Ce célèbre fournisseur d'électricité a surfacturé ses clients pendant des années
La Répression des fraudes vient d'infliger une amende à un fournisseur d'électricité bien connu qui avait surfacturé ses clients en omettant d'appliquer une mesure gouvernementale. Une grave infraction au code de la consommation.
C'est une très mauvaise surprise qui attendait David et Jennyfer à leur retour de week-end. En ouvrant leur courrier, ils ont découvert une facture d'électricité de 4957 euros : un montant astronomique, et totalement incompréhensible au vu de leur consommation habituelle. Une fois le choc passé, ils ont vite contacté leur fournisseur qui leur a confirmé que ce n'était pas une erreur.
Et ils n'étaient pas les seuls dans ce cas. Entre 2022 et 2023, plus de 77 000 foyers français ont reçu des factures anormales émanant du même fournisseur d'électricité. Des échéanciers gonflés, sans rapport avec les hausses officielles des tarifs de l'énergie, qui ont plongé ces particuliers dans l'abattement, en mettant parfois dans une situation financière difficile
Contactée des clients mécontents, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a mené l'enquête. Et ses experts ont rapidement constaté que ces factures démesurées n'étaient pas dues à une erreur , mais à une pratique commerciale trompeuse. Et répréhensible.

Et pour cause, il s'agissait d'une faute bien identifiée : l'absence de prise en compte du bouclier tarifaire, ce mécanisme imaginé par l'État à l'automne 2021 pour contenir la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine. Concrètement, le fournisseur d'électricité n'avait pas appliqué les protections décidées par le Gouvernement, ce qui a mécaniquement gonflé le montant facturé à ses clients
L'affaire a été portée devant la justice. Le parquet de Nanterre a retenu la responsabilité de l'entreprise et validé une amende transactionnelle de 275 000 euros, que le fournisseur a accepté de régler, comme l'a annoncé la DGCCRF le 1er septembre, soulignant que les clients avaient reçu des "échéanciers largement décorrélés de la hausse des tarifs de l'électricité". Si le montant peut sembler dérisoire par rapport aux sommes facturées, il s'agit d'un signal clair : la surfacturation n'est pas une simple bévue administrative mais une infraction au code de la consommation.
En réalité, cette sanction venait s'ajouter à une note bien plus salée déjà présentée au fournisseur d'électricité. Quelques mois plus tôt, l'entreprise avait été contrainte de débourser 50 millions d'euros pour indemniser près de 100 000 clients lésés. Une partie de cette somme avait été reversée rapidement, et le gouvernement avait exigé que les consommateurs concernés bénéficient du même tarif que ceux restés au tarif réglementé d'EDF.
Le fournisseur incriminé n'est autre qu'Eni, qui opérait alors en France sous le nom Eni Gas & Power. Rebaptisée Plenitude en 2024, la société italienne a tenté de tourner la page, mais ce changement d'enseigne n'efface pas les erreurs passées, d'autant qu'elle a déjà fait l'objet de poursuites pour des pratiques abusives lors de son arrivée en France, avec l'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence. Les factures exorbitantes et les remboursements massifs restent associés à sa réputation.