Pourquoi Vinted écope d'une amende de 2,3 millions d'euros

Pourquoi Vinted écope d'une amende de 2,3 millions d'euros

Vinted, la célèbre plateforme de seconde main, écope d'une lourde amende de 2,3 millions d'euros. Une décision qui fait suite à de nombreuses plaintes concernant les difficultés liées à l'effacement des données personnelles des utilisateurs.

Depuis son lancement en France en 2013, Vinted a su se faire une belle place dans le secteur du marché de l'occasion, avec quelque 23 millions d'utilisateurs, au point de faire de l'ombre à Leboncoin et Cdiscount. Tout le monde connaît désormais le slogan "Tu ne le portes plus ? Vends-le !", décliné à l'envi dans ses campagnes de publicité. Toutefois, la plateforme vient de se faire taper sur les doigts par les autorités européennes. L'autorité lituanienne de protection des données, en coopération avec la CNIL, a prononcé mardi 2 juillet une amende de 2,3 millions d'euros à son encontre pour non-respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Elle est pointée du doigt pour son traitement des demandes d'effacement de données et la mise en place d'un système de "bannissement furtif" des utilisateurs, accusé d'être peu transparent. Une décision qui fait suite à une enquête menée en collaboration avec plusieurs pays européens, dont la France.

Amende Vinted : le non-respect du RGPD

À partir de 2020, de nombreux utilisateurs ont commencé à se plaindre de Vinted auprès de la CNIL. Le siège social de l'entreprise se trouvant en Lituanie, les investigations sur ce dossier ont été confiées à l'autorité lituanienne de protection des données. En premier lieu, Vinted est accusé de ne pas avoir traité "de manière loyale et transparente" les demandes d'effacement de données qui lui ont été adressées. Or, l'article 17 du RGPD stipule que chacun peut demander l'effacement de ses données personnelles sous certaines conditions, comme lorsque celles-ci ne sont plus nécessaires au regard des finalités pour lesquelles elles ont été collectées. Or, l'entreprise refusait ces demandes, sans expliquer clairement les raisons de son refus.

Le deuxième problème concerne le système de "bannissement furtif", également appelé "shadow ban" par les internautes. Cette pratique consiste à "rendre invisible pour les autres utilisateurs l'activité d'un utilisateur considéré comme malveillant (qui ne respecte pas les règles de la plateforme), sans que ce dernier ne s'en aperçoive, dans le but de l'inciter à quitter la plateforme". Une pratique louable mais qui, là aussi, manque de transparence et peut conduire à des discriminations. Enfin, Vinted n'a pas su prouver qu'elle avait correctement répondu à toutes les demandes de droit d'accès aux données personnelles.

Amende Vinted : un manque de transparence et de loyauté

Aussi, compte tenu des 50 millions d'utilisateurs actifs par mois dans le monde, l'autorité lituanienne de protection des données a décidé d'infliger à l'entreprise une amende de 2,3 millions d'euros, soit une de ses plus lourdes. Vinted a d'ores et déjà annoncé qu'elle ferait appel de la décision de la CNIL. "Nous désapprouvons fondamentalement cette décision", a-t-elle déclaré à l'AFP. La plateforme considère que la décision "n'a aucun fondement juridique" et établit "un nouveau précédent qui va à la fois au-delà de la législation actuelle et des pratiques du secteur".

Elle se veut rassurante auprès de ses utilisateurs, assurant que "les cas mentionnés par l'Autorité lituanienne de protection des données (VDAI) ne sont en aucun cas liés à la sécurité de leurs comptes et n'impliquent aucune utilisation abusive ni violation de leurs données personnelles", et insiste sur le fait que "la protection de la vie privée et le respect du RGPD (règlement général sur la protection des données) sont pris très au sérieux".