"Rien à foutre !" Les utilisateurs de PC ne veulent pas d'IA dans Windows

"Rien à foutre !" Les utilisateurs de PC ne veulent pas d'IA dans Windows

Alors que Microsoft poursuit sa course folle vers l'intelligence artificielle en intégrant de l'IA dans tous ses produits, la colère grandit chez les utilisateurs qui veulent juste un Windows stable et fiable, sans les gadgets qu'ils n'ont jamais demandés.

Depuis l'avènement de l'intelligence artificielle générative popularisée par ChatGPT, Microsoft n'a plus qu'une seule obsession : mettre de l'IA partout. Et pour ne pas passer à côté de ceux que certains qualifient de "nouvelle révolution technologique" – et de la montagne de milliards de dollars qui doit récompenser à terme les champions du domaine –, l'éditeur truffe tous ses produits d'IA : entre son "compagnon intelligent" Copilot et ses "agents" autonomes, on en trouve aussi bien dans la suite bureautique Microsoft 365 que dans le navigateur Edge ou dans Windows 11, y compris dans des petits logiciels intégrés au système, comme Paint, Photos ou le Bloc-notes. 

IA dans Windows : la nouvelle obsession de Microsoft

Dans ses dernières annonces (voir notre article), la firme de Redmond promet même une prochaine version de Windows entièrement tournée vers l'IA, à l'instar de la très controversée fonction Recall, capable d'enregistrer et d'analyser tout ce qui se passe sur l'écran d'un ordinateur pour aider son utilisateur. Dans l'esprit de Microsoft, tout doit désormais respirer l'intelligence artificielle. L'entreprise veut un système capable d'observer, d'anticiper, de dialoguer et même de décider pour son utilisateur. L'idée : transformer le PC personnel en assistant numérique omniscient, connecté en permanence au cloud et à ses services.

Le problème, c'est que cette transformation se fait dans la plus grande confusion, avec des fonctions et des modules qui s'installent un peu partout ou qui surgissent sans prévenir, au sein de la barre des tâches, dans un nouveau bouton mystérieux ou derrière une obscure option de menu. Le tout sans que l'on comprenne clairement ce qui réellement disponible, pour qui et à quel prix, certaines fonctions étant réservées à des ordinateurs particuliers –  les fameux modèles estampillés PC Copilot+ –, d'autres aux abonnés à) des formules payantes,  d'autres encore accessibles à tous, mais avec des limites d'utilisation cryptiques.

Mais, surtout, tous ces outils sont arrivés sans que les utilisateurs ne les réclament. Beaucoup n'y volent que des gadgets futiles et inutiles qui obèrent les ressources des PC en les ralentissant. Et la plupart craignent pour la confidentialité de leurs données, notamment avec des fonctions comme Recall, qui enregistrent toutes les activités de l'utilisateur pour lui permettre de "tout retrouver plus tard" et les échangées incessants avec les serveurs de Microsoft qui traitent des informations dans le cloud. Bref, 'IA censée faciliter la vie donne surtout l'impression d'un intrus très curieux qui fouille dans les tiroirs sans apporter de service tangible.

Pavan Davulur : la publication qui énerve les utilisateurs

Si la grogne était plutôt silencieuse jusque là, elle vient d'éclater au grand jour. Le 11 novembre 2025, Pavan Davuluri, patron de la division Windows chez Microsoft, pensait annoncer fièrement sur X la future conférence Ignite, un grand rendez-vous qui se tiendra du 18 au 21 novembre où seront présentées les nouveautés de l'OS. Une publication enthousiaste et anodine, ponctuée d'un message sur l'évolution "agentique" de Windows. Mais à peine son message posté, le grand patron de Windows a reçu une pluie de critiques, la publication se transformant en champ de bataille.

© X

Les commentaires des utilisateurs sont sans appel : "Personne n'en veut", "Votre IA pousse les gens à passer sur Mac et Linux", "Vous n'avez aucune idée de nos priorités". En quelques heures, des centaines d'utilisateurs ont exprimé la même exaspération. Ce qu'ils réclament n'a rien à voir avec une révolution technologique : ils veulent un Windows stable, réactif, prévisible. Un menu Démarrer qui ne rame pas, une recherche qui fonctionne, un OS qui respecte leurs réglages.

