milliards d'euros sont concernés sur la période 2026-2030, dont un pic de 28 milliards attendu en 2030. Cette manne colossale n'a pas échappé aux spécialistes de l'épargne. Pour l'économiste Philippe Crevel, l'assurance-vie devrait en être la grande gagnante : fonds en euros garantis, rendement supérieur et profil de long terme conviennent aux détenteurs de PEL, qui ont déjà prouvé leur patience en laissant dormir leur argent quinze ans sans y toucher.
Si le PEL a perdu de sa superbe, c'est aussi parce que ses avantages ont été rabotés. Depuis 2018, les intérêts ne sont plus exonérés d'impôt mais soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30 %. Dans le même temps, la prime d'État, autrefois accordée lors de l'utilisation du plan pour un achat immobilier, a disparu. Ajoutons à cela des taux de rémunération faméliques – à peine 1 % brut entre 2016 et 2022 – et le produit n'a plus eu grand-chose à offrir aux épargnants.
Son intérêt se situe désormais ailleurs : dans la possibilité d'obtenir un crédit immobilier à taux préférentiel. Le mécanisme fonctionne si le taux associé au PEL est inférieur à celui du marché. Ce n'était pas le cas en 2021, où un prêt via PEL revenait plus cher qu'un crédit classique. Mais la tendance s'est inversée depuis 2023. Avec un taux d'emprunt fixé à 2,95 % début 2025, le produit retrouve un certain attrait alors que les crédits immobiliers du marché dépassent souvent 3 %. De quoi réhabiliter partiellement un outil dont la vocation première reste de financer l'accession à la propriété.
Reste que les fermetures automatiques bouleverseront le paysage de l'épargne. Pour certains épargnants, la question se posera de réinvestir dans l'immobilier, pour d'autres dans des placements financiers plus souples. Les banques, de leur côté, voient dans cette échéance une façon de se débarrasser d'un produit qui peut parfois leur coûter cher, surtout lorsque les taux fixés à l'ouverture se révèlent avantageux pour le client.
Le compte à rebours est enclenché. D'ici à mars 2026, les titulaires d'un PEL de plus de quinze ans auront tout intérêt à examiner leurs options. Garder l'argent sur un livret à faible taux, basculer vers l'assurance-vie, miser sur un placement à haut rendement, ou utiliser enfin leur droit à un crédit immobilier : le choix dépendra de leurs projets et de leur appétence au risque. Mais une certitude s'impose déjà : le PEL, longtemps produit star des familles françaises, s'apprête à tourner une page de son histoire.