Pourquoi écrire à la main vaut mieux que taper au clavier pour apprendre et réfléchir
Si les claviers et les smartphones ont incontestablement gagné la guerre de l'écriture, nos bons vieux stylos et crayons ont encore des vertus inestimables pour la mémoire et l'apprentissage.
Les outils informatiques offrent des avantages indéniables en matière de vitesse d'écriture. Nous n'avons d'ailleurs jamais autant écrit qu'à notre époque dominée par les ordinateurs et les smartphones. Les claviers mécaniques et les écrans tactiles sont si commodes que la plupart des adultes ne se saisissent plus guère d'un stylo au cours d'une journée de travail, que certaines écoles n'enseignent plus l'écriture manuscrite aux élèves et que d'autres remplacent progressivement les cahiers par des tablettes.
Pourtant, les capacités de mémorisation et de concentration des gens semble s'étioler année après année, et plusieurs indices laissent à penser que l'envahissement des écrans et des claviers n'est pas étranger au phénomène. Plusieurs études très sérieuses mettent ainsi en évidence les liens qui unissent l'écriture manuscrite avec la mémorisation à long terme, l'attention soutenue et l'apprentissage profond. Trois domaines dans lesquels les claviers, aussi efficaces soient-ils, se montrent donc moins performants que les stylos et les crayons.
En premier lieu, écrire à la main est une action psychomotrice exigeante et complexe, qui sollicite simultanément plusieurs zones du cerveau bien davantage que la saisie sur un clavier. Cette activité implique la coordination œil main, la motricité fine, la mémoire et la pensée. En mobilisant un réseau neuronal plus étendu, l'écriture manuscrite favorise ainsi une fixation profonde et une mémorisation à long terme des informations. Dans un récent article, le magazine National Geoprahic se fait d'ailleurs l'écho de recherches mettant en évidence ces mécanismes cognitifs.
Ces études par imagerie cérébrale révèlent comment différentes zones du cerveau s'activent, communiquent et se « synchronisent » lors du processus d'écriture manuscrite. Tracer des lettres nécessite d'exercer une pression fine sur le papier, de suivre la formation des courbes du regard et de comparer en temps réel le résultat avec l'image des caractères stockée dans sa mémoire. Un exercice de coordination musculaire et cognitif intense, qui stimule l'activité des voies neuronales. Et bien que la saisie au clavier implique également les mains, les mouvements en jeu sont beaucoup plus simples et n'activent absolument pas le cerveau de la même façon.
De plus, l'écriture manuscrite étant plus lente et exigeante que la dactylographie, elle impose une concentration accrue et une attention soutenue sur une plus longue période. Paradoxalement, le fait de ralentir le processus d'écriture favorise donc une assimilation plus profonde des informations, des idées et des concepts, comme le souligne le réseau associatif NPR. Ainsi, tant les écoliers pour l'apprentissage de leurs leçons que les adultes pour leur prise de notes en réunion, gagneraient à revenir au papier et au crayon.
Pour autant, il n'est pas nécessaire de rejeter en bloc les outils numériques. Les différentes études menées montrent en effet que les bénéfices mentaux de l'écriture manuscrite sont les mêmes, peut importe qu'on trace les lettres sur une feuille avec un stylo, ou sur un écran avec un stylet. Il est donc possible de profiter du meilleur des deux mondes, grâce à des appareils comme les tablettes à encre électronique, qui permettent à la fois de lire des milliers d'ouvrages, et de prendre des notes, d'écrire des textes ou de dessiner à la main. Une bonne façon de tirer parti des avantages du numérique, sans se priver des formidables vertus cognitives de l'écriture manuscrite.