Pour beaucoup, Microsoft s'enferme dans un discours hors-sol. L'entreprise parle de "productivité intelligente" et de "cloud contextuel". Des éléments de langage purement marketing qui peuvent faire illusion auprès d'investisseurs davantage intéressés par les dividendes espérées que par de réels avancées technologiques, mais qui mettent en fureur les véritables utilisateurs de Windows qui luttent régulièrement avec des mises à jour mal finies ou des fenêtres de pub déguisées en suggestions. Ce grand écart alimente une colère qui n'a plus rien de marginale.

IA imposée dans Windows : une évolution qui pousse vers Linux et macOS

Derrière ce rejet massif se cache un sentiment d'intrusion. Les agents IA intégrés à Windows collectent des informations, analysent le contexte d'usage et interviennent dans les actions de l'utilisateur, souvent sans explication claire. Pour certains, le PC n'est plus un outil, mais un observateur permanent, qui regarde par-dessus l'épaule et envoie des données on ne sait où.

Cette opacité inquiète autant qu'elle agace. Les promesses de Microsoft en matière de sécurité ne suffisent plus à rassurer. Chaque module d'IA actif en arrière-plan devient une surface d'attaque potentielle. Et la frontière entre assistance et surveillance s'efface dangereusement. Le paradoxe, c'est qu'en voulant rendre Windows plus "personnel", Microsoft le rend moins intime.

Sur les forums, la lassitude vire à la défiance. Certains utilisateurs évoquent un passage à Linux, d'autres préfèrent macOS, perçu comme plus cohérent, moins bavard. Dans ce contexte, chaque nouvelle annonce sur l'IA ressemble moins à une innovation qu'à une provocation.

Dave Plummer : la critique de l'intérieur

Les utilisateurs lambda ne sont pas les seuls à s'insurger contre les dérives de Windows et la stratégie de Microsoft. Et quand la critique vient de l'intérieur, elle résonne encore plus fort. Dave Plummer, ancien ingénieur chez Microsoft et créateur du mythique Gestionnaire des tâches, a récemment publié une vidéo au titre sans ambiguïté : Windows SUCKS. Son constat est sévère : "Windows est devenu un cauchemar de télémétrie et de paternalisme"

Selon lui, Microsoft a passé deux décennies à simplifier son système jusqu'à infantiliser ses utilisateurs les plus aguerris. Trop d'assistants, trop de garde-fous, trop de messages intrusifs. Et maintenant, l'IA en rajoute une couche. Plummer réclame un "mode Pro" qui traiterait les utilisateurs avancés comme des adultes : pas de pub, pas de suggestion forcée, un accès direct aux outils et aux paramètres, avec un lieu unique pour tous les réglages au lieu de l'éparpillement labyrinthique. Bref un système simple et complet, fonctionnel et fiable, qui obéit au lieu de commenter.

Son idée séduit parce qu'elle tranche avec le discours marketing de Redmond. Là où Microsoft promet un futur "intelligent", lui plaide pour un retour à la maîtrise. "L'OS devrait nous laisser conduire, pas tenir le volant à notre place", résume-t-il.

L'une des critiques les plus récurrentes concerne l'omniprésence du compte Microsoft. Impossible ou presque d'installer Windows sans se connecter à Internet et créer un profil cloud. Une contrainte déguisée en confort, censée synchroniser paramètres et fichiers, mais vécue comme une entrave. À chaque redémarrage, l'OS vous invite à essayer Edge, à tester Copilot, à acheter un abonnement Game Pass. Même le menu Démarrer affiche parfois des applications sponsorisées.

À force, Windows ressemble moins à un système d'exploitation qu'à une vitrine commerciale. Le cœur du logiciel, pourtant solide — DirectX, compatibilité matérielle, écosystème colossal — se retrouve parasité par une couche d'IA et de services que personne n'a demandés.

Futur de Windows : où va Microsoft ?

Le plus inquiétant pour la firme n'est pas la critique, mais l'indifférence qui la guette. Le ton des réactions sur X dit tout : une lassitude désabusée, parfois moqueuse. Les utilisateurs n'espèrent même plus que Microsoft les écoute. Ils réclament juste qu'on leur rende un Windows qui marche, sans fioritures, sans gadgets.

À force de vouloir tout réinventer, Microsoft semble avoir oublié l'essentiel : un système d'exploitation n'a pas besoin d'être intelligent, il doit être fiable. À force d'imposer son IA partout, la marque risque de pousser ses propres fidèles dans les bras d'Apple ou des distributions Linux. Ces plateformes, elles, se contentent encore de faire ce que leurs utilisateurs attendent : tourner sans problème et sans superflu.