Des PV à la pelle : ces voitures-radar privées vont flasher incognito sur les routes de France
Le 15 septembre, des voitures-radar banalisées conduites par des chauffeurs privés entreront en service dans de nouvelles régions françaises. Un dispositif qui s'étend à tout le pays et qui promet une avalanche de contraventions.
À compter de la mi-septembre 2025, les automobilistes vont devoir redoubler de vigilance dans la région lyonnaise. Des véhicules banalisés équipés de radars embarqués vont circuler dans le Rhône et flasher en silence ceux qui dépassent la vitesse autorisée. Ces voitures, confiées à des sociétés privées sous contrat avec l'État, marquent une nouvelle étape dans la surveillance routière. L'annonce a fait grincer bien des dents, d'autant que ce système ne se contente pas d'exister localement : il se déploie méthodiquement sur l'ensemble du territoire.
Baptisé Dexte, ce dispositif n'est pas sorti de nulle part. Sa création a été décidée en 2015, mais ce n'est que ces dernières années que son implantation s'est accélérée. Après une phase de test dans l'Ouest, ces radars roulants ont gagné l'Aude, l'Aveyron, le Puy-de-Dôme ou encore le Var dès le printemps 2025. Ils sont désormais présents dans le Gard, le Vaucluse, la Drôme ou la Loire, et s'étendent à de nombreux départements. Au total, environ 230 véhicules privés sillonnent déjà la France, et 126 autres ont été annoncés pour 2025.
La logique affichée par l'État est claire : augmenter les plages horaires de contrôle et libérer les forces de l'ordre pour d'autres missions. Car ces voitures ne s'arrêtent jamais ou presque. Les chauffeurs, salariés d'entreprises privées, se relaient pour les faire rouler jour et nuit, week-ends compris, avec pour objectif jusqu'à 15 000 kilomètres parcourus chaque mois. Les parcours, fixés par les préfectures et régulièrement modifiés, ciblent les routes réputées accidentogènes.
Techniquement, ces véhicules ne laissent que peu de marge aux contrevenants. Le radar, dissimulé au niveau de la plaque d'immatriculation, prend la vitesse des voitures qui les croisent, les doublent ou circulent devant elles. Un flash infrarouge invisible immortalise l'immatriculation sans que l'on s'en rende compte. La tolérance est légèrement plus élevée que celle des radars fixes : 10 km/h pour les limitations en dessous de 100 km/h, et 10 % au-delà. Concrètement, il faut rouler à 61 km/h en ville ou 146 km/h sur autoroute pour déclencher la sanction. Cela reste néanmoins redoutablement efficace, puisqu'on observe déjà jusqu'à 50 % de verbalisations en plus dans les départements test.
Cette privatisation inquiète certains automobilistes, qui dénoncent une machine à cash et redoutent les erreurs humaines. Les chauffeurs ne dressent pas les procès-verbaux eux-mêmes, mais ils doivent indiquer la limitation en vigueur sur la route empruntée. Une mauvaise saisie peut entraîner des contestations. Pour l'instant, la légalité du système ne fait pas débat, mais les associations de conducteurs se mobilisent. Pétitions, autocollants humoristiques et listes d'immatriculations circulent déjà sur internet.
Reste la grande question : comment les repérer ? En théorie, ces voitures ressemblent à n'importe quel modèle courant : Peugeot 308, 508, Skoda ou Seat. En pratique, certains automobilistes affirment distinguer, en y regardant de très près, le boîtier photo posé sur le tableau de bord ou un discret rectangle noir sur la lunette arrière. Mais il faut être particulièrement attentif pour les identifier au milieu du trafic.
L'arrivée massive de ces voitures-radar privées change donc la donne. Discrètes, omniprésentes et capables de flasher dans les deux sens, elles installent une surveillance continue sur les routes. Que l'on y voie un outil de sécurité routière ou une source de stress supplémentaire, leur multiplication semble inéluctable. Les automobilistes, eux, n'ont guère d'autre choix que de lever le pied en respectant les limitations.