Microsoft va placer des agents IA au cœur de Windows 11, même dans la barre des tâches

Microsoft va placer des agents IA au cœur de Windows 11, même dans la barre des tâches

Lors de sa conférence Ignite 2025, Microsoft a confirmé la mutation majeure de Windows 11 vers un système IA, avec notamment l'intégration d'agents autonomes chargés d'exécuter des tâches complexes en arrière-plan er contrôlables depuis la barre des tâches.

Hasard du calendrier ? Au moment où Google présentait Gemini 3, sa nouvelle IA surpuissante, Microsoft dévoilait ses plans pour l'avenir de Windows lors de son événement Ignite 2025, sa conférence technologique qui se tient du 18 au 21 novembre . Avec, là encore, de l'intelligence artificielle à tous les étages. Conformément à ses dernières annonces, l'éditeur poursuit sa course folle à l'intégration profonde de l'IA dans son système d'exploitation, en dépit des protestations des utilisateurs qui ne veulent pas de gadgets (voir notre article).

Pourtant, la stratégie dévoilée dépasse largement l'ajout de fonctions accessoires voire anecdotiques : Microsoft entame la transformation de Windows 11 en une véritable plateforme d'accueil pour des agents autonomes, capables d'agir à la place de l'utilisateur plutôt que de simplement répondre à des questions.

IA dans Windows : des agents autonomes dans la barre des taches

La manifestation la plus visible de ce changement de paradigme se situera, sans surprise, dans la barre des tâches, zone névralgique de l'interface utilisateur. Microsoft introduit le concept d'agents IA qui, une fois sollicités, viendront se loger sous forme d'icônes aux côtés des applications classiques. Contrairement à un logiciel classique qui attend des actions et des informations de l'utilisateur, ces agents travailleront de manière autonome en arrière-plan pour accomplir des tâches longues et complexes.

L'utilisateur pourra survoler ces icônes pour vérifier l'avancement du travail via une barre de progression ou un code couleur – vert pour une tâche accomplie, jaune pour un problème nécessitant une intervention humaine. L'objectif est de déléguer des processus fastidieux, comme la synthèse de plusieurs documents éparpillés dans différents dossiers pour en faire un mémo structuré ou la préparation d'un plan PowerPoint basé sur des données brutes, sans immobiliser l'interface principale.

IA dans Windows : la recherche assistée par Copilot

Pour orchestrer ces interactions, la traditionnelle barre de recherche Windows s'apprête à tirer sa révérence au profit d'un nouveau bouton baptisé Ask Copilot. Ce point d'entrée unifié fusionnera la recherche de fichiers locaux, l'exploration du web et le pilotage des agents. En saisissant une requête en langage naturel ou en utilisant la commande vocale, l'utilisateur activera ce que l'on pourrait qualifier de tour de contrôle du système.

© Microsoft

Cette interface permettra également d'invoquer des agents spécifiques via un système de mentions, similaire à celui des réseaux sociaux, ou via un menu dédié. Plus intéressant encore, cette ouverture n'est pas réservée aux outils maison : des développeurs tiers pourront proposer leurs propres agents spécialisés, par exemple pour la gestion de voyages ou la comptabilité, transformant potentiellement la barre des tâches en un hub de compétences plutôt qu'un simple lanceur d'applications.

IA dans Windows : un environnement cloisonné pour garantir la sécurité

Pour que ces assistants puissent manipuler fichiers et paramètres sans casser le système, une infrastructure rigoureuse est nécessaire. C'est ici qu'intervient le Model Context Protocol (MCP), un standard technique que Microsoft va intégrer "nativement" à Windows. Ce protocole agit comme un traducteur universel entre l'IA et les applications. Plutôt que de laisser un agent cliquer à l'aveugle dans les fenêtres, les développeurs fourniront des "connecteurs", sortes de fiches techniques listant précisément les actions autorisées et la méthode pour les exécuter.

© Microsoft

Microsoft montre l'exemple avec des connecteurs pour l'Explorateur de fichiers et les Paramètres Windows, permettant aux agents de modifier une configuration ou d'organiser des dossiers en respectant des règles strictes. Pour garantir la sécurité et éviter qu'un agent ne devienne incontrôlable, ces processus s'exécuteront dans un Agent Workspace, un environnement cloisonné et surveillé, où chaque action est journalisée.

IA dans Windows : des fonctions spéciales pour les PC Copilot+

Cette omniprésence de l'intelligence artificielle s'étendra jusqu'au cœur de l'Explorateur de fichiers. L'ambition est de contextualiser l'aide apportée. Depuis n'importe quelle fenêtre de dossier, il sera possible de solliciter Copilot pour résumer un document sans l'ouvrir, rédiger un courriel basé sur le contenu d'un fichier sélectionné ou extraire des données spécifiques.

Une fonction particulièrement pragmatique, liée aux capacités des PC labellisés Copilot+, permettra par exemple de transformer un tableau figé dans une image ou un PDF en un fichier Excel modifiable d'un simple clic. Cette approche contextuelle vise à supprimer les frictions habituelles du copier-coller entre plusieurs fenêtres pour fluidifier les flux de travail administratifs ou créatifs.

La dimension matérielle n'est pas oubliée, Microsoft cherchant à justifier l'investissement dans les machines équipées de processeurs neuronaux (NPU). Une partie significative de ces nouvelles capacités sera exécutée localement, sans passer par le cloud, pour les possesseurs de PC Copilot+.

Cela concerne notamment des outils d'aide à l'écriture capables de reformuler, corriger ou changer le ton d'un texte, mais aussi une recherche Windows devenue sémantique, capable de comprendre le sens d'une requête vague pour retrouver un document perdu. L'accessibilité devrait aussi profiter de cette puissance locale avec une dictée vocale plus fluide et des voix de synthèse au rendu naturel pour le lecteur d'écran, adaptant leur intonation au contenu lu.

Futur Windows : un système entièrement tourné vers l'IA

Consciente des levées de boucliers précédentes, notamment autour de la fonction controversée Recall, la firme de Redmond adopte cette fois une posture de prudence. L'activation de ces agents ne se fera pas par défaut. L'utilisateur gardera la main via une nouvelle page de paramètres dédiée aux connecteurs, permettant de voir exactement quelle application autorise quel agent à agir, et de révoquer ces permissions à tout moment. Les administrateurs informatiques en entreprise disposeront quant à eux d'outils de gestion de flotte pour autoriser ou bloquer ces usages.

Si les premières versions de ces outils arriveront via le canal Insider courant 2025, le déploiement grand public n'est pas attendu avant 2026, laissant le temps à Microsoft d'affiner sa copie et aux utilisateurs de se faire à l'idée que leur système d'exploitation est désormais proactif.

Une chose est sûre : malgré les protestations des utilisateurs, qui réclament surtout un système fiable, fonctionnel et bien fini, sans gadget ou fonction superflue, Microsoft semble bien décidé à transformer Windows en profondeur, pour en faire une sorte d'assistant multifonctions tournant à l'intelligence artificielle. L'avenir nous dira si c'est la bonne voie pour l'informatique de nouvelle génération.