Ce service bancaire bien pratique devient gratuit… mais il présente un grand danger

Ce service bancaire bien pratique devient gratuit… mais il présente un grand danger

À compter de janvier 2025, les banques ne peuvent plus facturer ce service bancaire, qui va donc devenir beaucoup plus populaire. Mais aussi pratique soit-il, il doit être manié avec une grande précaution.

C'est une (petite) révolution dans le monde des services bancaires, et plus particulièrement dans celui des moyens de paiements. À partir du 9 janvier 2025, les virements instantanés seront gratuits. C'est une conséquence du règlement règlement européen n° 2024/886 du 13 mars 2024, qui impose aux établissements bancaires de facturer les virements instantanés au même prix que les virements classiques. Et comme ces derniers sont la plupart du temps gratuits, les frais d'opération sur les virements instantanés vont donc logiquement disparaître.

C'est une excellente nouvelle pour tous les clients, car ces virements offrent de nombreux avantages : disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ils ont un effet immédiat, les fonds étant transférés d'un compte à l'autre en 10 secondes au maximum. En comparaison des 24 à 48 heures que prennent les virements classiques, c'est donc une véritable amélioration, notamment pour les particuliers ou les petites entreprises. Cependant, cette instantanéité n'est pas sans risque, ce qui est gagné en rapidité pour les clients pourrait être perdu en sécurité.

En effet, comme le souligne très justement le site Signal-Arnaques dans un post sur le réseau social X/Twitter, les virements instantanés présentent un risque inhérent à leur immédiateté : ils sont irrévocables et les fonds transférés ne peuvent pas être rappelés. Dans le cadre d'un virement classique, si les fonds sont débités immédiatement du compte de l'émetteur, ils n'arrivent en revanche pas tout de suite sur celui du destinataire. Ils restent "en suspens" entre deux banques durant un ou deux jours, ce qui permet d'annuler l'opération en cas d'erreur.

Ce qui n'est plus le cas avec les virements instantanés, dans la mesure où les fonds sont réellement virés d'un compte à l'autre en une dizaine de secondes seulement. Ainsi, il est impossible d'annuler la transaction ou de demander un rappel des fonds à sa banque en cas d'erreur sur le destinataire. Pour obtenir un retour de son argent dans ce cas de figure, le destinataire du virement instantané devra lui-même effectuer un virement en sens inverse. Et s'il s'agit d'un escroc qui s'est enfui avec la somme versée, il y a peu de chance qu'il y consente...

Bien conscient de ce risque, les auteurs du règlement européen ont assorti la gratuité des virements instantanés d'une obligation de contrôle renforcé de la part des banques. Avant de valider l'ordre de virement, celles-ci doivent désormais vérifier que le nom apparaissant sur l'IBAN saisi par son client correspond bien à celui du compte de destination. En cas d'incohérence, l'émetteur du virement recevra alors un avertissement sur son écran, lui indiquant la discordance entre les informations et lui permettant d'interrompre l'opération.

Si cette mesure est une première couche de sécurité bienvenue, elle n'empêchera cependant pas tous les types d'arnaques. Par exemple, une fausse entreprise de rénovation énergétique, qui aurait ouvert un compte bancaire avec son nom commerciale, passerait entre les mailles d'un filet de ce dispositif. Ce contrôle du nom de l'IBAN pourra donc limiter les risques d'usurpation d'identité les plus grossiers, mais ne protégera pas les clients des escroqueries plus sophistiquées et mieux rodées, dont le nombre ne cesse d'augmenter ces dernières années.

Ainsi, il est vivement recommandé de réserver l'utilisation des virements instantanés pour transférer des fonds à des tiers de confiance. Pour les particuliers, ce peut être des membres de sa famille ou des amis proches, qu'on connaît physiquement. Et pour les entreprises, ce doit être des partenaires (fournisseurs ou clients) avec lesquels on des relations régulières et de longue date. Dans tous les cas de figure, il faut à tout prix éviter d'effectuer un virement instantané vers un compte qu'on vient d'ajouter à la liste de ses bénéficiaires, ou dont on vient de mettre à jour l'IBAN.