Protection des mineurs : la France va tester un système de vérification d'âge en ligne

Protection des mineurs : la France va tester un système de vérification d'âge en ligne

Pour protéger les mineurs de contenus dangereux, la France et quatre autres pays européens vont expérimenter un système de vérification d'âge en ligne. Une initiative qui pourrait transformer en profondeur l'usage des réseaux sociaux par les jeunes.

C'est un chantier sensible, tant sur le fond que sur la méthode. La France va tester, aux côtés du Danemark, de la Grèce, de l'Italie et de l'Espagne, un prototype d'application destiné à vérifier l'âge des internautes. Cette initiative, portée par la Commission européenne, vise à empêcher les mineurs d'accéder à des contenus jugés dangereux ou inadaptés, qu'il s'agisse de pornographie, de discours haineux ou de fonctionnalités conçues pour encourager l'addiction. L'ambition affichée est claire : renforcer la sécurité des enfants en ligne, alors que les plateformes numériques peinent encore à répondre aux exigences croissantes en matière de protection des plus jeunes.

Chaque pays aura une certaine marge de manœuvre pour adapter le dispositif. En effet, le prototype fourni par l'Union européenne pourra être modifié pour tenir compte des législations nationales. Certaines plateformes pourraient ainsi être interdites aux moins de 13 ans, d'autres aux moins de 15 ou 16 ans. La vérification d'âge, présentée comme simple et sécurisée, devra néanmoins convaincre sur deux fronts : son efficacité technique et le respect de la vie privée des utilisateurs.

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Protection des mineurs en ligne : les réseaux sociaux interdits aux moins de 15 ans ?

La France, moteur de cette démarche, pousse pour un encadrement strict. Le président Emmanuel Macron avait déjà menacé, début juin, d'interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans si aucune action européenne n'était prise rapidement. La ministre du Numérique, Clara Chappaz, plaide de son côté pour une harmonisation des règles au sein de l'UE. Pour les autorités françaises, ce test constitue donc une étape stratégique dans un bras de fer engagé de longue date avec les géants du numérique.

La Commission européenne, de son côté, entend aller plus loin. Lundi 14 juillet, elle a publié de nouvelles recommandations pour contraindre les plateformes à mieux protéger les mineurs. Cela passe par des outils de blocage renforcés, la possibilité de masquer certains contenus, mais aussi par la suppression de fonctions jugées anxiogènes, comme les fameuses "coches" indiquant qu'un message a été lu. Ces ajustements visent à réduire la pression psychologique qui pèse sur les jeunes utilisateurs, dont la santé mentale est mise à mal par des usages numériques de plus en plus intenses.

Reste l'épineuse question de l'exécution. Si l'intention semble largement partagée, la faisabilité technique et l'acceptabilité sociale d'un tel système n'ont rien d'évident. Comment garantir que les données d'âge ne seront pas détournées ou exploitées à d'autres fins ? Quelles seront les sanctions pour les plateformes récalcitrantes ? Et surtout, à quel moment la vérification deviendra-t-elle obligatoire et généralisée ? Pour l'heure, ni la date de lancement du test, ni sa durée n'ont été précisées. Une certitude pourtant : l'Europe veut reprendre la main sur la protection des plus jeunes face aux dérives du numérique.